Retour sur le café sur la gestion des déchets nucléaires
Publié par Laure Laforgue, le 1 septembre 2015 2.5k
Le 7 octobre 2014 marquait la rentrée des Cafés sciences et citoyens de la saison 2014-2015, sur le thème très polémique de la gestion des déchets nucléaires de haute activité et vie longue (HAVL).
A l’occasion de la Fête de la science, le débat, animé par Daniel Boutet, ingénieur qualité déchets nucléaires et Amaury d’Hardemare, responsable d’une formation universitaire en gestion des déchets radioactifs, s’est déplacé jusqu’aux locaux de EVE (Espace de la Vie Etudiante), où la salle spacieuse a pu accueillir les nombreux participants.
Dans l’ensemble, les échanges se sont passés dans le calme et le respect des orateurs qui ont cependant dû plusieurs fois recadrer le débat sur la gestion des déchets et non pas sur l’utilité et la dangerosité des centrales nucléaires. Des tracts ont également été distribués en début de débat, appelant à la vigilance sur l’utilisation de certains matériaux comme combustible nucléaire (matière utilisée pour produire de l’énergie par fission).
Ce qu’il faut savoir :
Les déchets nucléaires HAVL : en volume, ils représentent 0,2% des déchets radioactifs produits, mais 95% de leur radioactivité totale. Ils ont par ailleurs une durée de demi-vie (durée après laquelle la moitié des noyaux radioactifs perdent leur radioactivité) supérieure à 31 ans et dégagent énormément de chaleur ce qui doit être pris en compte pour leur conditionnement. Ils sont composés des produits de fission, du combustible initial qui n’a pas encore réagi et d’actinides (certains métaux lourds comme le plutonium ou l’uranium).
Il existe deux manières de gérer ces déchets : le stockage en surface et le stockage en profondeur. En ce qui concerne ce dernier, la France est en train de monter un projet de loi appelé CIGEO (Centre Industriel de stockage GEOlogique) qui sera en débat à l’assemblée en 2017.
Ce qu’il faut retenir :
Le débat s’est surtout orienté sur les risques des différents modes de stockage des déchets et l’impact de ceux-ci sur les générations futures, reflétant la peur actuelle du nucléaire. Les réponses des orateurs ont quelque peu rassuré les participants : le site de Bure (choisi pour l’enfouissement en profondeur) est stable géologiquement depuis des millénaires, limitant le risque de mouvements tectoniques et la remontée des déchets à la surface. Les risques de fuites radioactives sont également très faibles, le risque de feu est pallié par des emballages très résistants et les coordonnées du lieu du stockage seront transmises aux générations futures dans un disque de rubis extrêmement résistant.
Les alternatives au stockage ont également été abordées : le retraitement des déchets pour récupérer l’uranium (qui doit être enrichi préalablement à son utilisation) et le plutonium, ou encore la transmutation (transformer un noyau en un autre).
La phrase qu’il faut absolument oublier (parce que complètement fausse) :
« Les radioéléments naturels ne sont pas contaminants, contrairement aux radioéléments produits dans les centrales. »