Introduire la notion de risque : retour sur une semaine de tous les Risques...
Publié par Audrey Korczynska, le 15 mars 2021 1.7k
Du 22 au 26 février 2021 à La Casemate
Dans le cadre de l’introduction au cycle d’événements "Une vie sans risques", La Casemate a proposé à tous de partager des témoignages sur des risques pris ou les émotions liées au risque du 22 au 26 février 2021. Ces témoignages ont été décryptés lors d’un entretien en direct avec une experte du thème des risques le vendredi de la même semaine. Retour sur cette semaine de Tous les risques !
Pluie de témoignages sur les risques
Pendant une semaine, nos réseaux sociaux Instagram (@MediaLabGre) et Twitter (@Lacasemate) ont été animés autour de la thématique des risques ! Au programme, un certain nombre de quizz et de questions ouvertes qui nous ont permis de récolter plus d’une cinquantaine de témoignages autour de la question du risque. Tous ces témoignages ont été compilés sur un padlet des Risques auquel vous pouvez accéder suivant ce lien.
Le padlet de Tous les risques de La casemate
Décortiquer les risques
Les témoignages récoltés pendant la semaine ont servi à nourrir l’entretien réalisé vendredi avec notre experte sur le risque, Aurélie Peillon, doctorante au laboratoire Pacte et au Laboratoire inter-universitaire de Psychologie(thèse financée par le projet Risk@UGA) et anciennement psychologue sapeur-pompier.
Pour voir ou revoir l’interview d’Aurélie Peillon sur les risques
Une définition pour le risque
Le risque est une notion complexe qui revêt de nombreuses caractéristiques, notamment au niveau de sa nature : naturelle, technologique, en cascade… Le risque est une notion assez proche d’un “danger” plus ou moins probable. Le risque est la probabilité qu’un événement imprévisible et désagréable ne survienne et provoque des dégâts sur la société humaine.
Du côté des témoignages, les associations de mots qui représentaient le mieux le risque étaient majoritairement positifs. Les mots tels que crainte, peur, danger ne sont arrivés qu’en cinquième et dernière position du classement. En premier lieu, le risque vous a inspiré “Excitation, émerveillement, enthousiasme, accomplissement” puis viennent le doute et la fébrilité. Ensuite, vous avez abordé la notion de risque naturel et d’inévitable.
Les témoignages reçus vont d’ailleurs dans le même sens avec de nombreuses expériences positives comme se lancer dans un nouveau projet, changer de vie, reprendre des études ou encore avoir un enfant…
- “J'ai plaqué mon job pour partir vivre à Taïwan avec quelqu'un il y a trois ans”
- “Repartir en alternance en communication à 30 ans, après une thèse et en plein COVID”
- “Rétrospectivement, il semble qu'avoir été papa à 20 ans, encore étudiant, constituait un risque, mais je ne l'ai pas vu comme ça à l'époque”
La prise de risques se décrit également dans l’accomplissement de soi : oser être soi-même ou bien tomber amoureux, partager son intimité.
- “Prendre le risque d'aimer, de vivre ses émotions, de l'état amoureux, de l'intimité”
- “Prendre le risque d'être soi-même (face aux autres) nécessite un travail sur soi, et il faut donc prendre du temps pour soi, pour connaître ses limites et savoir ce qui nous donne de l'énergie.”
Pour notre public via les réseaux, le risque est à 70% volontaire. Mais il existe pourtant des risques que l’on subit :
- “En ce moment, j'ai un peu l'impression de prendre des risques à chaque fois que je rends visite à ma famille... “
- “Partir en rando dans la neige seule (grosse poudreuse), me faire mal au genou, me retrouver coincée sur un bout de falaise avec aucune autre possibilité...que d'appeler un hélico pour me sortir de là”
- “PARTIR EN RANDONNÉE DANS UN COIN PLEIN D' OURS seule...me faire peur à chaque bruit de branche et du coup chanter à tue tête sur une grosse partie du chemin pour faire peur aux ours qui seraient sur mon chemin “
- “Plusieurs fois je me suis fait peur en montagne, fois je me suis dit que je n'étais pas passé loin d'un accident grave où j'aurais pu y laisser la vie. Chute dans le vide, avalanche, chute d'un bloc... Malgré dans certaines situations, un peu d'appréhension, je suis toujours en montagne et ce n'est pas cette peur qui m'arrêtera.”
Nos comportements face aux risques
Non, nous ne sommes pas égaux face au risque ! Notre experte nous l’a bien confirmé. Nous identifions des risques et mettons en place des stratégies et comportements pour y faire face. Chacun perçoit le risque à travers ses expériences et le temps qui passe et chacun adopte un comportement face au risque.
Plusieurs éléments sont impliqués dans notre vision des risques.
- Des incertitudes : des informations que nous n’avons pas sur l’avenir.
- Des habitudes : une confrontation régulière au risque en diminue la perception comme dans certains métiers ou face à des comportements du quotidien (conduire au-dessus des limites de vitesse de façon régulière).
- L’utilité perçue : prendre un risque parce qu’il peut nous rendre service.
