Raconter le vivant - Experimenta 2022
Publié par Margaux Siché, le 1 décembre 2022 990
La vie à travers les sons - Journal d'une exploration sonore
Le journal d'une exploration sonore est une performance qui a été présenté lors du salon Expérimenta à la maison Minatec. Cette œuvre a été interprétée par Mickaël Chouqet et Balthazar Daninos, tout deux membres du groupe n+1, ainsi que Christophe Havard, compositeur et musicien.
Avant d'entrer dans la salle, nous devons enlever nos chaussures. Nous découvrons ensuite, une salle avec des plaids, des coussins, des chaises. Une ambiance confortable et réconfortante avec peu de lumière. Cela nous met tout de suite dans une ambiance particulière. D'un côté, nous entrons en territoire inconnu, entouré de gens que nous ne connaissons pas. De l'autre, nous avons envie de nous allonger et nous avons un sentiment de confort et de chaleur, presque comme si nous étions chez nous, dans notre jardin secret.
Cette pièce est nommée par les artistes, le "jardin d'écoute". Un lieu qui est né à l'issu d'une résidence artistique d'un an autour de la thématique du vivant, à l'Hexagone. Ils y ont rencontré des habitants, de Grenoble et ses alentours, à qui ils ont donné la possibilité de se raconter à travers un être vivant. C'est au total 11 spécimens qui se racontent dans la salle, allant de l'arbre à la baleine, en passant par l'araignée, le loup ou encore Totoro (un personnage d'animation japonais).
Nous pouvons prendre un moment, avant le début de la performance, pour observer et s'imprégner de ce lieu remplit d'objets tous aussi intrigants les uns que les autres.
La performance débute. Nous commençons à entendre des sons, qui se baladent dans la salle, en allant d'une enceinte à une autre. Des bruits, des poèmes, des bouts d'histoires, leurs voix se mélangent à des musiques et à des sons divers et variés. Les sons emplissent tout l'espace, et se mélange avec nos pensées.
Viennent s'ajouter quelques performances visuelles, de l'azote liquide sur un "lac", un glaçon suspendu.
L'émerveillement ne me quitte pas d'une seconde. Je suis à la fois intriguée, captivée, et en même temps, je ne suis pas sûre de comprendre ce que je vois et j'entends. Je suis dans une salle qui prend vie au rythme des sons. Par moments en forêt, par moments au milieu de l'océan, par moments là où les sons mènent mon cerveau.
Au final, cette performance, on l'interprète un peu comme on veut, et chacun la perçoit différemment. Suivant où nous nous situons dans la pièce, les sons ne sont pas perçu de la même façon. Si notre esprit divague ou si nous sommes attentifs à ce qu'ils nous disent, nous n'entendons pas la même histoire. Chacun vit la performance comme il l'entend, la performance semble presque vivante. le pari du groupe n+1, de questionner sur le vivant, semble de ce côté-là, plutôt réussis.
Nous avons d'ailleurs pu discuter avec eux à la fin de la performance. Mickaël Chouquet et Balthazar Daninos nous présentent n+1 : autodécrété groupe de recherche théâtrale, ils se posent de grandes questions qu'ils confrontent au terrain. Suite à une intuition, ils ont souhaité utiliser le son comme moyen de créer un spectacle. De là, est né la collaboration avec Christophe Havard, qui nous confie que sa vie, c'est "écouter des sons, les enregistrer, jouer avec, composer avec".
Ensemble, ils ont émis une hypothèse, celle que l'écoute est "l'action primordiale du vivant". Pour eux, c'est en étant "à l'écoute de ce qu'il se passe autour de nous" et en étant "en relation avec le vivant" que nous faisons des rencontres. Au travers de la performance, ils cherchent à ce que les gens se posent des questions, plus qu'à faire passer un message, autour de leurs propres visions de ce qu'est le vivant...
Au delà de questionner le vivant, les œuvres présentées à Experimenta nous questionnaient sur nous-même. Pour répondre à cela, quoi de mieux que de discuter avec soi-même ?
Discuter avec soi-même, une fenêtre de plus dans notre conscience - Echo
Echo est le fruit du travail de Guillaume Faure, artiste et vidéaste, Cyril Laurier, ingénieur en audiovisuel, et Joan Sandoval, programmeur audiovisuel.
Qui sommes nous ? Pourquoi sommes nous ainsi ? Comment sommes nous ? Des questions intrigantes, angoissantes, existentielles que souhaite soulever l'œuvre Echo.
Echo est un miroir pour parler avec soi au sens littéral. Les miroirs nous renvoient notre reflet, pendant que, grâce à une intelligence artificielle, la personne dans le miroir nous répond.
Le but de Guillaume Faure est "d'ébranler un peu la conscience en montrant à chaque personne qui rentre un point de vue inhabituel sur elle". Avoir une discussion, un peu énigmatique, avec soi-même, de manière consciente dans cet espace, peut générer beaucoup de réactions différentes allant du rire aux larmes en passant par le malaise. Interrogez sur le sujet des participantes nous confie avoir vécu une "expérience intéressante", faite plus de mimiques silencieuses que de discussion. Pour une autre, ce fut un "moment d'apaisement" au milieu d'un fourmillement de pensées négatives.
Ce qui est sûr, c'est que cette œuvre suscite émotions et réflexions sur soi à ceux qui y entre. Et vous, seriez vous prêt à essayer ?
Exercice, peut-être un peu plus simple, comprendre le fonctionnement de notre cerveau pour aller à la recherche de nos souvenirs et de nos pensées. Un besoin ou une curiosité, le travail d'Arnaud Laffond peut en intéresser plus d'un.
A la recherche de nos pensées - Grotte
Grotte a été imaginée par Arnaud Laffond, artiste, en lien avec Dimitri Van De Ville et Patrick Vuilleumier, chercheur de Campus Biotech à Genève.
Tout a commencé après le premier confinement, quand Arnaud Laffond s'est rendu compte que reprendre une vie sociale était plus compliqué qu'il n'y paraissait. Un besoin de solitude finissait toujours par s'installer. Cette sensation l'a mené à réfléchir et à faire un "parallèle entre les scientifiques qui s'enferment, eux-mêmes, dans des grottes pour voir comment une absence de lumière, de temps agit sur le cerveau" et son propre "confinement qui a été, aussi, une absence de lumière et de repère temporelle et sociale".
C'est en Isère, dans la grotte de la Balme, que le projet a commencé, en scannant l'intérieur de la grotte à l'aide de la technique FARO. Ce scanner-laser permet de capturer rapidement les mesures d'un espace avec une grande précision.
Suite à cette expérience, Arnaud Laffond a effectué une résidence de 3 mois en Suisse, dans une plateforme internationale de neuroscientifiques. Il a travaillé avec des psychologues, des neuroscientifiques, des datascientist et des philosophes afin de symboliser la grotte.
Le résultats ? Une expérience unique, en réalité virtuelle, "la meilleure façon de parler de ce qui se passe dans le cerveau", selon Arnaud Laffond. Ce dernier nous fait entrer dans son cerveau, ses pensées et ses recherches. Une possibilité, un chemin, vers le fonctionnement de notre propre cerveau, pour, peut-être, trouver le chemin vers nos souvenirs.
Ces trois œuvres ne sont pas les seules que nous avons pu voir au salon du vivant en octobre dernier, vous pouvez d'ailleurs lire d'autres articles que nous avons publiés dessus, ici même.
Article écrit par Margaux Siché, avec l'aide d'Isaora Bacquet, Stéphane Romanin, Emmy Vanotti et Garance Demarquest, dans le cadre du master Communication et Culture des Sciences et des Techniques.