Safari en Balconie - (épisode 12)

Publié par Muséum De Grenoble, le 14 juin 2020   1.5k

Carnet d’explo 9

Amis de la Nature, de l’Aventure et du Monde, en fréquentant à longueur de temps les balcons, ça me fait penser à ma jeunesse sportive, très axée sur la pratique cyclotouriste. Non pas que j’aie traversé la Balconie sur deux roues avant que ce ne soit sur deux pieds (même si j’aurais préféré essayer sur les deux mains mais avec un sac sur le dos ce n’est pas vraiment possible), mais parce qu’en face d’elle, là-bas, là-haut, se trouve la chaîne de montagnes où chaque début d’année j’emmenais ma chaîne de vélo se dérouiller sur le « balcon de Belledonne ». C’est une belle randonnée, passant par les cols du Barioz, des Mouilles et des Ayes. Du coup ça me rappelle aussi une autre randonnée, pédestre celle-ci, du « balcon Est du Vercors », qui va des Trois Pucelles au Mont Aiguille. J’avais beaucoup aimé la faire celle-là aussi. Je ne peux pas voir le balcon Est depuis la Balconie ; il faut que je traverse l’Appartnisthan. Autant me lancer dans une entreprise intemporelle, à moins de voyager rapidos avec « l’Enterprise » de Star Trek, mais il paraît que ça coûte la peau d’F.S. (un copain fortuné). Bref tout ça c’est de la montagne, un terrain qui sollicite bien certains muscles des jambes, notamment là où il y a de la cuisse … et du mollet, ce que mon safari ne permet guère de mettre en évidence.

Serai-je capable de gravir à nouveau des montagnes après le très long effort soutenu en pente horizontale qui m’occupe en ce moment ? Car mes épaules et tout mon corps et mon souffle sont bien sollicités mais c’est relativement facile et tout droit. Un peu comme le ski de piste : c’est fatiguant mais « facile », on se fait aider pour la montée, et après ça descend tout droit, tout seul … il suffit de slalomer pour varier les plaisirs. Mais quand je dis facile et tout droit, c’est de la théorie. Car je me suis planté plusieurs fois dans l’itinéraire : à cause de mes cartes inutilisables et des labyrinthes interminables au milieu des pots de fleurs, des jardinières et des transats qui traînent n’importe où (les Balconiens ne sont pas très ordonnés). Et la recherche du Diable me ralentit beaucoup.   

Alors je me suis rendu compte ce matin que j’ai perdu un temps énorme et qu’aujourd’hui- même, date espérée de mon arrivée, il me reste en fait environ trois semaines à passer ici. Oh ce n’est pas difficile, je tiendrai bien le coup. Est-ce que je peux le faire ? Oui je peux le faire ! Ce safari me plait, je ne m’en lasse pas. Le problème c’est la bouffe. Bien sûr les dernières pluies ont fait pousser les fraises. Y en a partout, elles poussent bien. Mais ça manque de variété. Mes forces s’amenuisent, le moral aussi. Jadis parait-il on trouvait des légumes en Balconie. Des gens cultivaient sur leur balcon: y avait des lapins et des cochons d’Inde ; et puis il suffisait d’un gros pot et ça poussait, peu, mais ça poussait : des salades, des courges, du maïs, des tomates cerises … Finalement, mon aventure, c’est davantage du long terme que je ne pensais au départ. Mes amis vont-ils me lâcher, vont-ils se lasser ? Seront-ils là pour mon arrivée ? Y aura- t’il encore du monde aux balcons ?

Diable de Balconie :

à propos de tomates cerises : les crottes présumées du Diable ont la couleur et aussi l’odeur des cerises. Quant au goût, si quelqu’un connait Harry Potter et peut le faire venir, s’il veut bien goûter … il parait qu’il est fortiche pour manger des bonbons aux crottes «  Deunez » (ça s’écrit comme ça ? je ne suis pas sûr) mais ce sont des crottes et je ne sais pas qui fait ces dernières. Je vous mets une photo exclusive. S’il y a des naturalistes parmi vous, sauriez-vous m’aider ?



Faune balcone : migrations

L’observation suivie dans un lieu de passage d’oiseaux permet de découvrir différentes façons que ces derniers utilisent pour voyager lors de leur migration. Cependant il faut faire preuve de patience. On peut les voir passer en plein jour en levant les yeux, comme des Rapaces ou des Cigognes. Il y a ceux qui passent le soir ou la nuit, qu’on voit peu et que l’on n’entend qu’en dormant à la belle étoile, en ville sur un balcon ou dans la nature, comme les Hérons et les Canards, que l’on peut davantage découvrir le lendemain posés sur un plan d’eau, ou dans les cultures, comme la Caille. Et puis il y a des oiseaux, plutôt petits, qui voyagent de jour mais le font en passant d’arbre en arbre, tels les Gobe mouches et les Pouillots, ou de bocage en bocage, comme la Huppe. Parfois on a de la chance d’observer des petites espèces dans des endroits dégagés, tels les Traquets motteux dans les labours, ainsi que les Œdicnèmes et les Bergeronnettes printanières.

N’oublions pas les migrateurs dits « partiels », qu’on voit toute l’année mais qui se déplacent, de nuit ou de jour, également : ceux du nord qui viennent chez nous, et nos locaux qui vont au sud : Pinson, Buse, Bergeronnette grise. Pour les distinguer des autres, souvent tout est dans le comportement.

Gobe mouche noir :    gobeur d’insectes qui se poste sur les branches. Petit oiseau discret et rarement visible au printemps, mais très commun à l’automne lors de la migration dans l’autre sens. On l’entend très peu. La photo, un coup de chance, un mâle en tenue nuptiale, qui se montre bien. A noter les taches blanches sur son front.


Pouillot fitis :    heureusement qu’on l’entend lors de son passage, car il faut bien de la patience pour l’observer et le reconnaître tellement il ressemble aux autres Pouillots. Et encore, il est toujours à couvert et a la bougeotte chevillée au corps. La photo est aussi un coup de chance. Difficile de faire une mise au point normale.



Goélands :    difficile de déterminer l’espèce en vol si l’on ne voit pas le dessus du plumage, ailes et dos, ni la couleur des pattes. Les espèces de laridés (dont les Mouettes) sont déjà un peu compliquées à distinguer posées, alors en vol … Ici en photo, une espèce non identifiée, dans un ciel sombre, passant trop rapidement.



Vulcain :    un des rares papillons migrateurs dignes de ce nom. Il est des espèces qui ne vivent pas une année, comme il y en a qui peuvent nous surprendre en migrant pour échapper à l’hiver. Le Vulcain est un insecte très bon voilier, au point qu’en migration on peut le voir planer et décrire des orbes ascendantes, tels des rapaces, pour passer des obstacles ou des cols. Sur la photo, devinette : où est-il ?



A bientôt

Jimi Coquebot