Serait-elle la réincarnation de Thot !? Rencontre de Caroline Dugand, conservatrice du musée Champollion au Département de l'Isère

Publié par Hector Pillot, le 20 décembre 2023   780

Jeudi 7 décembre, les étudiantEs en master CCST de Grenoble étaient au Musée Champollion à Vif. Nous avons pu y interviewer Caroline Dugand, conservatrice du musée depuis 2017. Elle commence sa carrière au musée de la révolution française de Vizille en 2008. Elle y occupe alors le rôle d'assistante au conservateur, à la régie des œuvres, au montage d'expositions, mais aussi responsable d'un service des publics.

Caroline Dugand
© Département de l'Isère - Musée Champollion




L’approche que j’ai toujours gardée, c’est d'arriver
à avoir un équilibre entre l'étude des collections,
la mise en valeur des collections, leur exposition
et la médiation, la transmission au public.



Formée très tôt à développer une approche critique à l’institut national du patrimoine, elle a pu élargir ses horizons lors de ses nombreuses expériences, notamment aux musée des Beaux-Arts de Dijon, et d’histoire de Berlin.

Ça m'a permis d'avoir des approches croisées, d'autres visions de la culture, d'autres théories sur la médiation et sur l'inclusion du public.

Mais Caroline Dugand ne se destinait pas au métier de conservatrice, sa formation à l'origine était celle d’une historienne. Ce goût pour l’histoire occupe encore aujourd'hui une place importante dans son métier. En parallèle de la préparation des expositions, elle étudie les objets, mène des recherches sur leur histoire, les documente et réalise des publications. Mais elle doit également réfléchir à accroître la collection, en proposant de nouvelles acquisitions, de nouveaux achats pour le musée. Il lui faut ensuite conserver cette collection, notamment en faisant restaurer les objets qui le nécessitent auprès de restaurateurs spécialisés.

C'est une manière de vivre de sa passion avec une audience plus large, les recherches qu'elle mène prennent directement forme à travers les expositions que met en place le musée.

Les objets sont porteurs d'une histoire. Et la mise en scène des objets et leur étude me permet d'assouvir ma passion en histoire et en recherche historique.

Son dernier projet en date n’est autre que la création d’un musée dans l’ancienne résidence de la famille Champollion ! Ainsi, elle a eu la chance de travailler avec des architectes, des chercheurs, ainsi que les descendants de la famille. Caroline Dugand a été présente de A à Z, de la conception du musée jusqu'à son animation et sa direction aujourd’hui ! 

©Hector Pillot

Tous les conservateurs n'ont pas la chance de participer à la création d'un musée.

Si vous croisez Caroline Dugand durant votre visite, il pourrait vous sembler qu’elle connaisse tous les objets exposés de manière presque intime. Ce n’est pas étonnant quand on sait qu’elle est responsable des choix qui sont faits pour la programmation scientifique du lieu, elle participe activement à la définition de la scénographie de chaque pièce. Son rôle est multiple : de la définition des sujets d'exposition, au programme de recherche, en passant par les éditions du musée, la programmation culturelle, jusqu’aux propositions d’animations et d'activités pédagogiques pour des publics variés.

C'est également un rôle de management, d'encadrement des personnes qui travaillent au musée, et un rôle dans le rayonnement de cette institution, c'est-à-dire le montage de partenariats avec des acteurs extérieurs comme des universités, d'autres musées dans le montage d'expositions ainsi qu’avec des comités scientifiques pour mettre en avant certains sujets de recherche.

C'est vraiment un rôle de pilotage, de définition des axes de l'établissement, et c'est aussi un rôle de recherche, de faire vivre la collection.

Parmi tous les objets entreposés dans le musée, le bureau de Champollion ainsi que l'encrage de la pierre de Rosette lui parlent tout particulièrement. Le premier est l’emblème d'année de recherche et d'année de dur labeur. Le second, un encrage fait directement sur la pierre de Rosette, envoyé depuis l'Égypte et annoté par Champollion.

©  Julien Peytard sous licence Creative Commons




On voit qu'il a été plié, déplié, compulsé. C'est une synthèse de son travail de recherche. Je trouve que c'est vraiment l'objet emblématique du musée.





À présent, pour Caroline Dugand, la suite du projet est de faire vivre ce lieu. Le musée est ouvert, mais ce n’est que le début de l'aventure. Tout est à construire : la présentation de l’exposition temporaire, les partenariats de recherche, mais également tisser le réseau du musée, sa thématique, ses animations, définir son public, avoir un premier recul sur la fréquentation et définir les publics du musée Champollion.

Mais ce n’est pas tout ! Elle doit également s’occuper de la restauration des peintures murales découvertes pendant les fouilles, de l’acquisition de nouvelles pièces, ainsi que de l’étude de certains objets de la réserve qui n’ont jamais été encore étudiés ! Il reste encore des années de recherche pour les valoriser et les faire connaître. 

Malgré des années de travail dans le domaine du patrimoine, Caroline Dugand garde toujours beaucoup de curiosité dans la pratique de son métier.

C'est important, dans nos métiers, c'est essentiel, c'est-à-dire qu'on n'a jamais fini d'apprendre et on n’a jamais tout découvert ! Ça fait partie de l'intérêt de ces métiers !

Si le musée Champollion vous intéresse, nous vous invitons à jeter un oeil à l’article détaillant notre visite juste ici : Visite au cœur des mystères du musée Champollion !

Article rédigé par Alexandre Roselet, Aurore Delclos et Hector Pillot, étudiantEs en Master 1 Communication et culture scientifiques et techniques.

Photos de l'en-tête par Hector Pillot