Mettre l’innovation en société

Publié par Marion Sabourdy, le 14 janvier 2013   2.6k

Valérie Chanal est professeur de management et directrice de Grenoble Institut de l'Innovation (G2I) à l’Université Pierre-Mendès-France. Elle est également coordinatrice scientifique du cycle de séminaires « Les lundis de l’innovation ». Ses travaux de recherche portent sur les nouveaux business models pour les innovations de rupture, la communication de la stratégie et les nouvelles formes de management de l’innovation.

Qu’est-ce que le Grenoble Institut de l’Innovation ?

Il s’agit d’un institut créé il y a un an par l’Université Pierre-Mendès-France (UPMF), en préfiguration d’une future « Maison de l’innovation » qui sera construite dans environ quatre ans dans le cadre du Plan Campus. Le G2I englobe la structure fédérative de recherche Innovacs. Il s’agit d’un réseau de 18 laboratoires de recherche en sciences humaines et sociales et en sciences de l’ingénieur. Ces laboratoires s’associent pour répondre à des appels à projets qui nécessitent des approches pluridisciplinaires autour des thèmes de l’innovation, des connaissances et de la société.

Travaillez-vous sur l’innovation technique ?

Oui, mais notre valeur ajoutée est de la replacer dans son contexte économique, politique, sociologique... Un collègue sociologue a par exemple étudié les problèmes autour de la vie privée soulevés par la technologie NFC. D’autres ont étudié les conséquences de l’électrification des villages dans les pays pauvres. Les scientifiques se demandent en quoi la technologie peut faire peur aux gens. Les apports en sciences sociales sont très utiles pour y répondre, même s’ils ne sont pas encore considérés à leur juste valeur.

Quelle est l’autre mission du G2I ?

G2I propose un master en Innovation, avec une première année de master visant à développer une culture générale de l’innovation et les outils de gestion de projet, et une deuxième année entièrement en alternance. G2I a également un parcours recherche pour ceux qui ont un projet de doctorat en sciences sociales autour des thématiques de l’innovation.

Quelle est la spécificité de cette formation ?

Nous cherchons à développer une pédagogie de projets, centrée sur une thématique et non sur une seule discipline. L’idée est de développer une réelle culture de l’innovation. En plus des fondamentaux du management des projets d’innovation, les étudiants auront une ouverture sur l’imaginaire, la créativité, le progrès d’un point de vue philosophique, l’histoire des résistances à l’innovation, les politiques publiques d’innovation, l’aménagement du territoire… En parallèle, les étudiants travailleront en alternance dans des entreprises. A terme, ils seront en mesure de travailler aussi bien dans des entreprises que dans des structures mixtes comme l’Atelier Arts-Sciences.

Comment coordonnez-vous vos activités de recherche et d’enseignement ?

Nous souhaitons concevoir des contenus pédagogiques en lien direct avec la recherche actuelle. Cela suppose de travailler en équipe pour développer des contenus pédagogiques pluridisciplinaires. Par exemple, un des Laboratoires d’excellence (Labex) financés à Grenoble dans le cadre des investissements d’avenir s’intitule « Innovation et Territoires de Montagne ». Il est évident que des enseignements seront mis en place pour valoriser les recherches pluridisciplinaires menées dans ce cadre. Il faut s’en préoccuper dès à présent.

Illustrations : Thomas Hawk (Flickr, licence CC), Valérie Chanal