Les femmes scientifiques à l’honneur dans une formation Maison pour la science

Publié par Maison pour la science en Alpes-Dauphiné, le 7 juillet 2023   960

Article rédigé par Anaëlle Gateau, stagiaire en communication au sein de la Maison pour la science en Alpes Dauphiné.

La Maison pour la science en Alpes-Dauphiné propose des actions de développement professionnel en sciences et en technologie aux enseignantes et enseignants des écoles et des collèges de l’Académie de Grenoble. En s’appuyant sur des sujets de recherche concrets, les formateurs et formatrices pédagogiques et scientifiques apportent un regard croisé sur ces thématiques en coconstruisant les formations ensemble.

Cette année, la Maison pour la science en Alpes-Dauphiné innove en lançant la formation intitulée « Rétablir l'égalité des chances dans les matières scientifiques » avec pour objectif de repérer les stéréotypes qui mènent aux biais de genre, parasitant les messages à l’encontre des filles dans l’exercice des métiers de l’enseignement. Le but : encourager les filles à faire des études scientifiques et susciter des vocations.

Reconnaître les biais de genre et favoriser l'égalité fille-garçon

L'objectif principal de la formation est de sensibiliser les enseignantes et enseignants à la question des stéréotypes de genre et de les inciter à réfléchir sur leurs propres pratiques pédagogiques. La formation vise à leur donner les outils nécessaires pour reconnaître les biais de genre présents dans leur posture d'enseignement, ainsi que dans les contenus abordés en classe. En prenant en compte les résultats des enquêtes sur le faible taux d'orientation des filles vers les métiers scientifiques, en particulier en physique, mathématiques et numérique, les participantes – puisqu’uniquement des femmes se sont inscrites à cette formation – sont encouragées à construire des séquences pédagogiques égalitaires.

L'une des participantes à la formation a souligné l'importance de la diversité des représentations dans le rôle des enseignantes et enseignants : "En tant qu’enseignantes, notre rôle est d’offrir des possibles aux élèves, donc ça pose la question de la diversité des représentations, elle doit être la plus large possible.". Cela reflète l'engagement des enseignantes et enseignants à créer un environnement éducatif inclusif, où les élèves peuvent s'identifier à des modèles variés, indépendamment de leur genre. En remettant en question les stéréotypes et en mettant en avant des exemples de femmes scientifiques et technologues, la formation encourage une approche égalitaire de l'enseignement des sciences.

Des temps forts pour une prise de conscience collective

La formation « Rétablir l'égalité des chances dans les matières scientifiques » propose différents temps d'apprentissage afin de varier les pratiques.

Durant la première journée de formation, les participantes ont pu reconnaître leurs propres biais de genre et les déconstruire avec des exercices interactifs. Nous en avons également appris davantage sur l’historique des avancées en matière d'égalité des genres et des biais présents dans la société grâce à un jeu de l'oie créé par l’association Parité Science, comme outil de sensibilisation ludique. Après avoir mis en lumière les enjeux de la mixité femmes-hommes, les causes de la ségrégation et les moyens de lever les freins à l'engagement masculin, les stagiaires ont pu observer directement sur le terrain. En effet, quoi de mieux que d’analyser les biais de genre directement présents dans nos établissements ? Les participantes étaient invitées à analyser les ressources disponibles au CDI, qu’il s’agisse des auteurs et autrices, ou des types d’ouvrages disponibles, mais également les comportements des élèves dans la cour de récréation, et surtout les différences entre les filles et les garçons, ainsi que les appréciations figurant sur les bulletins scolaires. Enfin, pour terminer la première journée, nous avons échangé sur l'inclusion en classe permettent aux enseignantes de partager leurs pratiques et d'explorer les outils pédagogiques favorisant l'égalité.

Au cours de la deuxième journée de formation, les stagiaires ont pu revenir sur les observations faites dans leur classe depuis la première journée de formation. Le bilan semble être que les garçons ont tendance à prendre plus facilement l’initiative, parfois au détriment des jeunes filles, et que la répartition des tâches dans les groupes de travail mixtes est très caricaturale. Pour répondre à ces problématiques, l’une des intervenantes a expliqué l’importance d’une communication égalitaire et inclusive, en mettant bien en avant que cela ne s’arrête pas, voire ne dépend pas, de l’écriture inclusive, mais qu’il s’agit de s’adresser de manière à intégrer l’ensemble des élèves. Les participantes ont ensuite pu retracer l’histoire des sciences grâce à un jeu sous forme de frise chronologique pour mettre en avant des femmes scientifiques de l’ombre ayant fait avancer leur domaine scientifique grâce à leurs recherches et leurs découvertes. Enfin, la journée s’est terminée sur des apports théoriques et scientifiques chiffrés afin d’établir des constats et de comprendre certaines hypothèses pour déceler les biais de genre au sein des établissements scolaires.

Une formation basée sur des recueils de données scientifiques

La formation a offert aux participantes une occasion unique d'acquérir une compréhension approfondie des biais de genre et de leur impact sur notre société avec un fondement solide dans les données scientifiques.

Tout au long de la formation, les participantes ont été encouragées à se plonger dans les faits scientifiques afin d'explorer et de comprendre les mécanismes complexes qui sous-tendent les biais de genre. Les tests réalisés au début de la formation par les participantes ont ensuite été auto-analysés, ce qui a permis d'adopter une perspective scientifique, ne se basant pas sur des conjectures ou des idées préconçues. Les observations directes réalisées dans l’environnement scolaire répondent à une démarche scientifique pour analyser et interpréter de manière effective les comportements des élèves. Cette approche concrète et ancrée dans la réalité a permis aux participantes de cerner les biais de genre au sein même de leur établissement. Ces observations ont d’ailleurs été réutilisées par les stagiaires entre les deux journées de formation, dans leur propre classe. Elles ont appliqué ces méthodes d’observation pour récolter de nouvelles données et consolider leur compréhension de ces biais tout en identifiant des pistes d’action pour les réduire.

Enfin, l’ensemble des exposés réalisés par les intervenantes se sont basés sur des apports scientifiques sourcés et chiffrés, notamment sur l’impact du langage sur la représentation mentale de la ou du destinataire. Ces connaissances ont élargi leur vision et les ont aidées à réfléchir de manière plus critique à leur propre communication dans le contexte éducatif.


La formation a permis aux participantes d'approfondir leur compréhension des biais de genre à travers une démarche basée sur des données scientifiques. Les tests, les observations, les investigations individuelles et les apports scientifiques ont tous contribué à éclairer les participantes sur les mécanismes complexes en jeu. Grâce à cette approche scientifique, elles sont désormais mieux équipées pour faire face aux biais de genre et pour favoriser un environnement éducatif plus inclusif et égalitaire.