Podcast #EchosDeSciences épisode 15 - Raconter les Alpes, du XVI au XVIIIè siècle

Publié par Echosciences Grenoble, le 4 mars 2024 440

Depuis novembre 2019, le premier podcast édité par La Casemate est publié sur les plateformes en ligne. Un format novateur impulsé par Echosciences Grenoble pour faire découvrir les sciences à toutes et tous, écrit, produit et réalisé par Emilie Wadelle, avec l’aide de Marion Sabourdy et Pascal Moutet.

Habiter les Alpes il y a 600 ans

Échos de sciences Grenoble, le podcast du centre de sciences La Casemate présente son 16ᵉ épisode, le troisième et dernier réalisé en collaboration avec les étudiant.e.s du master de communication et de culture scientifique et technique (CCST) de l’Université Grenoble Alpes. Il porte sur les cultures d’habiter les Alpes à l’époque moderne, entre le XVIe et le XVIIIe siècles. Cette collaboration a été réalisée dans le cadre du cours “Raconter les sciences en podcast” du master, dispensé par Émilie Wadelle, créatrice sonore, journaliste et technicienne du son. L’objectif était d’initier les étudiant.es à l’écriture radiophonique et à la création sonore au format podcast. Chaque groupe d’étudiant.e.s s’est réparti le travail pour participer à l’écriture, la réalisation et au montage d’un épisode afin de s’exercer à la vulgarisation scientifique des sciences humaines et sociales, en format audio !

Au programme de cet épisode

L'Entretien, avec Stéphane Gal, maître de conférences, Habilité à Diriger des Recherches en histoire moderne au LARHRA et membre du @labexittem.
L'Audacieuse, avec Perrine Camus-Joyet, Doctorante au laboratoire LARHRA de l’Université Grenoble Alpes en histoire moderne. Elle nous présentera son travail de recherche sur les perceptions et représentations des territoires de montagne.
Dans l'éprouvette, avec Etienne Bourdon, Maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Grenoble et lui aussi membre du @labexittem
Ça va arriver près de chez vous, avec Olivier Cogne, directeur de musée Dauphinois de Grenoble pour nous parler de l’exposition “Alpins, 7000 ans d’histoires”.

Trois grandes thématiques ressortent de notre épisode :

1) L’axe autour de la recherche et de la méthodologie employées pour comprendre les manières de traverser les Alpes à l’époque : nous avons interviewé Stéphane Gal et Etienne Bourdon pour cette première thématique.

Selon Etienne Bourdon, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Grenoble et membre du Labex ITTEM, l’approche interdisciplinaire est importante pour comprendre les manières de traverser les Alpes : en histoire, la recherche fondamentale est essentielle. Il faut notamment faire des liens entre les disciplines comme la géographie, la cartographie, l’anthropologie, et y compris une partie d’archéologie. Ce regroupement de disciplines permet de mieux comprendre le fonctionnement des sociétés à l’époque et permet d’avancer les recherches.

Parmi ces disciplines, le podcast fait un focus sur l’utilisation de l’archéologie expérimentale, en particulier autour des projets de recherche de Stéphane Gal, maître de conférences en histoire moderne à l’Université Grenoble Alpes. L’objectif de l’archéologie expérimentale est de retrouver la mémoire du geste tel qu’il était fait à l’époque.

Pour comprendre comment François 1er a pu traverser les Alpes avec son armée en 1515, Stéphane Gal a donc enfilé une armure pour retourner sur les traces du roi ! De la même manière, il a reconstitué la première escalade du Mont Aiguille en 1492 réussie à l’aide d’échelles d’assaut. Ces deux exemples illustrent bien ce qu’est l’archéologie expérimentale, se mettre au plus près des conditions de l’époque pour comprendre comment les gestes et les exploits étaient réalisés.

2) Le second thème important évoque les perceptions des Alpes à l’époque moderne. La discussion autour de cette thématique s’est opérée avec Perrine Camus-Joyet, doctorante en histoire moderne à l’UGA au sein du laboratoire LAHRHA, grâce à l’étude des représentations et perceptions des territoires alpins.

Pour comprendre comment étaient perçues les Alpes entre le XVIe et le XVIIIe siècle, leurs représentations cartographiques sont une source intéressante. A cette époque, les Alpes sont représentées majoritairement par des hommes ingénieurs militaires avec une visée utilitariste et non oisive. Elles transcrivent une perception pragmatique par la représentation sélective du territoire : grandes vallées et moyenne montagne y sont représentées, car ce qui importent aux commanditaires de ces cartes - principalement des souverains, c’est de savoir par où est-ce que l’on peut franchir les Alpes, quelles ressources sont exploitables, et comment se servir de ces territoires. A l’inverse, les grands sommets ne sont pas systématiquement relevés et de façon non juste, car ils ne représentent pas d’intérêt majeur à l’époque. Cela n’empêche pas de percevoir la fascination ou l’effroi pour les Alpes portés par les personnes qui les représentent (souvent extérieures à celles-ci), notamment grâce aux mentions textuelles qui viennent agrémenter la représentation graphique. Par exemple, parmi les rares sommets représentés figurent parfois le Mont Blanc, désignée comme “montagne maudite”.

3) Le troisième axe intéressant dans le podcast porte sur la manière dont la recherche est valorisée auprès d’un public plus large.

C’est le défi que s’est donné le musée Dauphinois de Grenoble à travers l’exposition “Alpins : 7000 ans d’histoires”. En étroite relation avec des historien.nes de l’université, le musée a réussi à retracer et transmettre 7000 ans d’histoire de notre région. Il a fallu près de 3 ans pour monter ce projet colossal et le résultat en vaut la peine. Dans cette exposition, on remonte dans le temps pour rendre visite aux peuples alpins à travers les siècles. Grâce à une carte interactive et un parcours pour les plus jeunes, le musée réussit le pari de valoriser l’histoire et la recherche auprès du public.

Un podcast réalisé par les étudiant.es du master 2 CCST : Noé Bastard, Margaux Siché, Valentin Solère, Mathilde Cazeaux, Maya Delimotte, Yulia Potié, Anya Drummond