Musée de la chimie : Une visite au musée de la chimie avec les étudiants du master CCST

Publié par Flavie Labousset, le 16 décembre 2022   760

Il nous a été proposé une visite commentée par Caroline Guerin, directrice du musée, ainsi qu’une animation par Karine Godot, de l’association Sciences et malice.

La visite

La naissance du musée 

Le musée de la chimie est un bâtiment de 300 m² situé dans la ville de Jarrie. Il a été fondé dans les années 80 par une association d’élus et d’industriels de la plateforme chimique de la ville de Jarrie. L’industrie chimique s’est retrouvée en grande difficulté dans la région suite à la délocalisation en masse des industries françaises. Etant donné que la majeure partie du développement économique de la ville reposait sur cette industrie, il a été jugé important de réagir pour sauver l’économie locale et surtout pour ne pas perdre 70 ans d’histoire. C’est ainsi que élus et industriels se sont rencontrés pour travailler ensemble sur une exposition temporaire autour de l’industrie chimique. Ils ont réussi à amasser de nombreux objets et photographies, ce qui a permis de créer un pré-musée avec une exposition permanente. Ainsi, le musée permet de sauvegarder toute l’histoire d’un territoire liée à l’industrie chimique.

Le développement du musée

Le musée a d’abord été géré par des bénévoles. Afin de se présenter au public et s’inscrire dans l’identité de la ville ils ont participé à la fête de la science, événement majeur au niveau national. Il y avait déjà une volonté de partager les connaissances autour de l’industrie au grand public. 

C’est après 3 ans d’attente et de demande, que la mairie accepte de reprendre le musée. 

Pour faire face au peu de renouvellement de l’équipe fondatrice, l’association a souhaité que le musée se municipalise pour assurer la pérénnité des collections et des missions de transmission. La même année, Caroline Guerin devient la directrice du musée. L’objectif du musée est déjà à cette époque de toucher et sensibiliser le jeune public à la science. C’est pour cette raison que Karine Godot intervient au musée comme médiatrice scientifique auprès des écoles en proposant des ateliers.

Lorsque Caroline a repris le musée, tous les objets obtenus au fil du temps étaient exposés, rendant le parcours de visite assez dense pour un non-initié.

La conservatrice a donc décidé de repenser totalement le parcours en 2012. Ce parcours se doit de correspondre aux enfants comme aux adultes.

Les différentes parties du nouveau parcours

Il est possible de faire le parcours seul, mais la visite commentée permet d’obtenir de nombreuses autres informations supplémentaires. Le parcours est divisé en trois grandes parties : la présentation de la chimie et notamment celle du chlore, l’histoire de l’industrie locale, ses contraintes et ses grandes phases d’évolution. 

1ère partie : La présentation de la chimie

Le public est attiré dès l’entrée par des bulles formées dans du matériel de chimie. On retrouve une petite introduction sur le début de la chimie utilisée depuis des siècles. Ensuite, c’est Lavoisier, père de la chimie moderne, qui est mis en avant. Une petite manipulation est proposée à ce stade : créer une pile avec le matériel proposé sur la paillasse de travail. 

Ensuite, on se retrouve dans une salle immersive : une grande photo est affichée sur le mur et des objets semblent en sortir. En effet, la photo montre un laboratoire d’époque et de nombreux matériels de chimie que l’on retrouve dans cette photo sont disponibles sur une grande paillasse. L’objectif est alors de nommer tous les ustensiles correctement.

2ème partie : Développement de l’industrie chimique sur le territoire.

C’est une autre photo qui nous accueille dans la pièce suivante. On y découvre la ville de Jarrie avant 1914 où l’industrie chimique est absente. On comprend ainsi que le territoire est tout à fait propice à l’industrialisation. Jarrie fait partie des onze complexes industriels qui ont fabriqué du chlore, utilisé alors pour des gaz de combat. La fabrication du chlore est alors expliquée : c’est à l’aide de grandes cuves à électrolyses dans lesquelles circulent de la saumure et du courant électrique à forte intensité. Une petite paillasse permet que le visiteur essaye par lui-même le phénomène d’électrolyse. Après la guerre, l’industrie du chlore trouve de nouveaux débouchés. L’hydrogène servira à alimenter des fours pour fabriquer des saphirs et rubis !

Partie 3 : La question environnementale et l’industrie chimique.

La dernière partie se concentre sur la prise de conscience écologique. Oui, il est vrai que le chlore est un super produit, mais son impact sur l’environnement n’est plus à démontrer. On retrouve donc les contenants de certains produits devenus interdits aujourd’hui. La chimie est donc associée aux yeux du public à la pollution et il est temps de changer cette image et de développer une chimie verte.

Bilan de la visite

Le musée est extrêmement riche et possède de nombreuses collections qui ne sont pas toutes exposées aujourd’hui. Le côté innovant de l’établissement reste les petites paillasses de manipulation, très surprenantes dans un musée. 

