Manettes et éprouvettes : Découverte de la Scientific game jam 2020 (Partie 2)
Publié par Bastien Castellan, le 13 février 2020 1.4k
Si vous êtes arrivés ici par hasard, lisez d'abord la partie précédente.
NIVEAU 2 (+ 500 points d'expérience)
La nuit fut bonne, mais courte pour les participants. Au matin, des duvets vaguement roulés, des matelas poussés contre les murs (vous apprendrez qu’un matelas ne peut rester en travers d’une porte, question de sécurité), alors que se présentent devant les yeux fatigués et ébahis des participants deux équipes redoutables et toutes fraîches : ils ont entre 10 et 15 ans, sont déterminé.es comme jamais, accompagnés par des professionnels de la programmation et non pas par un mais DEUX doctorants ! Autant vous dire que le coup au moral est sévère pour les seniors, d’autant plus que les nouveaux venus planchent sur un jeu permettant de thermoformer (comprendre, faire chauffer un métal jusqu’à le rendre malléable) le BOUCLIER DE CAPTAIN AMERICA. L’ambition est énorme, les attentes également pour cette équipe toute neuve gonflée au jus d’orange et aux Dragibus. Nul doute que les autres concurrents vont devoir redoubler d’efforts pour espérer être à la hauteur.
11h30, l’heure tant attendue de présentation des jeux à mi-parcours, du dessin, des diapos, des discours de 2 minutes, les équipes se succèdent pour rivaliser d’ingéniosité et déchaîner les applaudissements jaloux des concurrents.
A mi-course, procédons à un tour d’horizon des forces en présence (appelons cela preview, comme un vrai journaliste professionnel que nous ne sommes pas) :
1ère équipe : Brainstorm (« Tempête de cerveau »)
Les promesses : Enlever les lésions du cerveau d’un patient atteint d’épilepsie. Grâce à une souris, le jouer devra sélectionner des zones du cerveau tout en posant des questions à son patient afin d’être le plus précis possible sur les zones à traiter.
Ça nous fait penser à : Un mélange de Docteur maboul (le jeu de société) et de Surgeon Simulator, où la moindre erreur peut être fatale pour le patient.
2ème équipe : Metal Team Solid (« L’équipe du métal solide », habile jeu de mot avec la célèbre série de jeu d’infiltration « Metal Gear Solid »)
Les promesses : 2 thèses en un jeu. Un noyau central, dont la couleur évolue avec la température (du bleu froid au rouge chaud), entouré de barrières aux propriétés variées que le joueur manipule avec les deux joysticks d’une manette, et qui doivent faire face à des vagues incessantes de bouboules.
Ça nous fait penser à : des jeux frénétiques comme les danmaku (« rideau de projectiles » en japonais) de la série Dodonpachi , où vos mains finissent par aller plus vite que votre cerveau (qui lui, finit par fumer). Ou encore Just Shapes and Beats (2018), un jeu qui consiste à éviter des projectiles toujours plus nombreux.
3e équipe : Les Jantivirus ( « des virus sympathiques »)
Les promesses : Il s’agit de recréer le canal acheminant le calcium vers les cellules musculaires d’une personne atteinte de myopathie. Le joueur utilisera des « gentils virus » pour fabriquer des tuyaux et créer un parcours entre un réservoir de calcium et les muscles. Ce puzzle-game (jeu de réflexion) devrait être accessible dès 10 ans.
Ça nous fait penser à : Pipe Mania (1989), un jeu d’assemblage de tuyaux, ou encore certaines énigmes de la série Professeur Layton.
4e équipe : Les Démonazites (pas de panique, un simple jeu de mots entre « démo », la présentation d’un jeu, et la monazite, un rassemblement d’espèces de pierres rares )
Les promesses : Un robot mineur se déplace sur une planète dont il devra collecter certaines ressources. Sa batterie chute petit à petit, il devra donc la recharger en ramassant certains objets, tout en veillant à amasser des ressources minérales destinées à être étudiées et correctement datées, lors de mini jeux d’adresse et de réflexion.
Ça nous fait penser à : Astroneer (2019) pour les jeux de minage sur des planètes désolées, avec une petite pointe de Wario Ware (2004) pour les mini jeux d’adresse et l’importance du timing.
5e équipe : Les Pingouins (« comme l’animal, ou le manchot, je confonds toujours »)
Les promesses : Penguin corp est un jeu dans lequel le joueur incarnera un business pingouin, confronté à la reprise d’une société de sandwichs au poisson sur la banquise. Plusieurs scénarios et énigmes seront proposées, afin de faire de vous le plus grand safe made pingouin de tous les temps. Un jeu compatible avec la start-up nation.
Ça nous fait penser à : des visual novel (romans interactifs avec des options de dialogues variées) comme la série juridique Phoenix Wright : Ace Attorney ou encore des jeux narratifs tels que The Red Strings Club (2018), vous mettant dans la peau d’un barman devant résoudre les problèmes existentiels de ses clients.
