Les CCST au jardin du Lautaret : entre découverte, création et prototypage
Publié par Sam Lefebvre, le 8 novembre 2022 910
Le 10 et le 11 octobre 2022, tous les élèves en Master 2 Communication et Culture Scientifiques et Techniques de l’Université Grenoble Alpes se sont rendus au Jardin du Lautaret à 2100m d’altitude ! Pourtant, le jardin a fermé ses portes aux publics depuis le premier week-end de septembre. Alors, que faisions nous là-bas ? Nous ne nous sommes pas déplacés pour jouer les touristes mais bel et bien en tant que futur.e.s professionnel.le.s pour répondre à une commande. L’objectif ? Proposer des prototypes de projets pour répondre à la question : “Comment montrer que le Jardin du Lautaret est un haut lieu de science et pas seulement un joli jardin ?”. Notre mission éclair s’est déroulée sur quatre jours, deux sur place, au jardin, et deux à la Maison de la Création et de l’Innovation (MACI) sur le campus universitaire.
Au bout de ce temps, nous avons présenté nos travaux à Céline Boudard, la chargée de communication du Jardin du Lautaret, mais aussi à Mikaël Chambru, responsable du master et enseignant et Laura Schlenker, qui nous a encadré.e.s et guidé.e.s tout au long de ce projet.
Repérage et brainstorming au jardin du Lautaret
Lors de la première phase de ce sprint créatif, nous avons passé deux jours dans les locaux du Jardin du Lautaret pour stimuler notre créativité, prendre conscience des lieux et créer une dynamique de groupe propre à ce projet. Nous nous sommes partagés en quatre équipes : les Manivelles, Un ou deux maux, la Team Cactus et nous : l’équipe Van Der Wall.
Après avoir visité le jardin, ses espaces de recherche et son espace muséographique, nous avons mis en place un brainstorming pour mettre en commun toutes nos idées, même les plus farfelues. Ensuite chaque équipe a choisi une idée ou un groupe d’idées à concrétiser. Notre choix, en tant qu’équipe, s’est porté sur la mise à jour de l’espace muséographique, en nous concentrant particulièrement sur le renouvellement d’un panneau consacré à la démarche scientifique.
Précisons que ce choix n’est pas entièrement arbitraire : une des raisons de la commande du Jardin du Lautaret est le constat que leur espace muséographique, créé en 2017, ne retient que très peu les publics. Nous avons voulu explorer les possibilités de changement subtils qui pourraient changer la donne. Visiter le jardin et échanger avec Céline nous a permis de cerner au mieux les attentes et le contexte autour de notre projet de prototype pour ensuite mieux nous lancer !
Lors de ces deux jours, nous avons dégagé les points précis sur lesquels nous voulions travailler pour rendre l’espace plus attractif :
- L’aménagement de l’espace muséographique crée un chemin en diagonale qui mène le visiteur directement de l’entrée à la sortie, sans ouvrir de manière évidente sur le reste des contenus disponibles.
- De plus, l’espace est proposé comme un espace d’attente avant la visite guidée et n’est de fait pas très confortable, son esthétique suggère une salle de passage plus qu’un endroit où explorer et prendre le temps d’observer.
- Enfin, les textes sont tous traduits en anglais et en italien mais ces traductions ne sont pas clairement séparées des textes en français, ce qui de loin, donne l’impression qu’il ne s’agit que d’un seul texte très dense et donc peu attrayant. Nous voulions travailler sur tous ces points pour que les publics se sentent plus accueillis et à l’aise dans cet espace muséographique.
- Lors de la visite du jardin et de ses espaces de recherche nous avons découvert des expériences et des plantes extraordinaires qui nous ont mené à vouloir aborder le panneau sur la démarche scientifique par le prisme des plantes aux propriétés surprenantes, de manière à rattacher l’image du jardin botanique à l’aspect scientifique du JDL. Après avoir fait ces choix, il était temps de les concrétiser !
Développement des prototypes à la MACI
Le mardi soir, nous sommes rentrés à Grenoble pour reprendre d’attaque le mercredi matin, cette fois à la MACI. Nous entamons deux jours durant lesquels nos prototype de projets vont prendre vie. Notre équipe se divise alors : Matthieu travaille sur le réaménagement de l’espace grâce à un logiciel de modélisation 3D pour modifier le sens de circulation et rendre l’espace plus accueillant, Léa et Arthur préparent le contenu du panneau censé remplacer le panneau “démarche scientifique” tandis que Sam travaille sur l’aspect graphique des futurs panneaux et des retouches photos suggérant quelques améliorations de ceux existants. Place aux explications des membres de l'équipe.
Matthieu :
J’ai d’abord réfléchi, avec le reste du groupe, à un moyen de casser cette diagonale qui mène les visiteurs directement vers la sortie, avec comme contrainte de ne bouger qu’au minimum le mobilier et de garder une certaine cohérence dans la scénographie. Après plusieurs tentatives, on a réussi à sortir un plan final proposant un bon compromis entre facilité de mise en place, cohérence et liberté de mouvement des publics. Nous avons donc opté pour “la stratégie IKEA”, en proposant un parcours fermé guidant les visiteurs à travers toutes l’exposition jusqu’à la sortie, de manière à exploiter tout l’espace. Pour éviter toute sensation d’enfermement, Sam à construit un panneau de sortie qui serait placé de manière à être visible de n’importe où dans l’exposition.
