Les Sciences de l’ingénieur au féminin au lycée Vaucanson
Publié par Marion Sabourdy, le 18 novembre 2013 7.2k
Le 14 novembre dernier, le lycée Vaucanson a accueilli la 1ère journée « Les Sciences de l’Ingénieur au féminin ». Au programme : 50 jeunes filles, 5 marraines et beaucoup de questions.
Les filles représentent seulement 28% des étudiants d’écoles d’ingénieurs. Afin de promouvoir ces formations et ces métiers, l’association Elles bougent et l’Union des Professeurs de Sciences et Techniques Industrielles (UPSTI) ont organisé le 14 novembre dernier la demi-journée nationale « Les Sciences de l’Ingénieur au féminin ».
Environ 2500 jeunes filles élèves de 32 lycées en France (dont 3 en Rhône-Alpes) ont rencontré 150 « marraines » provenant de grands groupes industriels, afin d’écouter leurs témoignages et leur poser des questions. A Grenoble, c’est le lycée Vaucanson qui a accueilli cet événement, coordonné par Vincent Riboulet, enseignant en sciences de l’ingénieur, membre de l’UPSTI et… « conjoint d’une ingénieurE ».
Une cinquantaine de jeunes filles étaient donc présentes pour rencontrer cinq femmes aux âges et parcours différents mais à l’enthousiasme partagé : Martine Saunier (Thales), Christel Vaché (Total), Colette Rigaud (Rio Tinto), Marylin Gavalda (ERDF) et Katell Cadoret (Trixell).
La vidéo de présentation des sciences de l’ingénieur, par l’UPSTI (on regrettera peut-être la présentation un peu froide et la voix off masculine, compensées par l’optimisme du reste de l’événement) :
Tour à tour, les cinq femmes se sont présentées et ont décrit succinctement leur parcours professionnel et leur vie de famille. Toutes mamans, certaines sont issues d’écoles d’ingénieurs, l’une d’une université et une autre a suivi un DUT et des cours du soir. Les lycéennes ont pu apprécier cette diversité de parcours et de postes actuels comme autant de voies possibles vers le métier d’ingénieur, elles qui avaient sans doute l’image d’un métier figé et peu accessible.
Martine Saunier, engagée dans un syndicat et ayant une expérience d’un an en Angleterre a insisté sur l’aspect humain du métier et sur l’importance de la maîtrise de l’anglais. Elle a également souligné la possible flexibilité de son emploi du temps quand on est ingénieure : pratique pour organiser sa vie de famille. Marylin Gavalda avoue que le fait d’être une femme facilite ses relations avec les entreprises qui travaillent pour ERDF. Katell Cadoret et Christel Vaché apprécient particulièrement le travail en équipe. En réaction aux autres marraines qui indiquaient avoir choisi de travailler à temps partiel à la naissance de leurs enfants (parfois ce choix était fait par leur mari), Katell a dit travailler à 80% aussi pour avoir du temps pour elle-même - « le salaire confortable d’ingénieur le permet » - et apprendre à déléguer certaines tâches à son mari. Rafraichissant ! Quant à Colette Rigaud, elle a mis l’accent sur son évolution de carrière : de la R&D à l’achat, la sécurité… jusqu’à la création de sa propre société. Bel exemple pour les jeunes filles de l’assemblée.
On peut souligner l’intérêt de ce type de témoignage, provenant de salariées d’entreprises locales et de grands groupes. Colette Rigaud est d’ailleurs une ancienne élève du lycée Vaucanson : « J’ai eu la vocation au collège et j’ai choisi délibérément de suivre des études de sciences de l’ingénieur au lieu d’aller en lycée général. Je voulais être assistante d’ingénieur mais ma mère ma filé un bon « coup de pied aux fesses » pour que je sois ingénieure ».
Au moment de prendre la parole, les jeunes filles avaient des questions plutôt pragmatiques sur l’égalité des salaires, la nécessité ou non de changer régulièrement de poste et l’importance de l’école dont on est issue au moment de l’embauche. Les marraines ont avancé des réponses positives, notamment sur l’intérêt actuel des grands groupes pour la diversité. Les femmes ont maintenant presque plus de chance d’être employées que les garçons sur certains postes. Les discussions se sont poursuivies en petit groupe avec chaque marraine avant le pot final.
Gageons qu’une telle expérience incitera les jeunes filles à faire preuve d’ambition et de confiance en elle et les autres établissements à suivre l’exemple de Vaucanson en organisant des événements semblables.
>> Illustrations : Marion Sabourdy