Partie 3 - Table ronde et synthèse
Publié par Margaux Siché, le 30 mai 2023 1.1k
Le 12 mai 2023 avait lieu sur le campus GIANT, à Grenoble, le colloque “Quel partenariat éducatif pour la promotion et le développement de la culture scientifique et technique ?”.
Le but de cette journée était de faire rencontrer des professionnels de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la culture scientifique et technique afin qu’ils puissent créer un réseau et des partenariats pour faire naître des projets.
Pour réécouter l’émission “Éducation aux sciences : Retour sur une journée de rencontres à Grenoble” diffusée le 17 mai 2023 sur les ondes de RCF Isère, c’est juste ici ⬇
Pour finir, et après une petite pause, nous avons entamé la troisième partie de cette journée, qui était plutôt orienté autour du questionnement des actions et de l'apport du colloque.
Journal de bord d’une journée autour de l'éducation aux sciences
Au cœur de ce colloque : les échanges et les rencontrent. Afin, d'aller un peu plus loin dans les débats et discussions, une table ronde, animée par Jeany Jean-Baptiste, a eu lieu. Les intervenants, qui venaient aussi bien du milieu universitaire, que de l'éducation nationale, et de la culture scientifique, ont pu discuter autour du thème "Consolidation, amélioration, innovations, quelles pistes".
Pour commencer cette table ronde, les différents acteurs ont évoqué les freins qu'ils pouvaient ressentir pour la mise en place ou la bonne tenue de certains projets, avec notamment, des difficultés pour contacter les publics pour les acteurs de la culture scientifiques, ainsi que pour accéder à des réseaux d'acteurs et de volontaires au sein de l'éducation nationale. Une preuve de la nécessité de ce colloque, donc, puisque les membres des partenariats évoquent cette difficulté à connaître et contacter les différents acteurs.
La deuxième partie de la table ronde questionnait sur ce qui pouvait être amélioré dans les actions d'éducation aux sciences et les partenariats entre enseignement supérieur, éducation nationale et acteur de la culture scientifique. Il en est ressorti, qu'il fallait certes savoir reconnaître qu'on n'est pas expert d'un domaine, mais surtout admettre et accepter que cette expertise ne soit pas toujours nécessaire pour parler de sujets scientifiques, et donc travailler sur la légitimité.
Pour finir ce temps d'échange, il était question de, quoi faire pour innover, et là où les intervenants s'accordent pour dire que l'innovation pourrait passer par les sciences participatives et le développement de l'esprit critique, il semble que la notion même d'innovation dans les dispositifs d'éducation aux sciences soit questionnée. En effet, la question de : est-ce qu'il ne faudrait pas arrêter de vouloir innover et en faire toujours plus pour en revenir à la base : les besoins et attentes, et alors c'est peut être par là que passera l'innovation.
La table ronde a été un temps très intéressant qui permettait de mettre en perspective les points de vue et les ressentis des différents acteurs des partenariats éducatifs pour l'éducation aux sciences. Ce dernier temps de la journée, a été suivi d'un moment de synthèse et de conclusion. Nous avons pu avoir une synthèse graphique, par l'illustratrice Agatha Bauer, des conclusions par les représentants de l'UGA et du rectorat, mais aussi, une synthèse de la journée par un témoin externe, David Guillerme. Il est délégué régional académique à l'éducation culturelle et artistique, mais pour l'académie de Rennes, et non de Grenoble. Il a donc pu apporter un point de vue extérieur sur cette journée.
Synthèse par David Guillerme, témoin externe à l’académie de Grenoble - Retranscription d’entretien
Margaux Siché (M.S) : Bonjour David Guillerme. Vous êtes délégué régional académique à l’éducation culturelle et artistique. Est-ce que vous pouvez nous présenter vos fonctions ?
David Guillerme (D.G) : Bonjour. Je dirige un service au sein du rectorat de l’académie de Rennes, qui porte, sous l’autorité du recteur de la région académique Bretagne, Emmanuel Ethis, les politiques publiques d’éducation artistique et culturelle, mais aussi d'éducation au développement durable. Donc il s’agit ici de penser l’accompagnement de tous les acteurs qui œuvrent pour ces politiques publiques, du premier degré au second degré, sur tout le territoire de l’académie. C’est tout un vaste réseau d’acteurs qu’il s’agit de coordonner pour faire en sorte que l’une des politiques prioritaire du gouvernement, qu’on appelle le 100% éducation artistique et culturelle, soit une réalité : faire en sorte que, chaque jeune bénéficie, chaque année de projets d’éducation artistique et culturelle, dont la culture scientifique technique et industriel.
