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Mes 10 meilleurs moments des Utopiales à Nantes

Publié par Marion Sabourdy, le 19 novembre 2012   4.1k

Il y a peu, Marion a assisté aux Utopiales, le festival international de science-fiction de Nantes. Elle revient sur les moments qui l'ont le plus marquée.

Du 7 au 12 novembre derniers, Nantes accueillait la 13ème édition du festival international de science-fiction « Les Utopiales ». Plus de 150 invités de 8 nationalités différentes se sont relayés pour des conférences (près d’une centaine en quatre jours) ou des séances de dédicaces. Ces écrivains, chercheurs, dessinateurs, scénaristes, illustrateurs, réalisateurs ont abordé des sujets variés, souvent en lien avec le thème de cette année, les Origines.

Environ 50 000 personnes se sont pressées à la Cité des Congrès de Nantes du jeudi au dimanche (le lundi étant réservé aux scolaires). Pour mes premières Utopiales, j’ai moi-même pu assister à près d’une trentaine de conférences. Un programme chargé qui m’a juste laissé le temps d’assister à une projection de film (The Dinosaur Project, de Sid Bennet) et de me balader au milieu des expositions et de la salle des jeux de société, sans oublier le bar de Madame Spock où tout le monde se rencontre ;)

Voici donc un top 10 – forcément subjectif - de mes meilleurs moments de ce festival. N’hésitez pas à le compléter avec VOS temps forts ! :)

1 – La communauté de la SFFF française

Ce festival n’aura été fait que de rencontres, notamment des membres de Cocyclics, une communauté d’auteurs et de lecteurs de SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique). J’ai également pu apercevoir des blogueurs comme Guillaume aka Traqueur Stellaire (voir le point 8), le chercheur, auteur et nouveau président des Utopiales Roland Lehoucq qui a succédé à Pierre Bordage, des chercheurs (Cédric Villani que j’avais déjà interviewé pour Knowtex, Etienne Klein, Jean-Gabriel Ganascia) et bien sur pléthore d’auteurs, illustrateurs (Nicolas Fructus, qui a dessiné l’affiche des Utopiales de cette année), scénaristes, réalisateurs… Parmi les intervenants des différentes tables rondes, j’ai était particulièrement intéressée par certains, notamment pour leur réflexion sur leur pratique, sur la science-fiction en général ou sur les liens avec la recherche et la vulgarisation :

> Ugo Bellagamba : maître de conférences en histoire du droit et des idées politiques, auteur, délégué artistique des Utopiales, co-commissaire de l’exposition Science et Fiction à la Cité des sciences... Il a surtout été un passionnant vulgarisateur lors de ces Utopiales

> Claude Ecken : auteur, anthologiste et critique littéraire, il participe également à des animations scolaires et des ateliers d'écriture et a créé le Festival BD d'Aix-en-Provence.

> Daniel Tron : doctorant à l’université d’Angers ; sa thèse : « Du texte à l'image, architecture(s) et déconstruction(s) de la réalité » porte notamment sur les récits Terry Gilliam et Philip K. Dick. Il a aussi travaillé sur l'idéologie et la représentation de la nature en Hard SF.

> Estelle Blanquet : professeur agrégée de physique et formatrice à l’IUFM de Nice, où elle prépare les futurs professeurs des écoles à l’enseignement des sciences par la démarche d’investigation. Elle m’a fait découvrir les Journées interdisciplinaires Sciences et Fictions de Peyresq.

> Danielle Martinigol : diplômée en littératures de l’imaginaire puis enseignante, Danielle est maintenant auteur jeunesse en science-fiction, notamment sur le thème de l’écologie.

