Retour sur les premières journées du patrimoine à l’Université Grenoble Alpes
Publié par L'Ouvre-Boîte - Université Grenoble Alpes, le 1 octobre 2019 1.9k
Pour la première fois dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, l’Université Grenoble Alpes a dévoilé une partie de son exceptionnel patrimoine scientifique*. Fossiles, animaux naturalisés, instruments de mesure… 90 chanceux ont pu partir à la découverte de ces témoins d’un siècle de recherche et d’enseignement !
Première étape de la visite : les collections de géologie !
9h30 // La première visite ne commence que dans une demi-heure, mais quelques impatients se pressent déjà devant l'Observatoire des Sciences de l'Univers de Grenoble (OSUG). Son directeur Michel Dietrich leur ouvre les portes de l'espace muséographique, magnifique "antichambre", avant de pénétrer dans les réserves cachées...
10h // Émilie Janots, minéralogiste, conduit les visiteurs vers la salle d'étude de la collection de géologie. Et nous plonge dans l'histoire de cette collection fondée en 1824.
La collection de géologie de l'Université de Grenoble à la fin du XIXe siècle, place de Verdun
© Bibliothèques universitaires - SID Université Grenoble Alpes - Grenoble INP
Une histoire mouvementée : en 150 ans, la collection a connu plusieurs déménagements, de la place de Verdun en passant par les flancs de la Bastille, avant de rejoindre le campus de Saint Martin d'Hères. Aujourd'hui, elle a enfin trouvé le repos dans une réserve présentant des conditions optimales de sécurité, de température et d’hygrométrie. Mais ne croyez pas que les spécimens y sommeillent !
L'inventaire en cours des fossiles - © Univ. Grenoble Alpes
Chaque minéral, roche et fossile est (ou sera) photographié, mesuré, numéroté, ensaché, documenté, informatisé. Aymane, étudiante et vacataire à l'OSUG, présente aux visiteurs cette mission d'inventaire indispensable à la connaissance de la collection, et donc à la recherche.
10h20 // Le petit groupe passe une seconde porte, qui s'ouvre sur plus de 300 000 spécimens... Parmi eux, 3700 "types et figurés", c'est à dire des fossiles ayant permis de décrire une espèce ou ayant été représentés dans une publication scientifique. Une référence pour les chercheurs du monde entier.
Les visiteurs cernés par les fossiles - © Univ. Grenoble Alpes
Seconde étape : direction la "zoothèque" !
10h30 // Quittons le monde minéral pour traverser le campus et rejoindre la faculté de biologie...
10h45 // Impressionné, un groupe de visiteurs pénètre dans la salle de zoologie où quelques milliers d'animaux les attendent. Stéphane Tanzarella, professeur en licence de Sciences de la Vie et de la Terre, les guide entre un crâne d'éléphant, une vipère en fluide ou un esturgeon naturalisé.
Stéphane Tanzarella retrace l'histoire de la collection de
zoologie (ou "zoothèque") - © Univ. Grenoble Alpes
Là encore, les visiteurs sont amenés à remonter 200 ans d'histoire. C'est à partir de cabinets d'Histoire naturelle, puis d'expéditions autour du monde, que s'est constituée cette collection de zoologie. On y retrouve ainsi de nombreux oiseaux ramenés de Nouvelle-Zélande par le chirurgien-naturaliste Louis Arnoux en 1846.
La collection de zoologie à la fin du XIXe siècle
© Bibliothèques universitaires - SID Université Grenoble Alpes - Grenoble INP
Malheureusement, des déménagements et un intérêt décroissant pour la zoologie - à l'heure de la génétique - ont mis en péril cette collection durant la seconde moitié du XXe siècle. Stéphane Tanzarella s'emploie aujourd'hui à conserver les 50 000 spécimens restants : ils constituent un précieux outil pour ses étudiants (anatomie comparée, évolutions morphologiques...).
Montages ostéologiques, naturalisations, fluides... - © Univ. Grenoble Alpes
Les visiteurs sont donc priés de ne pas toucher les spécimens. Pour ne pas les abîmer, mais aussi car... ils sont dangereux ! Formol, arsenic ou créosote de hêtre sont quelques-uns des produits qui ont été utilisés par les naturalistes pour limiter la dégradation des spécimens.
Et pour finir : cap sur la collection de phonétique expérimentale !
11h45 // À 300 m de l'UFR de biologie les visiteurs sont accueillis par Coriandre Vilain, ingénieur de recherche au GIPSA-Lab. C'est une discipline peu connue qui leur est dévoilée: la phonétique expérimentale. Cette branche de la linguistique vise à étudier, au moyen d’appareils de mesure de plus en plus sophistiqués, les mécanismes de production de la parole, notamment pour améliorer l’enseignement des langues étrangères. C’est dans ce cadre qu’a été créé l'institut de phonétique de Grenoble en 1904.
L'Institut de phonétique de Grenoble en 1905 (au centre : l'analyseur de Koenig et la sirène
à onde) - © Bibliothèques universitaires - SID Université Grenoble Alpes - Grenoble INP
Afin d'étudier ces mécanismes, l'institut a progressivement acquis de nombreux instruments de mesure et d’analyse des signaux sonores et articulatoires. Ils sont aujourd'hui précieusement conservés, restaurés et valorisés au sein du GIPSA-Lab. Mais quoi de mieux pour présenter l'histoire de cette discipline que de faire fonctionner un instrument emblématique : l'analyseur à flammes manométriques de Koenig !
Les visiteurs sont invités à sentir la vibration des ondes sonores capturées par les
résonateurs de Helmholtz de l'analyseur de Koenig - © Univ. Grenoble Alpes
Cet étrange instrument inventé à la fin du XIXe siècle permet de visualiser la composition fréquentielle d'un son grâce à la vibration de flammes ! Certaines fréquences du son envoyé vers l’analyseur sont capturées par les « résonateurs de Helmholtz » (les cylindre en laiton). Elles sont ensuite transmises à une vanne manométrique : cet ingénieux dispositif inventé par Koenig permet de moduler le débit de gaz grâce à l’onde acoustique et donc de faire vibrer les flammes. Mais cette vibration est trop rapide pour être perçue à l’œil nue : c’est la fameuse persistance rétinienne. En faisant tourner un miroir, Coriandre Vilain étale l’image des flammes, permettant alors aux visiteurs d’observer les changements de vibration selon les sons envoyés !
Coriandre Vilain fait tourner le miroir carré afin "d'étaler" la vibration des flammes
et ainsi de mieux les visualiser - © Univ. Grenoble Alpes
12h15 // Les visites se terminent, mais les journées du patrimoine ne sont pas finies pour l'Université Grenoble Alpes ! Le dimanche, le patrimoine scientifique laisse la place à une découverte du patrimoine artistique et architectural du campus...
L'Université Grenoble Alpes vous donne rendez-vous l'année prochaine !
* Cet évènement a été financé par l’IDEX Université Grenoble Alpes. Retrouvez toutes les informations concernant le patrimoine scientifique universitaire sur le site de la Direction de la culture et de la culture scientifique de l'Université Grenoble Alpes.
Contact
Elia Saunier / Assistante de projets - Patrimoine scientifique universitaire
patrimoine-scientifique@univ-grenoble-alpes.fr