Sciences + pratique, la formule magique ?
Publié par Marianne Boilève, le 8 octobre 2012 2.7k
Depuis une quinzaine d'année, le constat ne varie pas : les jeunes se détournent de plus en plus des filières scientifiques. Ils sont pourtant l'avenir de notre recherche. Comment leur donner le goût des sciences ? Le Fête de la science explore plusieurs pistes…
En 1996, Georges Charpak, prix Nobel de physique, invitait les enfants à mettre "La main à la pâte"… scientifique. Depuis, des initiatives sont nées un peu partout en France, toutes destinées à donner aux jeunes générations une image vivante et stimulante de la science. La Fête de la science ajoute chaque année son grain de sel, mobilisant scientifiques, chercheurs, passeurs et artistes de tout poil. Objectif : mettre en "appétit scientifique" le public, à commencer par les jeunes puisqu'ils sont l'avenir de la recherche.
Faire le lien entre science et quotidien
Expositions, animations, ateliers, parcours, défis, rencontres, jeux, tous les coups sont permis. Karine Godot, médiatrice scientifique de Sciences et malice et chercheuse au sein de l'équipe de Maths à modeler (Institut Fourier), est rodée à l'exercice. Sa recette à elle : mêler démarche expérimentale, bricolage et souvent arts plastiques : "Je pars toujours des questions des enfants, ce qui me permet de faire le lien entre la science et leur quotidien. Je mets en avant le concept, mais pas forcément le vocabulaire qui va avec : les enfants ont le temps de les apprendre, les mots. L'important, c'est qu'ils comprennent comment ça marche et qu'ils acquièrent les bases pour comprendre le monde scientifique qui les entoure."
Se tromper pour avancer
À voir les têtes des minots qui sortent des ateliers, la recette a plutôt bon goût : beaucoup souhaitent "reviendre"… Auprès d'un public plus âgé, souvent bourré d'appréhensions à l'égard de la science, le défi est plus difficile à relever. La science a parfois une image de "discipline" difficile, voire inaccessible. D'où l'intérêt de développer des programmes spécifiques, destinés à donner une autre image de la science et même à susciter des vocations.
À Grenoble comme ailleurs, un programme spécifique à destination des scolaires et des étudiants propose ainsi aux élèves de faire plutôt que de voir faire. Au menu : ouverture de nombreux laboratoires, extraction d'ADN d'une banane, exploration du monde des protéines, capture de mouvements, initiation à la robotique… Dans un tout autre registre, l'équipe de "Maths à modeler" fait le pari de réconcilier les plus réfractaires avec la science mathématique. Impossible ? Pas sûr : les problèmes sont proposés sous forme de jeux qui conduisent les jeunes à adopter une vraie démarche de recherche en mathématiques. Les mathématiciens en herbe sont invités à capturer des bêtes ou à s'initier à la chasse à la taupe avec une arme fatale : les maths ! Et à tous ceux qui hésitent encore par peur de se tromper ou d'être (un peu) ridicule, Karine Godot répond du tac au tac : "Les chercheurs passent leur temps à se tromper ! C'est comme cela que la science avance !"