6e équipe : Les Retarda Terre (« Une équipe éco-citoyenne »)
Les promesses : un jeu d’adresse en réalité virtuelle (Oui, avec un casque du futur sur la tête !), où le joueur devra trier rapidement des détritus qui arrivent sur des tapis roulants. Un mauvais tri et le monde autour s’assombrira, tandis qu’une réussite devrait être accompagnée d’un soleil radieux.
Ça nous fait penser à :Job Simulator (2016), le jeu en réalité virtuelle qui vous fait découvrir les métiers de 2050.
7e équipe : Les Eponges à l’envers (« on vous déconseille de faire la vaisselle avec »)
Les promesses : Deux joueurs contrôlent Hydromeo et Gouttelette, présents simultanément sur deux parties séparées de l’écran. Les deux personnages ont des propriétés physiques différentes dont ils devront user pour résoudre des énigmes afin de se rejoindre au centre de l’écran, d’entrer en symbiose et de passer au niveau suivant.
Ça nous fait penser à : des jeux de plateforme collaborative comme Unravel 2 (2018) ou Degrees of Separation (2019).
8e équipe : Captain Forgeron (« ça parle de soi-même, non ? »)
Les promesses : Le joueur devra affronter 3 étapes d’énigmes (un puissance 4 inversé, un jeu d’équilibre entre des températures, un jeu d’assemblage) afin de réussir à forger le rempart ultime contre les méchants, le bouclier de Captain America.
Ça nous fait penser à : des simulations industrielles ou alchimiques comme Opus Magnum (2017) ou Infinifactory (2015)
9e équipe : Les Space oxyders (« les oxydeurs de l’espace »)
Les promesses : défendre une barre d’aluminium contre les attaques d’oxygène et d’eau visant à la corrompre. Les joueurs manipulent une barre de chrome de manière horizontale et doivent repousser les agressions. Toujours plus rapide et plus difficile au fur et à mesure des niveaux !
Ça nous fait penser à : Arkanoïd (1986) ou encore Space invaders (1978), de grands classiques !
Dernière ligne droite, dernière nuit, les jammers voient se lever l’aube (l’absence de volets aidant sans doute…). Malgré l’urgence, les mines sont plutôt détendues et confiantes, du moins lorsqu’on réussit à les apercevoir derrière les cernes.
La dernière phase, si l’architecture, le gameplay, les graphismes sont déjà – en théorie – terminés, est cruciale : il s’agit de donner envie de jouer au jeu, et cela commence par lui trouver un nom. Le public et le jury auront la chance de découvrir Bin Saver, Oxyde O Redux, Avenger’s forge, Breaking Bot, Hydroméo et Gouttelette, ou encore Sharp Mind. Un jeu, c’est aussi un trailer – une bande annonce, en quelque sorte – que toutes les équipes n’auront pas le temps de produire mais qui peut s’avérer décisif dans la conquête du cœur du public. Il faut également produire un visuel, au moins un écran titre qui accueille le joueur au tout début de sa partie et l’introduit à l’ambiance et à l’univers du jeu, dont certains sont d’ailleurs restés célèbres : comme celui de The Last of us(2013), ou encore le premier Castlevania (1986).
[[Zoom sur un massif de montagne, un laboratoire émerge des nuages]]
[[ La caméra suit des couloirs nus où s’agitent de nombreuses personnes en blouse et lunettes de protection, tandis qu’une voix off et caverneuse déclame :]]
« 2047, le monde de la recherche se déchire afin d’expliquer l’origine des gisements métalliques des Alpes. Le laboratoire Démonazite propose de dater la formation de ces métaux en mettant en place une méthodologie innovante ».
[[Fondu au noir, des lettres métalliques apparaissent dans l’obscurité : Breaking Bot, plongez dans le secret des pierres. ]]
Dimanche 9 février, 13h15.
Les premières tables se vident, les câbles sont réenroulés tandis que les derniers bugs sont repérés et que la tension remonte d’un cran chez les équipes retardataires. Les jeux seront ensuite exportés et rendus disponibles pour le jury…
L’heure de terminer le récit de cette épopée est venue, les jeux volent de leurs propres ailes et vont pouvoir être essayés. Retrouvez ici, les jeux définitifs tous plus inventif les uns que les autres.
Nos doigts frémissent déjà à l’idée de découvrir les folles créations de ces développeurs de l’extrême.
PS : l’abus de game jam peut être dangereux pour la santé et doit rester un exercice de style exceptionnel, pensez à dormir et n’imaginez pas que tout jeu vidéo doit être créé dans ces conditions assez peu compatibles avec le code du travail.
Merci à l’équipe média de cet événement dont j’ai eu l’honneur de faire un peu partie le temps d’un week-end : Marion, Manu, Arthur, Marlene et le légendaire Pascal Moutet.