C’est une bonne situation ça gardien de dinosaures ?

Présentation du jeu

En 2015, Jurassic Park, l’une des franchises cinématographiques les plus cultes des années 1990 est remise sur pied avec la sortie de Jurassic World. Le succès du film est la mise en chantier d’un second opus pousse Universal, propriétaire de la franchise, à lancer la production d’un jeu vidéo qui pourra accompagner la sortie du futur Jurassic World : Fallen Kingdom. C’est le studio britannique Frontier Developments qui est engagé, notamment pour sa capacité à réaliser des jeux de simulation et de gestion à succès (Rollercoaster Tycoon, Elite Dangerous, Zoo Tycoon). La production du jeu est lancée en 2016, avec un budget de huit millions de livres et une équipe de développement avoisinant les cent personnes. Ainsi, le 12 juin 2018 sort sur toutes les plateformes de l’époque Jurassic World Evolution.

Spécificités du genre gestion / city-builder

Prenant la forme d’un jeu de gestion, le titre propose au joueur de se mettre dans la peau du tout nouveau responsable du développement de Jurassic Park. Au sein d’un complexe de cinq îles baptisées de façon délicieusement kitsch « Las Cincos Muertes » (« Les Cinq Morts » en espagnol), il s’agira de faire prospérer économiquement les différents parcs. Pour ce faire, de nombreux outils seront à disposition, différents aléas viendront perturber la routine quotidienne et la vente de goodies deviendra rapidement aussi cruciale que le bien être des reptiles.

Le jeu se classe dans ce que l’on qualifie en anglais de business simulation game (jeu de simulation d’affaires), traduit en français sous l’appellation de jeu de gestion. Le but est relativement simple : faire prospérer son entreprise, ville, planète dans un environnement où les ressources sont limitées. Se jouant majoritairement en temps réel, la planification de ses actions par le joueur sur un temps plus ou moins long représente le cœur du gameplay. Ainsi le joueur est contraint de constamment prendre des décisions, prioriser ses constructions et répondre aux imprévus le plus rapidement possible. 

Dans le cas de Jurassic World Evolution, une autre couche de gameplay vient s’ajouter : la gestion de l’œuf à sa mort des dinosaures. En effet, en plus de fixer le prix de ses billets ou le nombre de toilettes dans son parc, le jeu propose au joueur de prendre entièrement part au développement de l’attraction principale. Ainsi, diverses missions permettront à ce dernier de récupérer du matériel génétique lui permettant de lancer l’incubation des futurs animaux et une fois les œufs éclos, il sera de son ressort de pourvoir à leur sécurité ainsi qu’à leur bien-être. La possibilité de mélanger différents ADN dans l’espoir de créer de nouvelles espèces qui attireront encore plus de visiteurs peut même permettre au joueur de laisser libre cours à ses envies démiurges. De par cet aspect, le jeu se classe dans la sous-catégorie des jeux de gestion de zoo, dont le développeur s’est fait une spécialité avec la série des Zoo Tycoon. La gestion des animaux devient alors aussi importante que celle du parc en lui-même. Il faudra s’occuper de leur santé, de leur alimentation et autres besoins. Ou encore ne pas commettre l’erreur de mettre une espèce herbivore dans le même enclos qu’un carnivore…

Application dans le jeu

Il n’y a pas à proprement parler de fin pour le joueur, qui peut continuer à développer son parc tend que ses ressources lui permettent. Cette façon de jouer non linéaire peut néanmoins éloigner du jeu des joueurs qui attendent que le jeu lui présente des objectifs qui peuvent faire office de jalons dans son expérience ludique. Ainsi, Jurassic World Evolution intègre de façon intéressante cette idée en mettant en avant trois départements (Scientifique, Sécurité et Loisir), collègues du joueur au sein du parc qui vont lui proposer diverses missions. Le joueur est libre de les accepter ou non, ce qui fera monter ou descendre sa réputation auprès de ces derniers. Un département auprès duquel le joueur aurait une réputation trop basse peut alors décider de créer des sabotages qui seront autant d’aléas avec lesquels il devra composer. Par ce biais, le jeu tente d’ajouter une dimension plus linéaire dans l’expérience de jeu, tout en incorporant une dose de narration, le plus souvent absente des jeux de gestion.

Conclusion

Il est difficile de retranscrire l’expérience d’un jeu de gestion. Ces derniers ayant un rythme le plus souvent lent, avec une grande quantité d’informations qui doivent être prises en compte par le joueur. Les jeux de gestion et de simulation récents intègrent tous une dimension ludique plus directe, en permettant de se balader librement dans l’univers de jeu en prenant le contrôle d’un personnage. Cela permet de diversifier le gameplay, mais aussi de permettre au joueur de voir de façon concrète sa création. Ainsi, Jurassic World Evolution incite cette exploration en permettant, dans ce mode de jeu, de prendre des photos des dinosaures. Plus qu’un simple gadget, cette fonctionnalité est intégrée à la logique de gameplay. En effet, les photos prises par le joueur sont autant de matériel promotionnel qui lui permettront d’attirer du public. De plus, les photos les plus sensationnelles, telle que des touristes dévorés par un vélociraptor affamé s’étant échappé de son enclos, seront plus récompensées ! Une façon simple de renouveler l’intérêt et l’expérience de jeu pour les gérants en herbe.

En parlant de promotion, cet article fait suite au live Let’s Play Science organisé par Simon Chupin (alias Mokutesa) sur sa chaîne Twitch. J’ai pu y participer en compagnie de Damien Bouëvin pour discuter sciences et jeux vidéo et cet article est avant tout un condensé de ce que vous pourrez retrouver sur les anciennes et prochaines émissions ! Et si ce dernier a pu piquer votre intérêt, je ne peux que vous conseiller d’aller lire ceux écrits par mes deux compères. On vous parlera de science et d’histoire, tout un programme !

Merci de nous avoir lu !

Let's Play Science est une émission en résidence et soutenu par La Casemate. 

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