Singin' in the Rain (in Ny-Ålesund)

Publié par Mathieu Barthelemy, le 21 octobre 2016   2.7k

Bonsoir à tous ! Anne n'est pas avec nous comme en mars, alors je n'écris qu'un jour sur deux.

Que dire lorsqu'il ne se passe grand chose... La météo n'est pas au beau fixe, c'est le moins que l'on puisse dire. Il pleut, il pleut, le ciel est plombé. Les chances de voir une belle aurore sont assez réduites. Heureusement, côté activité solaire, c'est assez calme aussi. C'est moins frustrant : une aurore polaire grandiose ne se cachera pas derrière la couche de nuage.

Il a tellement plu hier (mercredi 19 octobre) que nous avons reporté le montage de l'instrument [ndlr : lire le précédent article]. 17 mm selon les météorologues, ce qui est peu comparé à un épisode cévenol mais beaucoup pour le désert glacé qu'est censé être le Svalbard.

Ce matin, jeudi, une petite éclaircie était annoncée. L'instrument doit être installé sur une plateforme sur le toit de l'observatoire de l'AWIPEV. Pour le fixer, il faut passer sous la plateforme, ce qui oblige à s'encorder. On préfère le faire au sec...

La journée est calme, on gère les affaires courantes par mail. A table, on apprend que l'ingénieur logisticien va chercher des gens à la petite base Jean Corbel à 6 km de Ny-Ålesund. On propose un coup de main. A 15h, on prend au port le bateau de l'IPEV. Une très jolie balade malgré la météo. Quelques petits iceberg dans la mer et puis on passe à côté d'un phoque. On arrête le bateau, il vient vers nous, curieux, puis plonge à une trentaine de mètres du bateau. On arrive sur la plage en face de la base Corbel. On embarque le matériel des collègues puis on remonte les brouettes à la base.

Petite visite de l'installation, vraiment chouette et pratique. Il y a même une connexion internet par laser vers le village. On se dit avec Jean (Lilensten) que la prochaine version de l'instrument pourrait être installée ici. Pas de pollution lumineuse, c'est vraiment un endroit rêvé et l'éolienne produit environ 500W. Avec un instrument qui consomme 10 ou 15 W ça serait tout à fait faisable. Mais il faut tout automatiser, impossible de demander aux opérateurs de Ny-Ålesund d'aller tous les jours là-bas. Une chouette perspective. En repartant, on voit un groupe de rennes dont un avec des bois magnifiques. Retour, sans soucis.

Base Jean Corbel (photo : Superchilum / Wikimedia commons)

La météo prévoit donc une petite éclaircie. Effectivement ce matin, jeudi, vers 9h, il ne tombe plus que quelques gouttes. On s'y met. On sort les vis, les clés. Je mets le baudrier et j'ajuste ma longe pour m'assurer sur la rambarde de la terrasse. Je trouve une poignée autobloquante... Cool, cela me simplifie la vie.

Je prends les boulons et rondelles bloquantes que je dois visser et je passe sous la plateforme. On visse le pied de l'instrument, tout va bien mais il se remet à pleuvoir.

Je remarque un truc amusant : avec Jean, nous chantons, lui juste, moi faux, mais nous chantons et nous sommes les seuls. Cela met, je trouve, une chouette ambiance de travail. Les "Tri Yann" donnent une petite ambiance bretonne.

Un coup de vent est prévu demain, l'avion vient donc un jour plus tôt. Un hivernant part, il a passé 18 mois ici...

On se remet au travail. Le câble nous donne du fil à retordre mais on arrive à le faire passer par la goulotte prévue et par le "passe-câble" que quelqu'un avait gentiment collé au silicone. Ça devait être bien étanche mais il a fallu travailler une bonne heure dessus pour tout enlever. On branche, tout fonctionne mais une partie de l'instrument est trop chaude au bout d'une heure. On regardera ça demain. Il faut sans doute moins l'isoler.

Retour à la maison bleue pour écrire et travailler.

Avant de partir en Norvège, j'avais reçu un mail de la responsable de la base AWIPEV me demandant d'apporter des reblochons pour faire une tartiflette. Nous avons donc acheté 4 reblochons avant de partir et les avons calés dans la boite de l'instrument. Cela a donné un fumet particulier à notre manip. La tartiflette est prévue ce soir. Il ne faut pas la rater !!! J'y vais.

>> Crédits photos : Jean Lilensten, Mathieu Barthelemy, Wikimedia commons