SAPÉS - Collection printemps de papier

Publié par Louise Merle, le 26 février 2024   450

Sapés c’est un projet sur écran par et pour les adolescents. Le problème majeur que nous souhaitons soumettre à réflexion est celui de la consommation de fast fashion chez le public adolescent. En effet, Shein symbole parfait de cette industrie polluante pèse à lui seule 12% du total de C02 émis par les adolescents et même 22% du total émis par les adolescentes.

Ainsi, nous nous lançons dans un projet de production d’une série sur la mode mettant en scène adolescent.e.s qui abordent sans tabou les sujets qui font débats à ces âges. Pour ce faire nous allons à la rencontre des lycéen.nes afin de nous imprégner de leurs habitudes de consommation et de leurs goûts. Tous les personnages de notre série ont un rapport différent à la consommation de mode et lieront entre eux pour échanger bons conseils et pratiques. Ana, notre personnage principal rebelle et sans limites sera notre exemple de pratique de l’upcycling.

En  effet, le point majeur de notre projet de série est de mettre en valeur l’upcycling (récupérer toutes sortes de matériaux dont on ne se sert plus pour créer des objets ou produits de qualité supérieure) comme une pratique de style tout en étant plus écologique et plus durable.

La Casemate nous a ouvert ses portes ce lundi 05 février pour une semaine d’idéation et de création. S’agissant du premier centre de culture scientifique français qui œuvre à l’appropriation des sciences et de l’innovation pour tous les publics, La Casemate est un centre de culture scientifique (CCSTI) et la première structure du genre créée en France.

Nous avons saisi cette opportunité pour donner une forme matérielle à notre projet de série Sapés.  La visite de La Casemate, ponctuée de démonstration de découpeuse graveuse, brodeuse automatique, découpeuse laser, nous a inspiré dans la création de notre projet. Par ailleurs, La Casemate composée d’une vingtaine de personnes spécialisées dans la culture, les sciences, l’ingénierie ou encore le journalisme, nous accompagne dans une démarche d’appropriation des sciences et des innovations. Dans cette équipe c’est Gaëtan qui nous coordonne et nous conseille, avec lui nous répondons au nom de “L’équipe Mode !”. 

Qui se cache derrière l’équipe mode et que faisons nous ? 

L’équipe de Sapés réunit Louise, Fanny et Eléa toutes trois étudiantes du Master Transmédia à Sciences-Po et liées par une passion pour l’audiovisuel ! Se sont greffées à l’équipe Camille et Fiona deux atouts créatifs également étudiantes dans le Master Transmédia. 

Toutes 5 nous relevons le défi imposé par Gaëtan et Pascal Clouaire de créer un projet composé à 80% de papier : « Notre projet est de produire un objet de mode cassant les idées préconçues autour de l’upcycling et à la fois innovant par sa composition de papier ! » précise Eléa. 

Nous avons eu envie de créer un mannequin sur lequel monter une robe #upcyclée partie d’un débardeur déjà usé, d’une jupe de papier et ornée de fleurs de papier. 

Quelle symbolique ? 

Ici, la robe, objet de mode imposé aux femmes, est à se re-approprier en objet de sublimation, aérien et libéré. Nous y voyons le symbole de la libération des dictats du vêtement, la légèreté facilitant le mouvement quotidien des femmes…De plus, l’utilisation du papier (cf: les matériaux utilisés) s’inscrit dans une démarche écologique et mettant en valeur le propos de notre série : une mode plus respectueuse de l’environnement !

Le choix des fabriques 

À la première étape d’idéation de notre projet nous pensions même créer notre propre mannequin de papier. Idée vite abandonnée sous la pression du temps (quatre jours pour réaliser le projet), nous nous sommes rabattues sur un mannequin de plastique d’une boutique de vêtements dans Grenoble (Kasimodo). Restait à choisir le papier pour notre jupe et les fleurs qui orneront le débardeur. Nous avons opté pour du papier kraft afin de plier la jupe et du papier de soie ainsi que du papier ramette pour créer nos fleurs #créatif. Finalement, le petit plus de notre projet : l’étiquette de vêtement reprenant les codes du luxe faite en fabrication artisanale locale à partir de bois originaire des Alpes. Pour le débardeur, rien de plus simple que de reprendre ce t-shirt oublié au fond de nos tiroirs ! Upcyclé et inventif ! 

