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Atout Cerveau

Les impromptus scientifiques : une forme ludique et poétique pour parler du cerveau

Publié par Antoine Depaulis, le 8 novembre 2018   2.8k

Lors d’une résidence en 2013 à l’atelier Art-Science du CEA et de l’Hexagone de Meylan (scène nationale art-science), Mickaël Chouquet, Léo Laroche et Balthazar Daninos, les trois comédiens du groupe « n+1 » de la troupe « les ateliers du spectacle » avaient travaillé avec plusieurs chercheurs en Neuroscience grenoblois. Je dis bien « travailler » car leur démarche n’a rien d’une approche « illustrative » de la recherche. Bien au contraire, que ce soit avec des mathématiciens ou des spécialistes de l’énergie, les « n+1 » cherchent… avec des chercheurs. Le fruit de leur recherche, avec sa méthodologie artistique particulière a déjà donné lieu à plusieurs spectacles de théâtre d’objet (le t de n-1, l’apéro mathématique, fromage de tête et plus récemment Nil Actum), tous plus poétiques et drôles les uns que les autres1.

 

En 2014, les « n+1 » avaient proposé à quelques chercheurs de Grenoble dont Hélène Loevenbruck du LPNC2 et moi-même d’inventer une nouvelle forme de « discours » scientifique pour parler de notre recherche. C’est ainsi que sont nés les « impromptus scientifiques » où un chercheur ou une chercheuse associé.e à un.e artiste, dans l’invention d’un forme ludique et particulière, tentent de faire tenir ensemble un propos scientifique et une approche poétique. Les premiers impromptus ont ainsi été « joués » à Apt3 en septembre 2014, lors du campement scientifique organisé par le Vélo-Théâtre4 … avec la complicité des « n+1 » évidemment. En moins de 25 min, un chercheur raconte sa recherche avec une mise en scène épurée et la complicité d’un comédien devant un public de quelques dizaines de personnes. Ainsi, Hélène Loevenbruck parle « Des voix dans la tête » dont elle est l’une des spécialistes françaises et moi je présente « Les neurones applaudissent » pour aborder la synchronisation neuronale : une belle occasion de transformer le public en neurones pyramidaux de l’hippocampe... Dans tous les cas, le public est impliqué, amené à réfléchir, à jouer, à poser des questions bien sûr. Et les questions fusent à l’issue d’un impromptu, souvent pendant plus d’une heure.

 

Depuis septembre 2014, les « n+1 » ont ainsi monté une quinzaine d’impromptus scientifiques sur des sujets différents avec des chercheurs de la France entière. J’ai la chance d’avoir été un des premiers à tester cette formule jubilatoire et Les neurones applaudissent a ainsi été joué plus de 20 fois, à Apt bien sûr, à Grenoble dans le cas d’Experimenta et de Pinte of Science, au festival de la marionnette à Mirepoix5, à Nantes, St Nazaire et, cette année, à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette, dans le cadre de la semaine du Cerveau. Une belle expérience pour Hélène Loevenbruck et moi-même, dans un univers assez impressionnant, juste à côté de la merveilleuse exposition sur le cerveau et avec une foule de passionnés du cerveau à chacune des représentations. A cette occasion, la vidéo suivante permet d’avoir une meilleure idée de l’impromptu d’Hélène. Cliquez ici.

 

Les impromptus ont vocation à évoluer, comme la recherche dont ils parlent car il s’agit avant tout de raconter la façon dont on « fabrique » la connaissance scientifique avec ses essais, ses erreurs, ses surprises bonnes ou mauvaises...

 

Notes

  • Tout sur les « n +1 »  et les impromptus:  cliquez ici.
  • Laboratoire de NeuroPsychologie Cognitive de Grenoble (dir. : Monica Baciu)
  • Petite ville du Lubéron, à mi-chemin entre Avignon et Manosque où se déroulent toute sorte  d’évènements artistiques, citoyens et associatifs
  • Scène conventionnée « théâtre d’objet » et résidence d’artistes
  • Un festival international réputé dans une petite (et très jolie) ville de l’Ariège