Des lycéens dans la combinaison des glaciologues
Publié par L'Ouvre-Boîte - Université Grenoble Alpes, le 13 mars 2025
Vous êtes vous déjà retrouvés avec 300 000 ans d'histoire entre vos mains ? C'est l'étrange sensation qu'on vécu les élèves de seconde du lycée du Granier, à la Ravoire (Savoie). Aucun doute, ils se souviendront encore longtemps de leur visite de l'Institut des Géosciences de l'Environnement et ses fameuses carottes de glace.
L'amphithéâtre du laboratoire semble bien grand pour accueillir la quinzaine d'élèves qui viennent découvrir les lieux. Pour tous, c'est leurs premiers pas dans un laboratoire de recherche. Alors qu'ils prennent place _ laissant timidement le premier rang vide _ un scientifique allume le vidéoprojecteur de la salle. Grégory Teste, ingénieur à l'IGE, entame une présentation du laboratoire et des travaux qui y sont menés.

Les élèves savent exactement pourquoi ils sont venus ici. Depuis le début de l'année, ils travaillent sur les enjeux du changement climatique avec leurs enseignants. Le bâtiment dans lequel ils se trouvent est consacré à l'étude des glaces, notamment dans l'objectif d'étudier les climats passés. En entendant parler de la base Concordia, de carottes de glace, de concentration de CO2, tous hochent la tête avec attention. Les questions commencent à fuser, allant des résultats scientifiques du laboratoire à la vie quotidienne sur une base en Antarctique.

Dans l'atelier, un technicien chargé d'effectuer des forages parmi les plus profonds au monde leur explique, café à la main, les difficultés techniques auxquelles il doit faire face. Sur une table trône un carottier et une tenue de protection contre le froid. "Nous sommes très peu dans le monde à savoir forer la glace sur plusieurs kilomètres de profondeurs. Et cela nous prend des années pour le faire."
La visite continue par un tour dans les chambres froides du laboratoire, dont le thermomètre affiche -20°C. A l'intérieur, des machines permettent de découper puis d'analyser des carottes de glace. L'air de rien, Grégory Teste sort d'une caisse l'un de ces précieux tubes ramenés du continent blanc. "Vous avez devant vous de la glace formée il y a environ 300 000 ans." Tous les regards sont tournés vers le cylindre translucide, un véritable trésor de sciences qui porte en son cœur la mémoire de notre climat.

L'ingénieur ramasse des morceaux de glace rendus inexploitables et les porte aux oreilles des élèves. "Vous entendez ? Ça crépite !" Des exclamations fusent, tous écoutent les pétillements des micro-bulles d'air contenues dans la glace. Ces mêmes bulles qui nous renseignent sur la composition chimique de notre atmosphère par le passé et sur les évolutions de notre climat.

La visite continuera par les salles blanches évitant aux scientifiques de déposer des poussières sur leurs précieux échantillons de glace, puis par l'endroit où les scientifiques étudient la composition chimique des bulles d'air. Les questions des élèves sont aussi intarissables que les scientifiques ravis de partager leur quotidien et leurs travaux. Au moment de repartir, difficile de savoir ce que les élèves de Seconde retiendront le plus de leur visite. Une chose est sûre, leurs téléphones sont remplis de photos et de vidéos de leur entrée dans la chambre froide ou des cristaux de glace multicolores sous lumière polarisée. Et c'est peut-être la plus belle preuve qu'ils se souviendront encore longtemps de cette matinée passée en immersion chez des glaciologues.
Cet article a été rédigé par rédigé par Quentin Daveau, assistant de médiation scientifique à la Direction de la culture et de la culture scientifique de l'Université Grenoble Alpes.