Tri-Haut : des étudiant·es partent dépolluer l'Everest !
Publié par Grenoble INP - Ense3 , UGA, le 19 janvier 2024 1.5k
Tri-Haut pour l’Everest est un projet initié en 2020 par 3 étudiants de Grenoble INP – Ense3, UGA. Il a pour objectif d’améliorer la gestion des déchets dans la vallée de l’Everest, le Khumbu, en construisant un centre de tri et de recyclage des déchets plastiques. Depuis 2021, plusieurs groupes d’étudiants se sont succédés pour mener des actions sur place. À la fin du mois de janvier 2024, 5 autres étudiants et étudiantes en école d’ingénierie et d’architecture y retourneront pour poursuivre le projet !
Le traitement des déchets au Khumbu
Cette région sauvage est devenue l’épicentre du tourisme de masse au Népal, attirant plus de 50 000 personnes et provoquant ainsi plus de 250 tonnes de déchets chaque année. Ces déchets, principalement des matières plastiques, sont habituellement stockés dans des décharges à ciel ouvert, polluant sols et rivières, et impactant ainsi la santé des habitants de la vallée, de sa faune et de sa flore. Malgré les efforts considérables en matière de collecte et de tri des déchets, leur traitement reste un défi titanesque, car cette zone isolée du monde ne dispose pas de solution de recyclage.
Les objectifs du projet Tri-Haut :
Le projet Tri-Haut pour l’Everest s’articule autour de trois piliers principaux : l’environnement, l’interaction humaine et l’éducation. Il vise à lutter contre la pollution liée au tourisme dans la vallée du Khumbu, tout en engageant les locaux dans cette démarche. Le cœur de ce projet audacieux est la mise en place d’un parc de machines dans le village de Pangboche, à 4000 m d’altitude. Ce parc comprend un broyeur, nécessaire pour réduire les déchets en copeaux, une presse permettant de créer des objets en faisant fondre des plaques de plastiques pouvant ensuite être transformées en objets comme des meubles (tables, étagères, chaise, etc.), une centrifugeuse, permettant de créer une fibre plastique utilisée notamment pour l’isolation et enfin une machine à injection permettant de créer des petits objets qui seront vendus aux touristes afin de rémunérer le personnel du centre de tri. Les acteurs locaux pourront ainsi désengorger les décharges à ciel ouvert et revaloriser leurs plastiques.
Description des machines du centre de tri et de recyclage :
Le broyeur permet de transformer les déchets plastiques en petits copeaux. C’est une étape indispensable pour l’utilisation des autres machines. Les étudiants et étudiantes se sont fait livrer le broyeur à Katmandou en 2021, où ils l'ont assemblé et étudié afin de réaliser un document technique précis pour les personnes qui s’en occuperont dans la vallée.
La presse à feuilles plastiques ou sheetpress (photo de gauche) permet de fabriquer des plaques de plastique de 1 m sur 1m qui peuvent ensuite être découpées, assemblées ou encore pliées afin de créer des objets en tous genre comme des chaises, des étagères, des tables, des tuiles, des planches à découper… Tout un tas d’objet utiles aux populations locales. L'équipe étudiante de l'année dernière l'a construite à Katmandou et a pu faire des tests.
L’injecteuse permet de produire assez rapidement de petits objets en chauffant les copeaux de plastique et en les injectant dans un moule. L'équipe de cette année a comme objectif de la construire au Népal en s'inspirant des modèles de Precious plastic, un de leurs partenaires. Pour cela ils collaborent également avec l’artiste plasticien-sculpteur Johe Bruneau qui a créé un moule sur mesure en fonderie d’aluminium. Les habitants ont choisi de faire un moule de yack, l’emblème de la région.
Enfin, la centrifugeuse (type Polyfloss) permet de transformer les déchets plastiques en polyester (fibres), un matériau isolant thermiquement qui serait très pratique dans cette région où la température peut tomber très bas et où aucun système d’isolation n’est mis en place. Un autre gros avantage de la centrifugeuse est qu’elle fonctionne avec le plastique PET, un type de plastique qui ne fonctionne pas dans les autres machines (sauf le broyeur). Pour en savoir plus sur les différentes formes de plastiques, vous pouvez lire leur article « Le plastique sous toutes ses formes ».
L’importance de la sensibilisation :
"Parce que le meilleur moyen de traiter les déchets, c’est de ne pas les produire, nous pensons qu’il est important de parler du problème et d’inciter les touristes et les locaux à diminuer la quantité de déchets qu’ils génèrent. Et cela se passe à tous les stades du projet : en amont de notre venue au Népal (réseaux sociaux, radio, presse, télévision…) ; sur place, où nous irons directement à la rencontre des touristes et des locaux pour leur exposer le problème, notre projet et les inciter à réduire les quantités de déchets qu’ils génèrent et ramener avec eux les déchets dangereux (piles, batteries…) ; dans le centre de recyclage, un espace sera dédié à la sensibilisation avec des informations sur la gestion des déchets dans la vallée et le fonctionnement de nos machines. Enfin, quand nous rentrerons du Népal, nous continuerons de communiquer sur notre projet et sur l’importance de diminuer nos quantités de déchets notamment au travers de conférences et d’interventions dans des écoles/collèges/lycées par exemple."
Où en est-on dans le projet ?
L’année 2023-2024 marque une nouvelle phase du projet, impulsée par une nouvelle équipe formée par Arthur, Laurène, Pierre, Clémence et Lucas, 5 étudiants en école d’ingénieur et d’architecture, à Grenoble INP – Ense3, UGA et à l’ENSAG, UGA. "Nous rejoignons Pangboche à la fin du mois de janvier pour poursuivre le projet. Notre ambition est de construire le local technique pour accueillir les machines, tout en assurant un suivi et une maintenance réguliers."
Chaque année l'équipe qui prendra la relève organise un évènement à Grenoble pour faire connaître le projet ! C'est l'Everestille ! Le but ? Monter la Bastille autant de fois que possible ! Le dénivelé de 33 Bastilles correspond à l'Everest. Cette année, cet évènement aura lieu les 5 et 6 avril 2024 !
Pour suivre le projet et les aventures de cette nouvelle équipe, rendez-vous sur les réseaux sociaux ou sur le site internet : TRI-HAUT POUR L'EVEREST – Un projet ambitieux pour l'avenir du Khumbu (zd.fr)