[PORTRAIT] Florian Kéruzoré : percer les mystères de l’Univers
Publié par Sandy Aupetit, le 31 mars 2021 1.5k
Florian Kéruzoré achèvera sa thèse au Laboratoire de Physique Subatomique et Cosmologie (LPSC) d’ici quelques mois. Ses travaux de recherche portent sur l’étude de la formation et de l’évolution de l’Univers, grâce aux amas de galaxies.
Un parcours tourné vers l’infini et au-delà !
Originaire du Lot-et-Garonne, Florian a toujours eu un goût prononcé pour les sciences. Au lycée, il se dirige donc naturellement vers un baccalauréat scientifique, qu’il obtient en 2012. Ayant quelques incertitudes quant à son choix d’orientation, il décide de poursuivre dans un premier temps en DUT Mesures Physiques à Bordeaux, pour se laisser la possibilité d’intégrer rapidement le monde professionnel, ou bien de poursuivre plus longuement ses études.
Il opte finalement pour cette deuxième option, et entame une licence en Science de la matière à Bordeaux, avant d’intégrer le Master Physique, Cosmos, Champs et Particules à Montpellier. A 26 ans, Florian est désormais en troisième et dernière année de thèse, au Laboratoire de Physique Subatomique et Cosmologie (LPSC) de Grenoble.
Les recherches menées au sein de ce laboratoire s’étendent de l’infiniment petit à l’infiniment grand, avec des équipes travaillant à la fois sur la physique des (astro)particules, la physique nucléaire et la cosmologie. Ce dernier domaine s'intéresse à l'origine, la nature, la structure et l'évolution de l'Univers pris dans son ensemble.
Apporter sa pierre à l’édifice pour élucider les mystères de l’Univers
Florian fait de la cosmologie dite « observationnelle ». Il s’agit d’observer le ciel grâce à des télescopes, en ciblant particulièrement certains objets comme les galaxies, les supernovas, ou encore la première lumière de l’Univers. L’objectif est ensuite d’analyser ces objets, et de trouver le lien entre leurs caractéristiques (leur nombre par exemple) et les propriétés de l’Univers dans son ensemble.
L’Univers est composé de plein de choses, et notamment de plein de choses qu’on ne comprend pas vraiment. Quand on fait nos analyses, on est capable d’étudier la distribution de l’Univers en énergie, et toute la matière qu’on connaît, ne compte en fait que pour 5% de toute l’énergie de l’Univers. La cosmologie observationnelle permet d’estimer en quelles proportions sont réparties les autres éléments. Les deux éléments les plus abondants dont on entend souvent parler, c’est la matière noire qui compose 25% et l’énergie noire qui compose les 70% restants.
Dans le cadre de sa thèse, il étudie les amas de galaxies, qui sont les objets les plus massifs que l’on trouve dans l’Univers. Il s’intéresse à des endroits du ciel où l’on sait déjà qu’il y a des amas de galaxies grâce à des études antérieures, et il les observe avec un très grand niveau de détails grâce au télescope de 30m de l’Institut de RadioAstronomie Millimétrique (IRAM), situé en Espagne. Son travail consiste ensuite à analyser ce qu’il se passe à l’intérieur des amas, pour affiner et améliorer la caractérisation de ces objets (dénombrement, calcul de la masse), et ainsi obtenir des informations sur l’évolution de l’Univers, du Big Bang jusqu’à maintenant.
Au cours de ses 3 années de thèse, Florian a eu l’opportunité d’aller observer plusieurs fois au télescope. Ce dernier est situé au-dessus de Grenade, dans le sud de l’Espagne, à 3000m d’altitude et au milieu des stations de ski. Une expérience enrichissante et en totale immersion : chaque session d’observation dure 1 semaine, pendant laquelle les scientifiques sur place se relaient toute la journée pour réaliser les observations avec le télescope.
Florian Kéruzoré à l'observatoire du Pico Veleta, en Espagne.
Thèse et covid-19 : une épidémie contraignante mais pas décourageante !
Comme pour la plupart d’entre nous, cela n’a pas été chose facile pour Florian de voir son quotidien changer du jour au lendemain, alors qu’il avait l’habitude de se déplacer régulièrement pour ses travaux de recherches, d’assister à des conférences et d’échanger avec d’autres chercheurs. Malgré tout, il se considère comme chanceux car il a pu continuer ses recherches même à distance et conserver un lien avec son équipe grâce aux visioconférences. Il s’est même senti parfois plus productif à la maison !
Et après la thèse ?
Le milieu de la recherche est très exigeant, et beaucoup de doctorants se posent des questions quant à leur avenir. Le manque de visibilité sur le long terme et le peu de postes disponibles sont pour de nombreux jeunes chercheurs une source de stress. Florian ne sait pas s’il se consacrera toute sa vie à la recherche, mais pour le moment, il souhaite poursuivre dans cette voie. Après l’obtention de son doctorat en septembre prochain, il a notamment pour projet de partir aux Etats-Unis pour découvrir comment son domaine de recherche est abordé sur un autre continent !
Article rédigé par Eva TICHADOU et Océane GONCALVES DA COSTA
Cet article a été rédigé par les étudiants de licence suivant l'enseignement transversal "Sciences, journalisme et réseaux sociaux" proposé à l'Université Grenoble Alpes (UGA). Cet enseignement est encadré par Sandy Aupetit, chargée de médiation scientifique à l'UGA et Marion Sabourdy, chargée des nouveaux médias à La Casemate. Suivez l'actualité de l'ETC sur Twitter !