Plan d'Aménagement et de développement durable (PADD): une politique du logement insuffisante

Publié par David Gabriel, le 30 juin 2016   3.8k

Ci-dessous une première lecture critique des propositions concernant le logement dans la nouvelle politique urbaine de Grenoble énoncée dans le Plan d'Aménagement et de développement durable (PADD). L'objectif de ce premier texte est de susciter un débat : n'hésitez pas à formuler d'autres critiques du document ou d'autres propositions en envoyant un émail à : asso.planning(a)gresille.org

Le document pose un constat inquiétant : 2500 personnes sans logements dans l'agglomération, les prix du logement qui explosent et des quartiers dits « en difficulté ». Pour faire face à cette situation, trois objectifs principaux sont énoncés dans le PADD : « offrir la possibilité à tous les Grenoblois de se loger dignement et à un prix abordable », « améliorer la qualité des logements » et « réduire les inégalités sociales et territoriales et encourager la solidarité ». Ces orientations sont ensuite déclinées pour « produire des logements en imposant un minimum de logements sociaux dans les constructions neuves », « prendre part à l'effort de construction », « acquérir des logements pour les inclure dans le parc social » et « réhabiliter le parc de logements anciens ». Est également mentionné la mobilisation des logements vacants ou sous-occupés et des mesures pour le logement étudiant, les personnes âgées (dont la domotique) et les gens du voyage.

Ces mesures correspondent à la politique du logement de la "gauche" (socialiste) depuis la loi Besson et la SRU. Elles sont nécessaires mais ne sont pas suffisantes pour faire face à la crise du logement que nous connaissons. Le PADD contient plusieurs ambiguïtés à propos du « logement abordable » et des politiques d'accès à la propriété allant jusqu'à réemployer l'argument à la mode chez les promoteurs et les banques : « les jeunes ont du mal à accéder à la propriété ». Faut-il rappeler que le « logement abordable » est un alibi souvent utilisé par l'Union Européenne ou les gouvernements libéraux pour éviter la construction de logements sociaux et que les "homeownership policies" sont en partie responsables de la crise de 2008 ?

Pour construire une ville pour tous et rendre effectif le droit à la ville, la municipalité devrait bâtir une politique du logement qui s'attaque aux logiques du marché (idéologie du tout propriétaire, spéculation foncière et immobilière, financiarisation du logement...) et aux pratiques abusives de certains acteurs (banques, agences immobilières, investisseurs et promoteurs...). Nous avons également besoin d'un grand service public local de l'habitat et du logement dont la fonction principale serait la régulation du marché immobilier. Il s'agit non seulement de proposer une offre de logement mais également de rendre effectif le droit au logement, de construire des logements sociaux mais également de lutter contre l'idéologie du tout propriétaire, d'avoir une offre locative sociale mais également de réduire la part de location et de la propriété privées, de maîtriser les prix mais également d'appliquer la baisse et le plafonnement des loyers esquissés par la loi ALUR. Tant que des personnes vivent à la rue ou dans des quartiers auto-construits, la municipalité devrait utiliser son droit de réquisition de logements vacants.

Concernant les enjeux de réhabilitation thermique : si le dispositif Mur-Mur porte progressivement ses fruits, les projets « éco-cités » et « city-zen » devraient être clairement réorientés pour être appropriés par les citoyens et des communautés. Il s'agit notamment d'agir au delà des copropriétés pour produire des transformations urbaines à l'échelle des îlots.