Du 14 au 23 janvier 2025, le Fab Lab de La Casemate a organisé le Workshop "Makers" à destination des étudiants du Master Transmédia de Sciences Po Grenoble. Le Workshop a abordé les notions de fabrication numérique et de médias sur le thème “Apocalypse et résilience”. Pendant cette semaine, les étudiants ont conçu et fabriqué en groupe un objet ou dispositif narratif. Découvrez ci-dessous la présentation d’un de ces objets.

"Dans tous les pays du globe, le totalitarisme a pris le pouvoir. De nouvelles technologies permettent aux autorités d’effacer la mémoire de chaque individu, garantissant aux dirigeants d’asseoir leur domination. Le climato-scepticisme s’impose, l’inaction environnementale prend de plus en plus d’ampleur et engendre des conséquences désastreuses. L’effondrement de la civilisation est en marche. Dans un monde post-apocalyptique où les survivants humains ont perdu la mémoire et où la culture et autres sources d'information ont été détruites, une fleur garde en elle les vestiges du temps passé. Inspirée de l'expression "madeleine de Proust", la fleur mobilise les sens pour transmettre les savoirs qu'elle sauvegarde."

Le concept

Le projet Myosotis est né de quatre poète.sses, Nina, Loïc, Louane et Sarah, étudiant.es en master Transmédia à Sciences Po Grenoble. La Myosotis est une petite fleur bleue qui symbolise le devoir de mémoire, et qui se fait appeler “Forget me not” en anglais. 

Pour expliquer le fonctionnement de la fleur, nous nous sommes basé.es sur l’effet “Madeleine de Proust”, une expression désormais courante qui renvoie à un véritable principe scientifique, que l’anthropologue Joël Candau vulgarise ainsi : “La perception olfactive entretient des liens fonctionnels avec le traitement affectif de l’information et, pour cette raison, elle est fortement associée à l’encodage des souvenirs et à leur rappel.” 

Après un long brainstorming, il est vite apparu que nous voulions apporter de l'espoir dans un monde apocalyptique détruit par toutes les raisons qui puissent exister. Notre projet tire son inspiration des enregistreurs de vol en aéronautique, communément appelés boîtes noires. Ainsi notre idée s'est construite en deux volets : la boîte noire en elle-même, et l'intérieur.

Les étapes de fabrication

Concrètement, la première étape du projet a été la conception de notre boîte. Pour cela,  nous avons choisi d’utiliser comme matériel du plexiglas, notamment pour son aspect transparent et particulièrement esthétique. Une fois le design choisi et différents prototypes réalisés, plusieurs étapes se sont enchaînées.

D’abord, nous avons découpé les six faces grâce à la découpe laser, en gravant sur la partie basse de chaque face l'ordre d'assemblage.

Ensuite, nous avons peint à la bombe quatre des six faces, afin de rappeler l’idée de la boîte noire. Nous avons rapidement fait le choix de laisser deux faces latérales transparentes pour bien apercevoir le contenu. Une fois la peinture sèche, nous avons gravé la “consigne” et le logo, toujours à l’aide de la découpe laser. 

Et enfin est venu le moment redouté de l'assemblage, une partie délicate qui nous a demandé beaucoup de précision et de patience. Car le plexiglas est un matériau assez fragile, et notre système d’encoches nécessitait l’utilisation d’un marteau donc plutôt challengeant ! 

L’aspect extérieur de notre boîte vise à rappeler une ambiance post-apocalyptique. Pour ce faire, nous avons ajouté un bandeau rouge portant  l’inscription “fragile”, réalisé grâce à la découpe vinyle. Ce bandeau sert à la fois d’élément visuel et d’indication destiné à tout survivant qui découvrirait la boîte. De même, nous avons collé à l’aide d’un pistolet à colle de la mousse fabriquée grâce à des éponges recyclées et peintes en vert, évoquant l’idée d’une nature qui reprend ses droits. 

A l’inverse, l’intérieur de notre boîte se veut totalement différent et rappelle un univers délicat et onirique, en accord avec notre concept de fleur “magique”. 

Concernant la réalisation des fleurs, nous avons utilisé du fil de fer doré pour créer les tiges, que nous avons tressé, et différentes bouteilles en plastique recyclées pour former les pétales. Plus précisément, nous les avons découpées à l’aide d’un prototype, puis légèrement brûlées avec un briquet pour leur donner cette forme courbée. Par la suite, nous avons percé un petit trou sur chaque pétale à l’aide d’une perceuse, ce qui nous a permis de les enfiler sur le fil de fer, lequel a ensuite était rattaché à la tige. 

Une fois tous les éléments prêts, nous avons pu les disposer sur la base : les fleurs d’abord, collées grâce au pistolet, puis le coton, la fleur principale posée au centre, la guirlande lumineuse et enfin quelques paillettes.

Les difficultés rencontrées

C’est à la toute fin de notre assemblage que nous avons eu une grosse frayeur : nous avons voulu nettoyer les vitres en utilisant du produit à lunettes. Mais en revenant de notre pause déjeuner, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir d’énormes traces sur les surfaces intérieures. Il nous a fallu démonter notre boîte pour tout nettoyer à nouveau. 

La réalisation des fleurs, qui semblait simple sur le tutoriel Pinterest, a été plus compliquée que prévu. Le choix du matériau des tiges a fait l’objet de nombreux tests et discussions. La difficulté était de faire en sorte que le poids des pétales assemblés n’affaisse pas la tige. Là encore, l’assemblage de chaque élément nous a demandé une grande minutie et beaucoup de patience. 

Conclusion

Nous avons voulu créer un objet poétique, symbolique et métaphorique. L’aspect très brut de la boîte renvoie à la dimension apocalyptique et contraste de manière évidente avec l’intérieur : délicat, léger et lumineux. Nos fleurs symbolisent à la fois l’espoir et la fragilité, une fragilité qui n’est toutefois pas incompatible avec la résilience. Ces trois jours à la Casemate ont été intenses mais très formateurs. Nous pensons pouvoir affirmer que nous avons tous pris beaucoup de plaisir à imaginer et créer cet objet.

Pour découvrir notre projet en vidéo