PADD : continuité de la politique de la ville
Publié par David Gabriel, le 30 juin 2016 2.7k
Ci-dessous une première lecture critique des propositions concernant les quartiers populaires dans la nouvelle politique urbaine de Grenoble énoncée dans le Plan d'Aménagement et de développement durable (PADD).L'objectif de ce premier texte est de susciter un débat : n'hésitez pas à formuler d'autres critiques du document ou d'autres propositions en envoyant un émail à : asso.planning(a)gresille.org
La troisième orientation est de réduire les inégalités sociales et territoriales à Grenoble. Le document le reconnaît : les écarts entre le Nord et le sud des la ville ont augmenté depuis une trentaine d'année. Cette « fragmentation socio-spatiale », n'est pas propre à Grenoble : c'est l'une des conséquences les plus visible des politiques néolibérales. Le PADD propose alors de mieux répartir les logement locatifs sociaux, en encourageant la mixité intergénérationnelle, en optimisant la répartition des équipements publics, en faisant de la « couture urbaine », en travaillant prioritairement sur les quartiers de la politique de la ville et en renforçant le développement des réseaux de communications numériques.
Les habitants des quartiers populaires entendent ces propositions depuis 30 ans, avec les résultats que l'on connaît, et il y a peu de chance que ce soit le numérique qui réduise la fracture sociale. La signature en Juillet 2015 d'un contrat de ville, sans véritable contenu ni participation des habitants, était un signe avant-coureur de l'absence de politique alternative pour les quartiers populaires.
La nouvelle politique urbaine s'inscrit donc dans la continuité de la politique de la ville basée sur le concept ambiguë de « mixité sociale ». Il n'y a aucune remise en cause de la politique nationale de rénovation urbaine. Pire, on retrouve des propositions de « diminution de la part de logements sociaux » ou de « désenclavement des quartiers » : des formules qui servent souvent de prétexte à la privatisation ou à la destruction du parc de logement social issue de la période keynésienne.
Enfin, nous devinons ce qui se cache derrière l'idée « d'optimisation de la répartition d'équipement public » c'est à dire un processus de réduction du service public local.
Une autre politique urbaine est possible pour les quartiers populaires. Le nouveau pouvoir municipal s'était d'ailleurs dit intéressé par les propositions de l'Atelier Populaire d'Urbanisme de Villeneuve et le renversement du paradigme proposé par le rapport Mechmache-Bacqué intitulé « pour une réforme radicale de la politique de la ville ». Le projet urbain stratégique et démocratique de l'APU et la trentaine de propositions du rapport auraient pu servir d'inspiration pour envisager des propositions alternatives. Il s'agit de préserver l'héritage keynésien et soutenir le développement du « pouvoir d'agir » des habitants afin qu'ils transforment leur environnement urbain et améliorent leur qualité de vie.
La nouvelle politique urbaine est une occasion pour envisager un nouveau cycle de développement urbain guidé par l'idée de justice spatiale et le droit à la ville. Il s'agit avant tout de préserver les quartiers d'habitat social contre les privatisations ou démolitions, d'éviter la marchandisation du logement social, de lutter contre les inégalités environnementales, de mener les réhabilitations thermiques pour améliorer la qualité de ce parc, de réfléchir aux parcours résidentiels, de co-construire l'aménagement de l'espace public, de soutenir les dynamiques économiques inclusives et de préserver les équipements publics qui répondent aux besoins des habitants.
Consulter le document de la ville (PADD) : http://www.calameo.com/read/004190376e7d7feb44a10
Critique des autres axes du document : http://assoplanning.org/?q=node/95