Pour faciliter la visualisation de ce nouvel agencement, j’ai choisi de présenter le plan sous forme de modélisation 3D avec le logiciel Sweet Home 3D. N’ayant pas de cotes à disposition, j’ai dû travailler à partir des photos que nous avions prises de l’exposition durant notre séjour, heureusement pour moi, elles sont nombreuses. Cette modélisation permet de se déplacer dans la nouvelle disposition comme si on y était, en plus de permettre une vision aérienne et plus globale de l’espace.
Arthur & Léa :
Pour le nouveau panneau d’exposition, nous voulions garder le thème de la démarche scientifique mais l’aborder sous un angle détourné : celui des plantes et de leurs propriétés. Mais surtout nous voulions illustrer la démarche scientifique à l’aide des recherches effectuées au Jardin du Lautaret. Nous avons commencé nos recherches sur l’une des nombreuses plantes étudiées au jardin : la cardamine. Cette plante a la capacité de se développer sur des sols où sont présents des composés chimiques toxiques comme des métaux lourds ou des hydrocarbures !
Pour comprendre la Cardamine et les recherches à son sujet, nous nous sommes basé.e.s sur les fiches de vulgarisation des expériences menées au jardin, produites par notre camarade Mathis. Nous avons également fait des recherches supplémentaires pour approfondir et mieux comprendre le sujet. A partir de ces informations nous avons choisi de séparer le panneau en plusieurs parties explicatives qui serait en premier lieu au sujet de la plante et des recherches mais les différentes étapes expliquent la démarche scientifique. Nous commençons donc par expliquer pourquoi la Cardamine, et pourquoi elle est étudiée au Lautaret, pour planter le décor. Ensuite nous avons décrit simplement les mécanismes à l'œuvre chez la Cardamine qui lieu permet de survivre au substance toxique. Cela nous conduit naturellement aux hypothèses qu’ont formulées les chercheurs pour expliquer l’apparition de ces défenses chez la Cardamine. La suite est la mise en place d’expériences permettant de vérifier si les hypothèses sont vraies.
Le nouveau panneau parlant de la Cardamine et des recherches menées sur elle au Jardin du Lautaret est illustré par Sam et Arthur afin de rendre ces explications plus faciles à comprendre. La démarche scientifique est expliquée en prenant l’exemple d’une expérience réellement menée au jardin, permet de mettre en avant à la fois une plante et ses spécificité mais aussi de montrer que le Jardin du Lautaret est un lieu de science.
Sam :
Pour que l’espace soit vraiment perçu comme un lieu d’exposition et pas d’attente, Matthieu a suggéré l’installation d’un panneau d’entrée qui accueillerait les publics en leur présentant les objectifs de l’espace muséo : mettre en valeur l’histoire et le travail de recherche du jardin. Je me suis attelé à sa création ainsi qu’à celle d’un panneau de sortie qui remercie les publics de leur visite, rappelant ainsi qu’il s’agit bien d’un espace de découverte à part entière. Par ailleurs, pour que les textes de toute l’exposition aient l’air moins denses, j’ai simulé l’ajout sur les panneaux existants de traits de séparation entre les traductions ainsi que de drapeaux italien et anglais pour désigner les traductions et les langues dans lesquelles elles ont été faites. Les drapeaux créent ainsi un marqueur visuel plus frappant qui permet de faire la distinction plus vite et de plus loin.
J’ai consacré une grosse partie du temps restant à mettre en image le nouveau panneau, en dessinant une fleur de cardamine et en créant le design tout en s’inspirant des panneaux déjà existants afin de ne pas dénoter, notamment au niveau des couleurs.
Fin du sprint créatif : ligne d'arrivée et bilan
Nous avons terminé ces 4 jours en présentant nos projets à l'oral, l'occasion pour nous de faire le point et de prendre du recul sur notre travail, notre démarche et nos idées.
Cette semaine fut haute en couleurs et très intense mais également très stimulante pour notre créativité et nous avons su être compétents et productifs malgré les délais réduits. Nous avons été très efficaces dans la répartition des tâches et dans la coordination du groupe en général. Bien sûr, les contraintes de temps furent plutôt frustrantes, avec plus de temps nous aurions pu proposer quelque chose de plus qualitatif et de plus complet, il y a plusieurs aspects auxquels nous avions pensé mais que nous n'avons pas eu le temps de traiter.
Nous avons quand même su faire ressortir des problématiques concrètes suivies de solutions plausibles et applicables. Nous ne savons pas encore ce qui va être retenu de notre projet mais nous sommes fier.e.s du travail accompli.
Par Sam Lefebvre, Matthieu Demange, Léa Develioglu & Arthur Vial
Etudiant.e.s en M2 CCST