Une journée entre espoir et frustration
Publié par Mathieu Barthelemy, le 4 mars 2016 2.6k
Bonsoir à tous !
Une journée consacrée au réglage des instruments. On calibre, on bidouille, on se rend compte que c'est monté à l'envers...
Qu'est ce qu'on a fait aujourd'hui? Calibrer les instruments. Eh oui, c'est looooong. Et c'est pas fini.
— Anne V. (@LadyLunisis) 3 mars 2016
Ca commence vers 7h. Il faut reprendre le travail interrompu par les bâillements. On a beau être à 69° de latitude Nord, les affaires du CSUG avancent toujours et il faut tout gérer. 8h, tout le monde se réveille. Thé, café, confiture, quelques surprises : le jus de fruit à l'abricot s'est avéré être du yaourt liquide.
Il fait beau, pas trop froid (-4°C) mais le vent est toujours fort. On démarre le travail.
Il faut étalonner les angles de SPP. Heureusement, les fabricants d'ordinateurs portables ont mis des polariseurs sur leur écrans. La polarisation est à 45°. Ca fait une calibration honnête. On met en place l'instrument dans une salle noire, on vérifie au niveau que tout est bien plat et c'est parti.
Dehors, on commence à monter l'optique de Premier Cru. Cet instrument est très gros, il ne rentre pas dans le bâtiment. Il faut donc faire ces réglages dehors. Manipuler des petites vis d'optique (imaginez la taille de celles des branches de lunettes) par ces températures n'est pas évident. Une partie du spectromètre lui-même est à l'intérieur, relié au reste par une fibre optique. On passe la fibre par les passages câbles.
Quelques soucis de réglage, les choses ont pas mal bougé pendant le transport. L'alignement du spectromètre et des deux fibres est délicat.
Notre collègue norvégien de l'Université de Tromsø a eu une très bonne idée avant la campagne. Il a prévu une tente "garage" pour l'instrument et est venu la monter la veille de notre arrivée. Au moins, nous sommes presque à l'abri du vent et la neige ne vole pas trop à l'intérieur.
Hervé et Mathieu en discussion autour de l'instrument pendant les réglages
On décide d'une pause déjeuner avant de continuer.
Jean part au radar EISCAT pour faire une expérience coordonnée ce soir. C'est à 45 km de Skibotn à vol d'oiseau mais environ 100 km par la route. Les fjords ne permettent pas des routes droites, c'est ce qui fait leur charme.
Le radar EISCAT
Le temps est clair, l'optimisme revient. Il fera beau ce soir, c'est sûr. Sauf que le site de météo yr.no refroidi notre enthousiasme. Cela se couvre à partir de 19h selon les prévisions. Rageant mais ils peuvent se tromper !!!
L'équipe hollandaise de Leiden arrive avec matériel et bagages. Café en commun puis eux aussi commencent leur montage. Les choses progressent. Tout n'est pas optimal mais on y arrive. Le vent est pénible.
On essaye d'incliner Premier Cru pour viser le ciel. Catastrophe, le pied est monté à l'envers. Il faut sortir la boîte et retourner le pied.
Découragement.
On dîne avec les Hollandais. Heureusement qu'ils sont arrivés, nous ne sommes pas trop de quatre pour la manœuvre de retournement.
Le ciel a l'air clair ou presque, et là on voit que ça bouge un peu dans le ciel. SPP est également installé et l'instrument des hollandais aussi (c'est un prototype, il n'a pas encore de petit nom). On ferme les stores et on lance les acquisitions.
Photo de Premier Cru
Représentation schématique de SPP
Quelques minutes sympa même si l'aurore est très faible et pas dans notre ligne de visée. On voit un peu de rouge et de vert dans Premier Cru. Mais c'est sans compter sur les nuages qui en profitent pour revenir en masse. Il sont assez fin en fait, la caméra plein ciel voit encore par endroit des étoiles.
On voit tout de même toujours le vert et rouge mais c'est faible et surtout les nuages réfléchissent la pollution lumineuse du village à 5 ou 6 km d'ici. On la voit très bien sur les données !!!
Bon, et bien après 2h de veille : on a rien vu, malgré une activité géomagnétique clairement élevée... #SatanésNuages #Skibotn
— Anne V. (@LadyLunisis) 4 mars 2016
L'expérience EISCAT s’arrête à 2h du matin (1h UT, il y a franchement moyen de bien se planter entre les heures locales et le temps universel). On continue à prendre des données à tout hasard mais peu d'espoir que cela donne des choses intéressantes.
On verra en rentrant et en les "traitant".
Bonne fin de soirée.
>> Crédits : photos à l'observatoire de Skibotn par Anne Vialatte, photos de EISCAT sur www.esicat.uit.no, photo de Premier cru ici, schéma de SPP ici, données recueillies sur www.fox.phys.uit.no