Nos premiers pas sur le terrain
Publié par Association Infusciences, le 5 décembre 2020 1.1k
Après de nombreuses réunions pour penser le projet Vulve la vie et le faire évoluer, nous nous sommes dit que le mieux restait encore d’aller à la rencontre des étudiant·e·s pour leur demander leur avis sur le sujet et sur l’exposition que nous souhaiterions monter.
Pour cela, nous avons créé une petite animation brise-glace, un petit jeu tout simple pour accoster les étudiant·e·s sur le campus de l’Université Grenoble Alpes et entamer une conversation avec elleux sur la vulve.
Nous avons opté pour un What’s in the box. Le concept en quelques mots : plonger sa main dans une boîte et essayer d’identifier les objets contenus à l’intérieur, à l’aveugle. Dans notre boîte Vulvez la Vie nous avions mis une coupe menstruelle (cup), une culotte de règles, des tampons et une serviette hygiénique.
Armées de notre boîte décorée de tissu et de notre plus grand sourire, nous nous sommes rendues sur le campus le mercredi 11 décembre 2019, devant la Bibliothèque Universitaire des Sciences. Pas facile d’aborder des étudiant·e·s en pleine conversation entre ami·e·s, pressé·e·s, en pause révisions ou en train de manger, mais il fallait se lancer !
Nous avons commencé par expliquer que nous étions des étudiantes en communication scientifique et proposer aux passants de prendre part à notre petit jeu. Une fois les objets découverts ou non, nous avons présenté plus en détail notre projet : nos constatations, nos ambitions et le travail réalisé jusqu’alors.
C’était également l’occasion d’étudier les réactions des étudiant·e·s confronté·e·s au contact des protections hygiéniques. Notre première question était donc de savoir s’ils avaient été gêné·e·s ou s’ils s’étaient sentis trahi·e·s de ne pas avoir été plus informé·e·s de la nature des objets de la boîte. Des échanges riches sont nés de cette question sur le tabou ou non des règles. Nous avons abordé la méconnaissance du sexe féminin, la difficulté de trouver des informations sur ce sujet, la pornographie, l’importance de communiquer sur ce sujet pour faire évoluer les connaissances et les mentalités. Nous avons échangé avec une dizaine de personnes ce jour-là, parfois en groupe, parfois seul·e, avec des femmes et des hommes.
Après ces discussions, la question fatidique sortait toute seule : « Si on réalisait des dispositifs de médiation scientifique autour de la vulve sur le campus, est-ce que tu viendrais ? ». Nos interlocuteur·trice·s mis·e·s à l’aise, nous ont répondu, quasi-unanimement “non”. Manque de temps dans la vie étudiante, pas forcément le bon public ciblé, pas l’envie, pas le bon moyen d’apprendre des choses sur le sujet selon elleux...
Les règles sont plus un sujet “à parler avec une personne qu’à aller voir”
“Est-ce que des personnes qui ne sont pas trop au courant auraient envie d’y aller, je sais pas…”
“Moi ça me dérange pas d’en parler mais après faut trouver des personnes que ça ne dérange parce que j’ai pas l’impression d’aborder souvent le sujet parce que généralement, ça tombe pas toujours sur le table quoi”
Notre public étudiant semblait :
“compliqué, j’aurai plutôt visé collège, là je cherche plutôt à avoir un boulot”
En conclusion, ce projet semble utile et important pour toutes les personnes que nous avons rencontrées. Pourtant ces étudiant·e·s à l’université ne semblent pas avoir de temps libre à accorder au sujet.
Ainsi nous allons nous recentrer sur un public plus jeune. Les lycéen·ne·s, dont la vie sexuelle peut démarrer à cette période, les collégien·ne·s et les cours d’éducation sexuelle apparaissent comme des pistes majeures de réflexion pour notre projet.
Ces échanges et ces rencontres ont été un très bon exercice de communication : définir notre projet de manière succincte et le plus clair possible. Ils nous ont permis d’obtenir des retours critiques tout en bienveillance et nous offrent aujourd’hui beaucoup de pistes à explorer pour définir et faire grandir notre projet Vulvez La Vie.
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Une vidéo arrive prochainement !
Marie Arthuis, Léa Martel, Diane Mottet, Elisa Pospieszny et Anna-Marie Reythier.