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Le Master CCST

Science, engagement et fermentation : Visite du biolab Nemeton à La Capsule

Publié par Aline Faure, le 24 décembre 2024   85

Les Master 1 Communication Culture Scientifique et Technique visitent Nemeton, un laboratoire pas comme les autres. 

Au 21 rue Bouchers de Perthes, devant les locaux de “La Capsule”, on ne peut que se questionner à propos de tous ces titres peints en blanc, sur la grande façade au bleu bien choisi. Un “café restaurant”, un “archipel d'initiatives”, un “espace coworking” et même un “lieu indéfini”, pourtant, un mot semble tout désigné pour qualifier cette chimère : c’est un tiers-lieu. Largement exploité ces dernières années, comment définir ce mot-valise venu de l’anglais “Third Place” ? Heureusement pour nous, étudiants et étudiantes du master CCST, Damien Bouëvin est là pour nous expliquer et nous guider dans ce labyrinthe façon Loi 1901.

Un lieu d’engagement civique et culturel

Ni au travail ni chez soi, les tiers-lieux abritent souvent une ou plusieurs associations et sont des piliers de la société civile. Ils se présentent comme des espaces de rencontres, d’activités, de loisirs et sont, pour la plupart du temps, liés à la culture, que ce soit celle d’un quartier, d’une ville ou bien artistique.
Une ancienne école de coiffure et un atelier d’ébénisterie habitaient les lieux avant que Cap Berriat, association pionnière de la culture à Grenoble depuis 1965, s’installe pour créer La Capsule. En visitant les lieux, l’idée qu’on se fait d’un tiers-lieu se confirme : l’aménagement n’est pas terminé, les tuyaux ne sont pas cachés, le neuf côtoie le recyclé et les couleurs vives s’accompagnent de pancartes peintes à la main. Il y a aussi la cuisine collective, l’espace de coworking, la bibliothèque autogérée, l’espace pour des concerts… Bref, autant de motifs qui confirment notre imaginaire des lieux d’engagements civiques et culturels. À La Capsule, Cap Berriat accompagne des associations dans la concrétisation de leurs projets. La Belle Électrique ou récemment le Bar Radis sont passés par cette pépinière d'associations. Aujourd’hui, elles sont encore nombreuses à avoir leur boîte postale dans ces locaux.

Un biolab, un endroit où l’on découvre les sciences du vivant, où l’on expérimente et l’on crée.

Ceci étant dit, est-ce que toutes ces explications suffisent pour justifier la présence de 14 étudiants du master Communication Culture Scientifique et Technique de Grenoble ? Encore une fois, c’est grâce à Damien qui, en plus de nous avoir fait visiter les lieux, nous présente son association. En 2018, il crée Nemeton avec Simon Chupin, une association de médiation scientifique axée autour de la biologie, dont les locaux se trouvent au rez-de-chaussée de La Capsule. Nemeton, c’est un biolab, un endroit où l’on découvre les sciences du vivant, où l’on expérimente et l’on crée. Il n'y a pas assez de place pour que notre groupe entier rentre, le laboratoire est une petite salle, à plus de 6 on est serrés. Le matériel, nous dit Damien, est équivalent à un laboratoire de lycée, il est en grande majorité recyclé et l’éthanol est le produit le plus dangereux des lieux. Ce qui intéresse le plus Damien, ce sont les biotechnologies ainsi que les sciences de l’environnement et du vivant. Il cherche à défendre une vision du futur avec des technologies plus frugales et une consommation plus réfléchie. Pour lui, l’usage des technologies doit être en rapport avec le vivant, c’est pourquoi il se concentre notamment sur la fermentation, un savoir-faire avec un bilan énergétique bas car il se produit à température ambiante. Le biolab lui permet alors d’expérimenter de nouvelles fermentations.

Un lieu ouvert qui fait oeuvre de médiation scientifique 

Comme mentionné plus haut, Nemeton a aussi comme objectif de faire œuvre de médiation scientifique et de promouvoir les biotechnologies. Damien souligne que ces dernières paraissent souvent inaccessibles pour le grand public, et ont même une connotation négative voire dangereuse. Dans ce travail de médiation, Nemeton propose de sensibiliser à la crise de la biodiversité, ceux qui ne comprennent pas vraiment pourquoi leur mode de vie doit être modifié, et c’est souvent hors des murs de Cap Berriat que cela se passe. En effet, depuis plusieurs années, sont organisées des expéditions scientifiques en montagne avec un public jeune. La plupart de ces jeunes ne sont pas familiers de la montagne et des sciences de l’environnement, ces rencontres permettent donc de sensibiliser un public dont le contexte social ne les aurait pas forcément ouverts à ces sujets.
On pourrait se dire que c’est déjà pas mal, mais d’autres projets sont en cours. Parmi eux, la création d’un projet européen pour faire travailler ensemble des étudiants français et d’Europe de l’Est sur les biotechnologies. Mais c’est dans le café-restaurant de La Capsule, où nous buvons un thé bien chaud, qu’aura lieu le prochain projet : la vente de sandwichs 100% végétal. En plus de proposer une alternative végétale et éco-responsable dans un quartier avec une forte demande, les emballages nécessaires à la vente seront utilisés pour faire de la médiation scientifique et partager des connaissances concrètes. À l’avenir, Damien a aussi évoqué l’idée d’utiliser la fermentation pour les ingrédients des sandwichs.

On l’a bien compris, Nemeton, c’est un lieu de science technique du vivant mais qui, par son imbrication dans un centre social et ses projets hors murs, devient un lieu d’expérimentation sociale et de partage des connaissances. Hors du circuit des établissements de recherche et des grands laboratoires, ici le partage des sciences imite la transmission des savoir-faire traditionnels et permet l’appropriation d’une science artisanale et reproductible.
La définition du tiers-lieu s’adapte pour Nemeton : on n’est ni devant son ordinateur ou un livre, ni dans un cadre scolaire, c’est un endroit autre, où l’apprentissage et la rencontre se font dans une dynamique nouvelle, où le partage des connaissances se fait par l’expérience et le sensible. Nemeton n’a rien en commun avec des structures intimidantes et institutionnelles, c’est un laboratoire qui semble accessible au grand public.
Une chose est sûre, les CCST comptent revenir pour tester les sandwichs végétaux que proposera Damien !

Cet article a été rédigé par des étudiants du Master CCST, dans le cadre de l’UE “Découvrir les environnements professionnels” avec SCHLENKER Laura


la visite en vidéo : https://youtu.be/dnu3J4OJ5KU