Marion BARD, l'art de rendre les sciences accessibles

Publié par Amandine Castex, le 19 décembre 2024   39

Suite à la visite du CEA, nous avons eu l’opportunité de discuter avec, Marion Bard qui coordonne les actions sciences et jeunesse. Ayant rejoint le CEA de Grenoble en octobre 2022, elle nous a raconté son parcours marqué par 2 grands domaines : les sciences, plus précisément la géophysique, et la communication. Elle nous délivre également les clés pour être, selon elle, un∙e bon∙ne communicant∙e scientifique.

Ses débuts en tant que médiatrice scientifique

Dès sa classe de Terminale, Marion a un objectif bien précis : la médiation scientifique. Elle a alors contacté l’équipe C'est Pas Sorcier qui lui a conseillé de commencer par des études scientifiques, puis de compléter avec la communication.

Après une introspection sur ses centres d’intérêts, elle s’est dirigée vers une Licence Physique-chimie et Sciences de la Terre à Grenoble. Elle s’est ensuite un peu plus spécialisée avec un M1 en Géophysique avant de basculer côté communication scientifique à Strasbourg pour son M2. Avec du recul, Marion pense avoir entamé trop tôt sa spécialisation en communication :

« A posteriori, j’aurais préféré terminer mon cursus scientifique, faire le Master 2 en sciences, et après me relancer dans un Master de communication scientifique, pour avoir vraiment une base plus solide en sciences, et en même temps avoir les formations sur la communication scientifique. »

A la sortie de ses études, direction Médiation scientifique. Elle s’est occupée d’un centre de culture scientifique, La vigie de l’eau, à Vittel dans les Vosges. C’est elle qui montait les animations, qui les présentait et qui gérait aussi les aspects administratifs. Elle était vraiment au contact du public. A cette période-là, Marion a beaucoup mobilisé ses connaissances scientifiques. Elle nous cite notamment l’exemple d’un projet qui lui a particulièrement plu : une médiation sur les nappes phréatiques. Avec une équipe bénévole, ils ont fait appel à des hydrogéologues, consulté la bibliographie et conçu la maquette. Cette étape fut un véritable challenge à différents niveaux : les matériaux, l’étanchéité, la mise en valeur des éléments importants, les tests de dilutions, etc. Nous vous épargnerons les détails, mais la liste est longue. Très longue. Ce sont autant d’éléments auxquels a dû minutieusement réfléchir Marion et les bénévoles pour concevoir cette animation.

« C’est un “essais-erreurs” et beaucoup d’échanges. On est à l’interface entre “qu’est-ce que je veux montrer ?”, “comment le faire simplement mais scientifiquement juste ?” et… “est-ce que ça marche vraiment ?”. »

Cette phrase résume bien cette expérience et la médiation scientifique en général.

Un éloignement progressif des sciences, pour une expertise dans la communication

Elle a ensuite intégré le CEA à Saclay en région parisienne en gestion de projet de recherche, donc en lien avec les chercheurs, pendant 3 ans. Puis, elle a œuvré pour la communication du CEA, sur des sujets plus “institutionnels”. Un exemple marquant pour Marion a été la réalisation des rapports d’activités de la direction des énergies. L’objectif est de présenter notamment aux tutelles et aux partenaires les principaux faits marquants de l’année ; un exercice d’information plus que d’explication scientifique.

Le lien avec le public et en particulier les plus jeunes lui manque…sans parler des montagnes, en bonne grenobloise ! Elle rejoint alors en 2022 le centre CEA de Grenoble pour coordonner les actions auprès des scolaires : Marion va à la rencontre de scientifiques, organise les évènements, échange avec les partenaires dont le rectorat mais ne fait plus vraiment de sciences. En s’éloignant petit à petit des sciences, elle s’est sentie de moins en moins crédible et en capacité de les présenter. Elle explique :

« Si tu n'es qu’expert, tu vas trop dans les détails et tu ne vois plus ce qui est fondamental, ce que les gens cherchent à comprendre. Mais si tu n’as que la culture G, tu n’as que le vernis et tu ne peux pas rentrer dans le fond du sujet. »

Elle nous conseille alors d’être en binôme pour la médiation scientifique : un spécialiste d’un domaine scientifique et un médiateur qui n’a qu’une culture générale du sujet, mais qui a les compétences en communication.

Ravie de son poste actuel, Marion cite en particulier la coordination du Parvis des Sciences, un gros événement d’une semaine qui se tient chaque année pendant la Fête de la Science. Les nombreux partenaires à coordonner, les publics variés, les échanges avec les professeurs et, par-dessus tout, les réactions enthousiastes des élèves, font de cet évènement un condensé de ce pourquoi on fait de la médiation scientifique !

Pourquoi le CEA ?

« La diversité des sujets, la renommée scientifique, et le fait de pouvoir couvrir de la recherche fondamentale à l’application. »

Les compétences essentielles en communication scientifique

Organisation, rigueur, bon relationnel, savoir faire appel à son réseau, et être conscient de ce qu’on est capable de faire soi-même ou non, sont autant de compétences que Marion considère comme essentielles en communication scientifique.

« Mais je pense que la curiosité, c’est la qualité principale dans ce métier. Questionner, chercher à comprendre, s’informer, avoir un esprit critique, c’est fondamental ! »

Projection d’un retour dans les sciences

Pour finir, bien qu’elle ne soit que depuis 2 ans à son dernier poste et qu’elle ait encore de beaux projets à y accomplir, Marion imaginerait deux orientations possibles pour son futur :

-Découvrir le fonctionnement de l’enseignement supérieur en travaillant par exemple chez un partenaire du riche écosystème scientifique grenoblois, comme une école d’ingénieur ;

-Revenir au plus près des sciences dans un des instituts du CEA en coordination de projet.



Cet article a été rédigé par des étudiants du Master CCST, dans le cadre de l’UE “Découvrir les environnements professionnels” avec SCHLENKER Laura.

MOTTE-MICHELON Lucas, PHILIPPE Mathis, et CASTEX Amandine