M.S : Pour vous, quels étaient les enjeux de ce colloque aujourd’hui ?
D.G : De ce que j’ai perçu des échanges extrêmement riches, des très nombreux acteurs qui font vivre la culture scientifique ici sur le territoire de Grenoble, c’était la volonté d’abord de fédérer un réseau d'acteurs. On voit qu’il y a le besoin et l’envie des acteurs de se rencontrer, d’échanger et de partager un projet commun parce qu’il y a énormément d'initiatives sur tout le territoire, mais la nécessité de fédérer les acteurs apparaît comme étant un enjeu.
De partager, aussi, une culture commune, et d’ailleurs de fait elle existe, parce qu’ils ont bien montré, je l’ai rappelé dans le propos de conclusion, que tous les projets de culture scientifique technique et industriel qui ont été présentés se fondent bien dans l’éducation artistique et culturelle. Les projets s’appuient sur les trois piliers de l’éducation artistique et culturelle, c'est-à-dire, la pratique de démarche scientifique, parce que pour comprendre la science, il faut faire faire des sciences aux jeunes. Mais c’est aussi, la rencontre avec des scientifiques, et enfin tout ça c'est au service de la construction des connaissances. En fait, ce sont les trois piliers de l’éducation artistique et culturelle : connaissance, pratique, rencontre, qui sont d’ailleurs des piliers qui sont tout à fait applicables sur toutes les autres éducations transversales que ce soit l’éducation média-information, l’éducation au développement durable ou l’éducation à la santé par exemple. C’est vraiment la boussole pédagogique qu’il nous faut suivre pour faire un projet éducatif de qualité.
M.S : Au cours de la journée on a évoqué les partenariats entre l’enseignement supérieur, la culture scientifique et l’éducation nationale. Quel est votre rôle au niveau de ces partenariats ?
D.G : Moi dans mon territoire, en Bretagne, en tant que service de l’académie, c’est d’être un liant entre tous ses acteurs. Il y a une typologie d’acteurs extrêmement divers et variés. On a parlé de scientifiques qui sont dans des centres de recherche des universités, mais aussi les CCSTI qu’on a évoqué, les centres de culture scientifique technique et industriel, qui ont plein de typologies structurelles différentes. Donc le service, qui est une délégation régionale académique à l’EAC, a pour vocation à être une interface entre le monde de l’éducation et le monde des partenaires de l'école. On y implante, par exemple, des professeurs relais qui sont des enseignants qui sont missionnés au sein de structures culturelles et qui sont des interfaces entre les ressources de la structure culturelle, qu'elle soit scientifique ou artistique, et le monde de l’éducation du territoire académique. C’est ça qu’on essaie d’animer dans un service, et qui permet de faire du lien.
M.S : Ces partenariats, ils ont lieu, on a pu le voir ce matin avec la présentation de 12 projets qui les mettaient en valeur. Comme vous n’êtes pas de l’académie de Grenoble, mais de l’académie de Bretagne, est-ce que vous voyez des différences dans la mise en place de ces partenariats ou dans l’importance que la culture scientifique peut avoir au sein des établissements, entre les académies ?
D.G : Des différences certainement il y en a, parce que chaque territoire à ses particularités et son histoire. Par exemple, en Bretagne, je le disais tout à l’heure, nous avons la chance d’être fédérés sous l’impulsion de la région Bretagne en lien avec les services de l’Etat, dans un pôle Bretagne-Culture Scientifique, donc ça c’est une différence. Après, dans la qualité pédagogique de ce que l’on propose aux élèves, je vois qu'on partage au niveau national, d'abord la même ambition celle de l’émancipation de chacun de nos jeunes, de la construction de leur esprit critique… Je le rappelais tout à l’heure, l’éducation artistique et culturelle avec la culture scientifique porte l’ambition, aussi, de s’affranchir des inégalités sociales. C’est ce qui doit permettre à chaque jeune de s’affranchir de son assignation sociale. Donc nan, on partage la même ambition. Après il y a des structurations et des pilotages qui nécessairement sont différents parce qu’il y a des orientations politiques, parce qu’il y a une histoire du territoire et une structuration du territoire qui n'est pas la même, mais l’ambition et l’objectif sont les mêmes.