Les Terminales du lycée Mounier découvrent les nanosciences

Publié par Marion Sabourdy, le 9 avril 2012   4.8k

Pour la deuxième année consécutive, le lycée Mounier et Grenoble INP expérimentent l’initiative « Classe nanosciences ». Plusieurs élèves de terminale découvrent, expérimentent, créent et débattent autour du nanomonde.

« Les nanotechnologies, on ne savait pas trop ce que c’était, avoue Annabelle, nos professeurs nous ont expliqué et on a retenu que c’est infiniment petit et qu’il y en a partout ! ». La définition est approximative mais l’intérêt est bien là. Pourtant, susciter de l’attention autour d’un sujet scientifique n’était pas gagné d’avance avec cette jeune fille et ses amies de terminale littéraire section arts plastiques. « Les filles étaient réticentes, indique Marie-France Deroux, professeur d’arts plastiques au Lycée Mounier, elles mettaient les sciences à distance car elles n’aimaient pas ça ».

Pour les stimuler, le professeur leur a proposé de réaliser une œuvre photographique à partir des thèmes du corps et de l’infiniment petit. Les jeunes filles se sont prêtées au jeu et ont même expérimenté des mélanges avec de l’encre, des cosmétiques avant de prendre le résultat en photo et de jouer sur les échelles à l’aide d’agrandissements. Leur exposition NanoArt était présentée le 2 mars dernier au public.

Panneaux de l'exposition NanoArt, par les Terminales L du Lycée Mounier

Cet exercice fait partie d’une initiative plus large nommée « Classe nanosciences » pilotée par Fanny Poinsotte, enseignante à Grenoble INP et Emmanuel Quillasi, professeur de physique-chimie au lycée Mounier. « L’idée est de faire un parallèle entre les concepts scientifiques que les élèves abordent en cours et un sujet d’actualité controversé » indique Fanny Poinsotte. Les activités, principalement dédiées à une classe de terminale scientifique d’une trentaine d’élèves, s’échelonnent sur toute l’année scolaire : initiation au débat avec le jeu PlayDecide, 5 à 6 séances théorique (mécanique quantique, cryptographie quantique, microscopie, nanomédecine, biopuces, nano-électronique), des travaux pratiques au CIME Nanotech dans le cadre de Nano@School [lire notre article], accueil de l’Expo Nano de La Casemate à la bibliothèque du lycée, sans oublier l’organisation d’un débat le 6 avril dernier.

Grimés en colonel, PDG d’une entreprise de céramique, chirurgien ou militante anti-nanos (entre autres) les élèves ont présenté à leurs camarades les différents points de vue, arguments et réactions épidermiques entraînés par les nanosciences. Un débat plutôt bien mené, qui laissait parfois poindre quelques faiblesses dans les arguments mais dans l’ensemble investi par des jeunes motivés et intéressés.

Lycéenne jouant le rôle de militante "anti-nano"

Pour accompagner Fanny et Emmanuel, des élèves ingénieurs, des enseignants et des chercheurs sont intervenus, ainsi que d’autres professeurs du lycée Mounier, en arts plastiques on l’a vu plus haut, mais aussi en philosophie et en éducation civique, juridique et sociale (ECJS). « Dès la première édition, les jeunes se sont pris au jeu, même si les thèmes abordés peuvent paraître difficiles, indique Emmanuel, les intervenants ont insisté sur les risques éthiques et l’éducation à la citoyenneté. Pour les professeurs du lycée Mounier, c’est aussi une belle expérience de travail en commun ».

Luana et Quentin, deux élèves de terminale S qui souhaitent s’orienter vers le développement durable et la neurobiologie, se disent ravis de l’expérience qui « nous a permis de mieux comprendre les effets positifs et indésirables des nanosciences ».

>> Pour aller plus loin

>> Illustrations : oeuvres des Terminales L, Echosciences Grenoble