Pour reconnaitre la vie extra-terrestre, peut-être faut-il arrêter de se regarder le nombril
Publié par Garance Demarquest, le 20 février 2023 3.4k
Levez-vous parfois les yeux vers le ciel étoilé en vous demandant : « sommes-nous seuls dans l’univers ? ». Rêver à la possibilité de l’existence de la vie extraterrestre est tentant, mais pour cela faudrait-il encore savoir à quoi cela pourrait ressembler.
Et si la vie ne nous ressemblait pas ?
Le “principe de médiocrité” dit que notre position dans l'univers n'a rien de spécial ou d'inhabituel. Il serait donc surprenant que la Terre soit la seule planète à abriter la vie. L'exobiologie s'intéresse à l'origine et à l'évolution de la vie sur Terre, ainsi qu'à la recherche de la vie au-delà de la Terre. La vie n'a pas encore été découverte au-delà de la Terre, mais l'astrobiologie a fait un énorme bond en avant avec la découverte des exoplanètes en 1995 et le rythme rapide des découvertes d'exoplanètes montre qu'il existe de nombreuses planètes semblables à la Terre dans la galaxie, des planètes qui pourrait abriter de la vie.
Or, les définitions de la vie qui ont été proposées jusqu’ici ont toutes un problème majeur : elles sont construites à partir des formes de vie sur Terre. Les chercheurs cherchent des choses qui ressemblent à nos briques du vivant mais si les briques du vivant prenaient une autre forme saurait-on les reconnaître ?
Difficile de penser universel quand on ne connaît qu’une seule planète sur laquelle la vie s’est développée. Mais récemment une équipe de scientifiques du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont finalement apporté une nouvelle définition. Les chercheurs ont mis au point une définition de la vie qui englobe la vie telle que nous connaissons et ce à quoi elle pourrait ressembler. Cette définition se base sur quatre critères : la dissipation thermodynamique, l'auto-catalyse, l’homéostasie et l’apprentissage.
- Dissipation : ce sont les processus inévitables qui entraînent des pertes d’énergie au cours du temps. Par exemple, lorsque l’on fait du sport et que l’on dépense de l’énergie, une partie de cette énergie est perdu sous forme de chaleur.
- Autocatalyse : c’est la capacité de grandir (en taille d’individu et/ou de population) lorsque les ressources le permettent. Les bactéries, par exemple, grandissent de manière exponentielle lorsqu’elles sont placées dans une boîte de pétrie avec des nutriments.
- Homéostasie : la capacité de maintenir un équilibre au sein de l’organisme. Notre température, par exemple, est maintenue à 37°C, grâce à la transpiration lorsqu’il fait chaud ou l’augmentation du métabolisme lorsqu’il fait froid, il existe bien d’autre mécanisme pour conserver notre température interne.
- Apprentissage : la capacité de recevoir des informations au sujet de son environnement, de son corps, et y répondre pour sa survie. Les bactéries par exemple peuvent apprendre à se défendre contre des antibiotiques pour survivre.
Maintenant si vous voulez savoir à quoi pourrait ressembler ces fameux extraterrestres, je vous laisse fouiller sur les étages « Science-fiction » de votre librairie la plus proche. En se basant sur ces quatre piliers pour reconnaître le vivant, nous aurons probablement moins de mal à identifier nos voisins lointains. Après tout, nous avons déjà quatre points communs.
De la vie, oui, mais où ?
Aujourd’hui la recherche de vie extra-terrestre s’articule autour de 3 axes :
- L'étude des lieux habitables dans le système solaire grâce à des engins spatiaux et des sondes
- La détection de éléments fabriqués par des microbes dans l’atmosphère d’exoplanètes, ces exoplanètes étant des planètes ressemblant à la terre proche de la celle-ci
- La recherche des signatures technologiques des civilisations extra-terrestres, comme des signaux radio, une empreinte thermique ou des objets physiques.
La meilleure perspective à court terme pour la détection de la vie est la détection de biomarqueurs dans l'atmosphère des exoplanètes à l'aide du télescope spatial James Webb et d'un ensemble de grands télescopes terrestres qui seront mis en service plus tard dans la décennie. Les chances optimales de détection se concentrent sur les super-Terres orbitant autour d'étoiles naines rouges. Les meilleures perspectives suivantes viendront de la recherche de traces de vie dans d'anciennes roches martiennes retournées sur Terre, au début de la prochaine décennie. Par la suite, des missions vers plusieurs endroits potentiellement habitables du système solaire externe pourraient détecter des biomarqueurs.
La plus intéressante concerne Titan, où la biologie aurait probablement une base biochimique différente de celle de la vie sur Terre. La découverte, quand elle aura lieu, sera l'une des plus importantes de l'histoire scientifique.
« Le temps transforme l’impossible en inévitable » Stephen Jay Gould