- La recherche de sensations fortes : comme dans le cas des sports extrêmes
- "J'y vais mais j'ai peur", c'est un peu tout le temps ce que je ressens avant de m'aventurer hors d'une piste, quand il y a de la poudreuse, et que les copains disent "allez on y va, ça va être génial !". Je sais que je prends des risques, mais que la part de plaisir par rapport au risque est plus importante... même si…”
Il existe aussi des biais cognitifs qui nous amènent à faire des jugements biaisés, par exemple
Illusion de contrôle : j’ai moins de risques d’avoir un accident si je maîtrise ma conduite
Biais d’optimisme : nous nous considérons moins à risque que le reste de la population et nous considérons que nous aurons plus d’événements positifs dans notre vie que les autres, ce qui n’est pas vrai dans la réalité
Biais de confiance : la tendance à surestimer notre capacité à faire face à des risques (je suis un bon conducteur donc je peux prendre des risques).
Utopies, espoirs et réalités : mieux gérer les risques
- En montagne, nous sommes responsables de notre vie, une mauvaise décision ou une mauvaise manipulation et tout peut basculer. La montagne est un des derniers endroits où cette liberté existe, ce qui en fait un monde à part !
- Je suis convaincue qu'un accident est une accumulation d'erreurs. Et j'y pense souvent. Ne pas commencer la première erreur, pour éviter l'accident. Comme un effet papillon…
Alors, est-ce qu’il suffit d’éviter la première erreur pour éviter le risque ?
1. S'informer : s'outiller face au risque
Pour mieux gérer les risques, on commence par augmenter ses connaissances et ses compétences face à un risque spécifique.
Dans certaines situations à risques, des documents sont disponibles et adaptés aux territoires pour apprendre comment réagir face aux risques. Nous avons fait le jeu de présentation d’une situation de risque et vous demander quel comportement adopter dans la situation :
"Un gros orage éclate et le département est en vigilance rouge. L'eau monte rapidement dans la rue en bas de chez vous et votre voisin trempé vient vous demander d'aller chercher son enfant à l'école avec votre voiture. Acceptez-vous ? Entre je m’informe et je pars sans hésiter. "
Dans cette situation par exemple, il faut consulter les cartes météo sur météofrance.fr et écouter la radio locale France Bleue Isère pour s'informer de la situation locale et pouvoir suivre les consignes données. Vous pouvez d'ailleurs retrouver des informations auprès des référents de votre commune, comme c'est le cas avec le document d'information sur les risques majeurs réalisé par la Ville de Grenoble.
2. S'entrainer à assouplir son cerveau
Un bon entrainement pour mieux gérer le risque est de s'entraîner à assouplir son cerveau et ainsi mieux s’armer face au risque. Prendre des mini risques vont vous habituer à vous préparer à de plus grands risques.
Pourquoi ne pas se lancer un défi et casser sa routine ? S'entraîner à changer ses habitudes ?
- Tout bêtement, au quotidien, sortir de sa zone de confort est perçu comme un risque. Tout le monde le vit. Pratiquer une activité dans laquelle on n'a pas d'expérience, nouer une nouvelle amitié, prendre de nouvelles responsabilités professionnelles, ... sont source d'inconfort car on peut potentiellement avoir peur du jugement des autres, peur de l'échec, peur de se ridiculiser, donc peur de souffrir en général.
- La veille, j'ai regardé le film #Yesman avec Jim Carrey Film frames Je me lève alors avec l'idée en tête de faire la même chose: "Aujourd'hui je dis oui à tout!" Le fait de dire "Oui" me fait sortir de ma zone de confort, me rend plus sociable et moins timide, et me permet d'oser des choses qui me semblaient trop difficile avant. Et c'est comme ça que j'ai accepté ... de traverser l’Europe en autostop en 1 Week-end !
Prendre des risques, cela signifie aussi assumer pour les autres… En tant que parent, compagnon, ami, pas facile de lâcher prise face aux risques que prennent les autres!
Mais en tant que parents, il y a aussi des choix et donc des risques que l'on fait prendre à ses enfants. Ceux liés à la sécurité routière par exemple lors de leurs trajets seuls à pied ou à vélo, la pratique de certains sports ou activités, etc.
Le mot de la fin : nous sommes tous résilients !
Pour mieux vivre le risque, il faut aussi se faire confiance ! L’Humain a les ressources pour faire face aux risques, pour s’adapter et s’armer. C’est une question de ressources et de temps pour faire face à un risque ou se remettre d’un risque.
Nous sommes tous résilients…
Un grand merci à tous les contributeurs de cette semaine de tous les risques et un grand merci également à Aurélie Peillon, notre super experte du risque !
>> voir les travaux de Boris Cyrulnik sur la résilience
>> Retrouver l’ensemble des témoignages reçus sur notre padlet du risque
>> Le dossier Risques sur Echosciences (n'hésitez pas à ajouter vos contenus !)
>> Document d'information sur les Risques Majeurs, commune de Grenoble
>> Le complément du Magazine de Grenoble Alpes Métropole sur les risques (Novembre 2018)
>> Les ressources de Grenoble Alpes Métropole
>> Le Pôle Alpin Risques Naturels, stratégie risques majeurs et résilience, appui à Grenoble Alpes Métropole