Les Rencontres-i racontées par l'équipe de l'Hexagone et de l'Atelier arts-sciences : une semaine de spectacles, stress, plaisir et rencontres !

Pendant toute la durée des Rencontres-i, Biennale Arts Sciences 2013, du 3 au 13 octobre derniers, l’équipe organisatrice s’est prêtée au jeu du carnet de bord, racontant jour après jour ses aventures. Eliane Sausse, directrice de l’Atelier Arts-Sciences, a récolté pour nous les témoignages de Sabine, Cécile, Nathalie, Laurence, Gaëtan, Magalie, Laure, Marie tout au long de cette semaine-marathon. En voici des extraits illustrés :

Vendredi 4 octobre, 11h15

C'est parti ! Discrètement, mais c'est bien parti. Acteurs de curiosité territoriale (ACT) : Remue méninges, la vie en 2050, fût une plongée étonnante dans l'avenir, faite de belles rencontres humaines et de visions positives de l'avenir. De cette journée de lancement, je retiendrai le magnifique témoignage de Simone, 87 ans, qui s'est projetée en 2050 non pas du point de vue des technologies mais de celui des valeurs humaines.

Du bruissement d'ailes d'un ptérodactyle à la musique électronique, les sons et musiques toutes sorties de la bouche d'Ezra nous ont envoûtés pendant une heure à la Maison de la musique de Meylan grâce à la magie de deux gants "augmentés" qu'il a successivement enfilés et manipulés au milieu du public [ndlr : spectacle Bionic Orchestra 2.0]. Et si les origamis étaient ses futurs instruments ? [ndlr : pour en savoir plus sur l’aventure de la compagnie Organic Orchestra, c’est ici]

Samedi 5 octobre, 02h28

Les robots et  les danseurs endiablés de Blanca Li ont ouvert avec joie et énergie cette 7ème édition de la Biennale Arts Sciences ! Une salle comble et un public heureux nous donnent du baume au coeur pour les 10 jours à venir !

Nous étions une quinzaine à découvrir le potager collectif de Meylan. Personne - sauf un - avait déjà cultivé. Nous avons erré dans ces 85 parcelles de terre grelinée, échangé des recettes de cuisine, questionné le compost, la recette du purin d'ortie, la presle, la consoude. Nous avons pris le temps. A toucher, observer, discuter, sentir. Dans cette légèreté de l'instant, nous arrivâmes à la bibliothèque de la Maison du tourisme pour explorer la culture hors-sol où des énormes courges aériennes suspendaient au-dessus de nos têtes encadrées de volubitis bleues. En cette fin de saison, les impatiences envahissaient l'espace de ce mur vertical, végétal : “On se sent à la campagne alors qu'on est en ville".

Dimanche 6 octobre, 01h31

Un rêve fait en juillet 2010 lors d'une nuit passée dans un petit village de Charlevoix au Québec se retrouve ce jour sur la scène de l'Amphithéâtre de Pont-de-Claix. La magie des Rencontres-i ! Daniel Danis nous a hypnotisés avec l'histoire de cet enfant lunaire nommé Nocturne qui vit la nuit et voit des lumières jaillir de sous les grenouilles... Pierre-Félix Gravière lui donne vie de manière sensible et troublante dans ce décor fait de lignes tracées par la lumière et par ce pantographe géant…

Trois fois une semaine de résidence et au final une quantité incalculable de rires et d'émotions et une touche (ou une rondelle de carotte) de réflexion. Comment ça marche dans la tête d'une troupe qui joue sa première ? Ça vaudrait une recherche ! Mais à l'Heure bleue en tout cas ça a super bien marché et le fromage était bon qu'il soit servi avant ou après l'apéro ! [ndlr : pour en savoir plus sur la résidence de la troupe des n+1, c’est ici]

Dimanche 6 octobre, 22h38

ACT Ralentir la ville : à errer sans montre de marchés en parc publics, à explorer les ruelles et réguler la circulation à 18km/h, on s'accorde qu'il faudrait multiplier les bancs publics et on s'y essaie longuement. Ulrike se rappelle qu'on disait dans son pays "être heureux comme dieu en France". Aujourd'hui, on le dit à mi-mots... Finalement on se réchauffe autour d'un repas chez Karl Marx, comme quoi le présent est inattendu !

Lundi 7 octobre, 22h20

ACT : Des jeux d'enfants très modernes, une résidence papi / mamie bien tranquille où l'on fait du tricot, une statue à deux visages, des habitants très accueillants, des jardins partagés, un joli lac, un grand parc, un sous-bois sympa, des parcelles bien fleuries, des petites collines, un champ de blé (!), des ruches (!). Où suis-je ? Un chouette coin de Suède ? Non, plus près...  Un quartier de Grenoble : Villeneuve ! Un territoire aux ressources insoupçonnées... On n'avait pas prévu les casques et on ne s'est pas pris un frigo sur la tête en passant trop près d'un immeuble. Insoupçonnable Villeneuve, tu nous caches de bien étonnantes curiosités…

Mercredi 9 octobre, 00h34

Les mots sont rebelles, joueurs. C’est ce que l'on a pu ressentir avec Molin Molette. Belle entrée en matière et la matière il y en a sur scène pour ces deux acteurs clownesques à souhait qui se débattent avec les mots et.... les ressorts qu'ils élèvent et qui fabriquent du silence. D'ailleurs, le silence est-il le même chez un homme et chez une femme ? Pierre Meunier nous embarque dans la poésie des ressorts et tout devient indiscipliné dans ce monde trop lisse. Un vrai moment de bonheur théâtral à l'Espace 600 !