2 – Rencontre avec Dave McKean et Neil Gaiman

Je devais bien être la seule personne aux Utopiales qui ne connaissait pas l’artiste Dave McKean et l’auteur Neil Gaiman ! J’ai donc participé aux deux conférences de présentation de leurs œuvres, au milieu de centaines de fans de la première heure. Dave et Neil se sont rencontrés au lycée et ont depuis travaillé ensemble sur de nombreuses œuvres, dont Sandman, Mr. Punch, Violent Cases et plus récemment Mes cheveux fous. Aux Utopiales, nous avons eu la chance de découvrir des œuvres de Dave MacKean au « style reconnaissable entre tous, fait de collage et de mauvais traitements » mais qui a également travaillé pour le New Scientist et deux épisodes d’Harry Potter. Quant à Neil, sa collaboration avec Terry Pratchett et la série Sandman lui ont valu de devenir un auteur de romans et un scénariste de bande-dessinée reconnu, à l’univers très original inspiré aussi bien de Tolkien que de Mary Poppins. Il a notamment écrit American Gods et Coraline et rédige actuellement des scénarios pour l’ultra-connue série britannique Doctor Who. Le prochain livre de Neil s’intitule The Ocean at the end of the Lane. Voici l’enregistrement audio - en anglais - de la lecture qu’il en a fait en avant première aux Utopiales (désolée pour la qualité).

3 – Dernière planète avant Legoland

Un festival de science-fiction, c’est aussi l’occasion de rencontrer des AFOL (Adults fan of LEGO) et leurs créations. Pour le plaisir des yeux, voici quelques créations. Pour les plus mordus, je vous conseille d’aller jeter un œil aux liens de ma weblist spéciale LEGO.

4 – L’exposition de dessins de Manchu

Manchu, ou Philippe Bouchet pour l’état civil, est un dessinateur de science-fiction qui a illustré les couvertures de plus de 200 ouvrages de La Grande Anthologie de la science-fiction pour Le Livre de poche, une référence dans le domaine de la SF. Il a travaillé pour de nombreux éditeurs, des magazines scientifiques comme Ciel et Espace, Sciences et Avenir, Sciences et Vie Junior et des entreprises, comme le CNES, l’Agence Spatiale Européenne, Thompson... L’exposition des Utopiales présentait les œuvres qu’il a réalisées pour Ciel et Espace.

>> Lire une interview de Manchu sur ActuSF et un article de Traqueur Stellaire sur les autres expos

5 – Science-fiction et vulgarisation des sciences

On ne se refait pas ! En tant que journaliste, je me devais de suivre la conférence « Quelle est la place de la SF dans les revues de vulgarisation scientifique ? ». Selon David Fossé (@D_FOSSE), rédacteur en chef adjoint de Ciel et Espace, la science-fiction « est marginale dans les revues de vulgarisation scientifique. Nous avons déjà publié un hors-série spécial SF… qui n’a pas si bien marché car une partie de notre lectorat n’apprécie pas la SF ». L’auteur Laurent Genefort n’a pas caché son énervement face à un magazine comme Science & Vie « qui ne présente pas de science-fiction mais joue sur l’esthétique SF sur ses couvertures ». Manque d’humour, de remise en question ? En tout cas David Fossé l’a dit, à Ciel et Espace, ils aimeraient grandement publier des nouvelles de SF dans leurs colonnes, malgré la contrainte de place. Il a même plaidé pour la création d’une revue grand public autour de la SF. Un rêve que Gérard Klein a accompli en son temps avec la revue Bientôt qui n’a malheureusement pas tenu la longueur…

6 – La science-fiction, outil pour les chercheurs ?

Que la SF plaise aux lecteurs, soit. Mais peut-elle servir aux sciences, notamment aux sciences humaines ? C’était l’une des dernières conférences des Utopiales, mais non des moindres. Elle nous a permis, avec Pierre Bordage, Claude Ecken, Danielle Martinigol, Laurence Suhner et Ugo Bellagamba de revenir sur le processus de création des mondes et des systèmes politiques dans les livres de SF. On a compris que les évènements réels influençaient les auteurs (11-Septembre, Mort en direct d’Omayra Sánchez…). A l’inverse, la littérature peut également être considérée comme une expérience de pensée sur les sociétés humaines et le monde qui nous entoure. Selon Ugo Bellagamba, la SF commence à être utilisée en sociologie, anthropologie et un peu en droit. Les colloques de Peyresq & Cerisy (2003, 2006, 2009) sont d’ailleurs dédiés aux recherches autour de la SF, une discipline jeune en France (voir le site des éditions du Somnium).