Les étapes de fabrication 

Au travail ! D’abord il faut dessiner les patrons, celui de la robe et des fleurs. On garde le patron de la robe pour comprendre mieux notre objet (ce sera une robe composée du débardeur modifié en one shoulder et couvert de fleurs avec une jupe en papier de soir plissée) et on vectorise les patrons de fleurs pour les découper ensuite à la découpeuse laser. Nous profitons de la manipulation de la découpeuse pour tester nos différents papiers sur la machine. Eurêka ! Le papier artisanal et local réagit bien au laser, on en profite donc pour découper/graver notre étiquette avec la machine également. Dans un autre temps nous réalisons la jupe, étendue sur une haute table, il faudra plier en accordéon le papier de soie pour obtenir cette jupe à effet plissé ! Le papier étant très fragile, la jupe est le fruit d’un travail lent et minutieux. Dans une autre salle, on utilise la machine à coudre pour retirer une épaule à notre débardeur et recoudre le tout en un beau revers. Le débardeur est en jersey et se détend très facilement, nous constatons que les fleurs risquent d’être trop lourdes. L’option de rendre un fil de nylon d’une épaule à l’autre pour soutenir le poids est envisagé et finalement  nous préférons resserrer encore le débardeur pour soulager le leste. D’un autre côté on s’attelle au montage des fleurs avec les patrons découpés à la machine ou avec simplement son imagination. Il y avait pas moins d’une trentaine de fleurs à produire pour recouvrir le débardeur entièrement. D’abord orientés vers du papiers de couleurs, la réalisation des fleurs nous a convaincu que de garder un monochrome blanc nous permettrait de mettre en valeurs les différentes textures de papier. Sur tous les fronts et tout en scriptant, notre chargée vidéo accompagnait chaque étape de la réalisation du projet. En bref, découpe fine, écritures fines, froissement de papier et respect des couleurs naturelles du papiers ont rythmé nos quatre jours de création. Il nous restait à monter le débardeur et la jupe sur le mannequin pour finaliser la robe. Le montage fut une étape délicate : accrocher la jupe au mannequin, coller les fleurs une par une sur le débardeur, manipuler la robe sans l’abîmer…. 

Difficultés rencontrées 

Tandis que beaucoup d’étapes de l’ideation furent de l’ordre de l’évidence, il a été difficile pour nous, l’équipe Sapés, de choisir les matériaux papiers adaptés au projet. Trouver des papiers qui feront notre tissu et dans une limite de prix raisonnables était le défi majeur. Nous avons également eu à mettre à l’épreuve nos mains dans ces tâches impliquant délicatesse et minutie. Heureusement pour nous, le papier nous accompagne depuis petites et nous pouvions appréhender les réactions des matériaux plus facilement. 

Pour conclure 

Cet exercice au Fablab fut placé sous le signe de la maïeutique, nous pouvions librement accoucher de notre pensée/créativité et la faire devenir objet quasi instantanément au fablab. A l’unanimité cette expérience nous a permis de nous reconnecter à nos capacités créatives, de nous exprimer et sentir la partie artistique et bricoleuse qui sommeillait chez certaines d’entre nous. Ainsi comme le dit Camille “Constater que la créativité c’est partout, tout le temps et avec tout. On a pris le parti de fabriquer un objet mais on aurait pu en fabriquer de milliers d'autres on fait un photomontage en plus. Vraiment pour moi ça montre que la créativité est inépuisable.” Et Fiona de conclure, “C’est passionnant de se reconnecter à nos sens, notamment le toucher.”