Trouver son bébé mignon est une question de survie de l’espèce
Publié par Echosciences Grenoble, le 15 février 2024 620
Depuis septembre 2019, RCF Isère offre du temps d'antenne à Echosciences Grenoble, tous les jeudis à 12h05, dans "l'Echo des médias" des "Midis RCF" présenté par Nicolas Boutry. L'occasion de vous parler des derniers contenus intéressants partagés par les membres d'Echosciences. Retrouvez toutes les chroniques dans ce dossier ou sur le site de RCF-Isère !
La chronique du 8 février 2024 par Agathe Julliard, en son et en texte ci-dessous :
Sur RCF Isère, c’est l’heure de l'Écho des médias. Aujourd’hui, nous accueillons Manon Pellissier, médiatrice scientifique à Territoire de sciences. Bonjour Manon !
Bonjour Nicolas !
J'ai remarqué que vous portiez un t-shirt à l'effigie du chaton le plus mignon du monde et j'avoue qu'il est plutôt craquant, c'est étrange de se trouver attendri par une photo de chat, non ?
Ça Nicolas, c'est la théorie du Kindchenschema qui dit que certaines caractéristiques communes aux bébés provoquent des réponses positives chez les adultes. Rien d'étrange donc, c'est même un mécanisme scientifiquement étudié !
Incroyable ! Et alors d'après cette théorie, quelles sont les caractéristiques d'un bébé mignon ?
C'est le biologiste Konrad Lorenz qui a étudié cette question dans les années 50. Sa théorie explique que les grands yeux des bébés, leurs gestes maladroits, leurs grosses joues un peu rosées ou encore leurs membres petits et potelés, sont les déclencheurs de mécanismes innées qui activent des réflexes de soins et de protection des adultes envers les bébés, qu'ils soient humains ou animaux. Ce sont plus précisément des réactions hormonales spécifiques notamment liée à l'ocytocine.
Si je comprends bien, protéger son enfant c'est une forme d'instinct c'est ça ?
Oui, d'ailleurs c'est même une question de survie de l'espèce puisque les réactions à la mignonnerie jouent un rôle significatif dans le processus évolutif de la sélection naturelle ! Ce ne sont pas les animaux qui ont été sélectionnés pour devenir de plus en plus mignons mais plutôt le cerveau des parents qui a une tendance à développer un instinct de protection et donc à maintenir en vie les bébés les plus mignons.
Mais alors qu'est-ce qu'il va advenir des animaux qu'on trouve "laids" ?
Très bonne question Nicolas. Une étude australienne a montré qu'en réalité, les animaux "laids" sont plus menacés d'extinction que les animaux physiquement avantagés. Et une autre étude française a montré que notre perception de la beauté n'est pas corrélée aux fonctions écologiques des espèces. Autrement dit, nous avons une tendance à protéger les espèces que nous trouvons attractives alors que bien souvent elles ne jouent pas un rôle clé dans l'écosystème. Et cela apporte un biais significatif dans l'étude des différentes espèces, les espèces les moins belles sont moins concernées par les programmes de conservation et moins étudiées… C'est comme ça que certains animaux sont découverts une fois qu'ils sont malheureusement déjà éteints.
Il faudrait alors lutter contre notre réaction à la mignonnerie et prendre le temps de s'intéresser à ceux qu'on trouve moches ?
Plus ou moins Nicolas, vous pouvez encore fondre devant des vidéos de chatons si vous voulez ! Mais vous pouvez aussi promouvoir la protection des animaux menacés d'extinction même si de prime abord vous les trouvez moches !
C'est noté ! Merci pour toutes ces informations, vous pouvez retrouver l'article sur Echosciences-Grenoble.fr. A bientôt Manon
Bonne journée Nicolas !