Mercredi 9 octobre, 23h51

Les blaireaux du dimanche ! On n'a pas vu de blaireaux mais des souriceaux. On a tenté de survivre en ville, de traverser des avenues, de trouver de la nourriture et on a rencontré un habitant "victime des blaireaux". Parcours jonché de jeux de mots avec ce blaireau fidèle et partageur....

Jeudi 10 octobre, 23h05

Sur les traces d'un imaginaire commun entre le luminol guidé par les aimants polaires et la farine étendue par la main de Daniel Danis, tout un paysage se dessine dans nos têtes… Chercheurs, publics et équipe artistique ont terminé sur une discussion entre arts et sciences accompagnée par les Délices boréales dans la yourte de l'Atelier Arts-Sciences.

Ca branche, ça court, ça coupe, ça colle, ça décolle et ça démonte ! Experimenta a enfin ouvert ses portes ! Comme une invitation au voyage, les ballons du Collectif coin et d'Airstar vous emportent dans leur vague. Touchez "Waves" et vous naviguez dans l'innovation ! Voyage virtuel dans le cerveau humain et le sommeil paradoxal avec Balthazar Auxiètre, voyage dans la ville de demain, "mi dessin - mi animé" d'Extrapolis, voyage au pays où le froid devient noir et le chaud devient blanc avec Reflet de Lionel Palun, voyage encore dans la maison Intelligente d'Appsgate (Intelligente ou interactive ? on en débat encore..), voyage au pays des urbanistes avec la maquette urbaine interactive, voyage vers l'écran de demain avec Exhor et sa vitre informative...

Samedi 12 octobre, 10h28

Musique, lumière, matière : la Terza Luce a conquis le public sur une musique planante et bien vivante ! Une interaction fine et délicate pour une éternelle lumière ! [ndlr : pour en savoir plus sur ce projet, lire notre article "Son et lumière : grammaire de la vibration commune"]

Le colloque "Création artistique, numérique et formation" a permis d'aborder le pourquoi et le comment du croisement entre artistes et scientifiques dans le cadre des études supérieures, à travers des exemples variés et ce pour aller vers une "fertilisation croisée" qu'ont défendu les intervenants. Comme nous l'a brillamment expliqué Alain Berthoz, professeur de physiologie au Collège de France : "le fait de savoir que le coeur est une pompe et de comprendre comment il fonctionne ne doit pas nous empêcher d'aimer". De même, mieux appréhender les nouvelles connaissances scientifiques et les nouvelles technologies ne semble pas ôter la poésie qu'amènent les artistes, mais au contraire peut l'alimenter.

Dimanche 13 octobre, 01h46

Acteurs de Curiosité Territoriale : fin en apothéose avec le spectacle concocté par les KompleXKapharnaüM dans un lieu tenu secret jusqu'au dernier moment : les carrières Balthazard&Cotte. Un moment exceptionnel comme les Rencontres-i nous en réservent chaque année !

Dimanche 13 octobre, 20h24

Experimenta : 4500 entrées au chapiteau ! Une aventure humaine (1) et qui fut belle c'est certain !

Clôture des Rencontres-i ce dimanche sur le thème de la mémoire, avec la visite guidée par l'artiste Laurent Mulot de l'exposition "La Chambre d'Echo" au Muséum de Grenoble (ouverte jusqu'au 5 janvier 2014). Impressionné par la mémoire informatique du Synchrotron, qui peut stocker toutes les données des expériences scientifiques qui y sont menées, Laurent Mulot nous montre une partie de la "collection humide" du Muséum, à savoir les animaux conservés dans des bocaux de formol et d'alcool, dont même la mémoire génétique peu à peu s'effrite. Il nous montre une mémoire d'éléphant elle aussi en partance, un vieil ordinateur ayant eu l'ambition de simuler le cerveau humain, un taxidermiste qu'il définit comme l'ouvrier de la mémoire...

La poésie prend place dans l'infiniment grand et l'infiniment petit, des poèmes de 844 pieds (longueur en mètres de la circonférence du Synchrotron) sont disséminés dans la mémoire informatique faramineuse de ce grand instrument, des poèmes de Jacques Réda sur le thème de la mémoire sont lus par des scientifiques, des paroles d'habitants collectées... De quoi prolonger les riches et très différents moments que nous avons partagés au cours de ces 10 jours de la Biennale Arts Sciences !

>> Note :

1. Avec Raphaël, Ludo, Tom, Gaétan, Pauline, Sophie, Eliane, Laurence, Antoine, Laurent, Michel, Alexandre, Jannie, Sabine, Cécile, Cécily, Magalie, Anne, Nathaly, Marie, Nathalie, Betty, Jérôme, Thomas, Elsa, Pascale, Dorothée, Eloïse, Anaïs, Vincent, Pach', Valentin, Lynn, John, Clément, Balthazar, Flore, Greg..et les autres !

>> Pour aller plus loin : voir les photos de l'Hexagone et du CCSTI Grenoble

>> Illustrations : Laurent Philippe & Laurence Fragnol pour l'Hexagone, l'Hexagone, Laurence Fragnol, Hexagone, Hexagone, Monika Jeziorowska pour l'Hexagone, CCSTI Grenoble, Laurence Fragnol pour l'Hexagone, Laurence Fragnol, Laurence Fragnol, Laurence Fragnol,