C’est donc agréablement surpris que les élèves du Master passent à l’activité proposée ce jour-là par la médiatrice.

L’animation

C’est donc Karine Godot qui nous a présenté une activité qui sensibilise les enfants à la chimie. Toutes les paroles entre guillemets sont des citations de la médiatrice prononcées durant notre visite.

Le début de la réflexion

On part d’une question simple posée par l’animatrice. L’objectif est d’inculquer la démarche scientifique aux enfants, il faut qu’ils réfléchissent par eux-mêmes, « l’idée c’est que ce soit les enfants qui apportent ».  Pour cette exercice, c’est une bouteille en plastique souple qui passe entre les mains des participants. « Qu’est ce qui y a dans la bouteille ? ». On suggère qu’il y a de l’air, mais celui-ci est invisible. Il faut donc prouver par une méthode scientifique qu’il y a de l’air.

La preuve de la présence d’air

En plongeant la bouteille dans un bac d’eau et en appuyant dessus, on peut voir des bulles remonter à la surface, ce qui prouve la présence d’air. De même, on peut positionner sa main au dessus de la bouteille ou accrocher un ballon sur le goulot, ce qui permettra au ballon de gonfler. Le matériel sur la table va guider le public (ex : bac d’eau sur la table, ballon). On prouve ensemble qu’il y a de l’air, les enfants sont convaincus par eux-mêmes.

On peut continuer l’atelier avec d’autres objets : bouteille en verre, seringue et gobelet en plastique, gobelet en plastique troué à sa base et une bouteille coupée en deux. On sépare les objets en trois catégories : d’accord pour dire qu’il y a de l’air, pas d’accord et on ne sait pas. Pour ces objets les enfants ont tendance à croire que la seringue contient forcément de l’air, mais ils hésitent pour les autres objets. Les enfants savent qu’il y a de l’air partout car on leur a dit, mais ne savent pas appliquer cette idée.

Pour la seringue, on bouche le trou et quand on appuie sur le piston on sent une résistance, mais tous les enfants doivent le faire. On peut aussi faire des bulles dans l’eau… Cet objet est facile et intuitif. Le bac d’eau est la meilleure solution pour les autres objets. Pour le gobelet intact, l’eau ne monte pas dans le gobelet renversé car l’air prend la place, si on penche le gobelet on voit des bulles d’eau.  On peut aussi mettre un papier que l’on cale au fond du verre, on le met dans l’eau et le papier ressort sec. Cela parait « magique » pour les enfants même s’ils comprennent qu’il y a de l’air. Pour le gobelet troué, on bouche le trou pour le mettre au fond de l’eau et quand on enlève son doigt, l’air s’échappe en faisant des bulles. Pour la bouteille coupée, on met un ballon à l’extrémité et on le remplit en poussant l’air avec l’eau.

« On passe notre temps à dire que les choses sont vides alors qu’en fait elles sont pleines d’air » Cet abus de langage induit donc les enfants en erreur.  Les enfants qui questionnent sont vraiment rentrés dans la démarche scientifique, ce qui est une réussite.

Une autre expérience

« La chimie c’est la science qui nous accompagne du matin au soir » : la cuisine c’est de la chimie, on peut donc imaginer des ateliers cuisine (faire des crêpes sans batteur, une mousse au chocolat,…).  Un mélange assez connu et facile à faire est celui du bicarbonate et du vinaigre : vinaigre dans la bouteille et poudre de bicarbonate dans un ballon qui est mis à l’extrémité de la bouteille. Quand on redresse le ballon, la poudre de bicarbonate tombe dans le vinaigre et réagit. On crée notamment un gaz, du CO2 qui fait gonfler le ballon (oui ça pollue, mais pas plus que notre respiration). Le produit liquide qui reste dans la bouteille est un acide plus faible que le vinaigre (un test de pH est alors possible). On fabrique alors de nouvelles matières.

Pour conclure l’atelier, une petite expérience est menée pour mettre en avant les possibles risques de la chimie. On refait la même activité, mais dans une petite boîte que l’on ferme rapidement. A cause du gaz, la pression augmente ce qui fait sauter violemment le bouchon. C’est une expérience assez surprenante qui reste dans l’esprit des enfants qui ont sursauté. « Avec deux produits pas du tout dangereux, on peut faire un produit dangereux. »

A votre tour !

Malheureusement pour nous, la visite s’est arrêtée là sans avoir pu découvrir l’exposition temporaire “quand la chimie nous éclaire”. De plus, nous n’avons donné ici que les grandes lignes, il reste tous les petits détails à découvrir. Nous vous invitons à aller sur le site du musée pour avoir toutes les infos pratiques : https://www.ville-jarrie.fr/musee-de-la-chimie/ 

Article rédigé par Flavie Labousset, Isaora Bacquet, Garance Demarquest et Guilhaume Boo, étudiants en Master 1 Communication et culture scientifiques et techniques.