7 – Rencontre avec Etienne Klein

L’instant fascination de ces Utopiales a été offert par le physicien et philosophe Etienne Klein. Directeur de recherche au CEA au Laboratoire des Recherches sur les Sciences de la Matière, il a également enseigné la physique quantique et la philosophie des sciences tout en étant membre du Conseil scientifique de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Il est spécialiste de la question du temps en physique, ce qui nous a valu une magnifique conférence, tout à la fois limpide, superbement contée et vertigineuse sur le temps, les voyages dans le temps, le rôle de la physique et le transhumanisme.

8 – Le prix spécial des blogueurs

Le Prix Planète-SF des Blogueurs a été créé par Gromovar et Guillaume44. Depuis l’année derni&egrav ;re, il est décerné lors des Utopiales à un lauréat issu de leur sélection. Cette année, le prix a été attribué à La Fille Automate de Paolo Bacigalupi, aux éditions du Diable Vauvert (que je me suis empressée d’acheter). Selon ses créateurs, ce prix se veut également la vitrine d’une blogosphère de l’imaginaire active et inventive, présente aussi bien sur le web que lors de rencontres officielles du petit monde de la SFFF (comme Anudar, Lorhkan, Le Dragon galactique, Mes lectures de l’imaginaire…).

>> Le site du Prix Planète-SF des Blogueurs et sa page Facebook

9 – La réflexion autour de l’édition et du numérique

Plusieurs conférences abordaient la notion de numérique, dans la création, l’édition et le rapport aux lecteurs. Lors de la première « Ces écrivains augmentés : l’écriture à l’heure du numérique » ont été abordées les questions des logiciels d’aide à l’écriture, des recherches sur internet pour l’écriture de roman (ex : l’utilisation de Google Street View), des sauvegardes et de la conservation des tapuscrits pour la recherche, des blogs d’auteurs (notamment celui de Lionel Davoust), la mise à disposition des textes sur internet et du rôle de l’éditeur. Cette dernière question a également été abordée dans la conférence « Droits d’auteur et révolution numérique » avec Denis Detraz, responsable numérique aux éditions L’Atalante et Pascal Godbillon, d’ActuSF notamment. Les thèmes d’intérêt : contrats d’édition numérique et conventions collectives pour la rémunération des auteurs. Enfin, la conférence sur le futur magazine Professeur Cyclope s’est focalisée sur la question de la bande-dessinée et du numérique. Voir le Storify conçu avec les tweets de l’illustratrice Aurélie Bordenave et les miens.

10 – Les Machines de l’Ile

Bon, j’avoue, je triche un peu. Je n’ai pas pris le temps d’aller voir Les Machines de l’Ile cette année, même si elles sont installées sur l’île de Nantes, à deux pas de la Cité des Congrès, sur le lieu même des anciens chantiers navals. En revanche, j’ai déjà rencontré le fameux Grand Eléphant l’année dernière et la visite des ateliers m’a grandement plu. Ce projet, lancé par François Delarozière et Pierre Orefice, « se situe à la croisée des « mondes inventés » de Jules Verne, de l’univers mécanique de Léonard de Vinci et de l’histoire industrielle de Nantes ». Une visite indispensable, pendant les Utopiales ou tout au long de l’année afin de suivre l’évolution des projets.

>> Pour aller plus loin :

>> Illustrations : affiche des Utopiales, Anna Fischer (Flickr, licence cc), extrait du livre de Neil Gaiman et Dave McKean, Fuzzyraptor (Flickr, licence cc), couverture du livre de Manchu, couverture d'un n° d'Amazing Stories, couverture d'un livre de Pierre Bordage, couverture du livre de Paolo Bacigalupi, N°0 du magazine du Pr Cyclope, steve.grosbois (Flickr, licence cc)