Léa Deshusses : une militante à la frontière entre Arts, Sciences et Écologie.
Publié par Zoé Meiller, le 19 décembre 2024 87
Rencontre avec Léa Deshusses, qui coordonne depuis 2018 le festival «Experimenta». À travers cette initiative phare, elle explore les liens entre arts et sciences, offrant une approche novatrice, collaborative et interdisciplinaire. Portant aussi des valeurs écologiques et sociétales, elle milite pour une réflexion engagée sur les grands enjeux de notre époque.
Un parcours riche et éclectique.
En tant que cheffe de projet de la Biennale « Experimenta », Léa Deshusses occupe un poste au cœur de la thématique « Art-Sciences » au sein de l’Hexagone.
Cette femme engagée et dynamique a eu un parcours riche et éclectique avant d’occuper ce poste. Elle crée un festival littéraire durant ses 2 années passées au consulat de France à Toronto, travaille ensuite au service communication d’une maison d’édition puis du musée d’art contemporain de Grenoble. Ayant des fourmis dans les jambes, elle part 1 an en Colombie afin de mettre ses compétences au profit d'un centre d’art. De retour en France, elle est embauchée par le CRDP et organise des formations pour les enseignants et des animations auprès des scolaires en partenariat avec Terre Vivante. Ce n’est qu’en 2018 qu’elle rejoint enfin l’Hexagone.
L’évolution de l’approche Arts-Sciences.
Travailler sur la thématique art-science n'était pas une vocation, c’est plutôt par « opportunisme » que Léa l’a découverte et en a fait sa passion. La façon d’aborder ce thème a beaucoup évolué au sein de l’Hexagone. Au début, de part l’environnement très technophile du bassin grenoblois, cette mise en relation art-science ne concernait que les sciences dites « dures » et visait essentiellement à intégrer des objets technologiques dans les œuvres des artistes. Par la suite, ce domaine s’est ouvert aux Sciences Humaines et aux grands enjeux de notre société moderne. Maintenant ce concept art-science vise plutôt à mettre en relation un artiste et un scientifique sur des temps longs afin que cette expérience les nourrisse dans les deux sens. La réflexion de l’artiste est alimentée par ces échanges transdisciplinaires ce qui influence sensiblement les œuvres réalisées. De même, le regard porté par l’artiste aide le scientifique à adopter des approches novatrices et un regard décalé sur sa recherche.
“Expérimenta”, un projet fédérateur et innovant.
Cette approche Arts-Sciences étant l’ADN de l’Hexagone, en 2007 l’équipe décide de lancer un festival pour mettre à l’honneur cette thématique sur tout le territoire : « Experimenta » était né. Cette décision était d’autant plus justifiée que de nombreux binômes chercheur-artiste produisaient fréquemment des œuvres à l’issue de leur collaboration et cet événement allait leur permettre de les présenter au public.
Pendant une semaine, des spectacles, des expositions, des ateliers mêlant arts et sciences sont proposés au grand public, en présence des artistes, des scientifiques ou de médiateurs afin d’expliquer la démarche créatrice. La préparation et l’organisation de cette Biennale est fédérateur pour toute l’équipe de l’Hexagone très motivée pour participer à cet événement majeur.
Stimuler la curiosité du public mais aussi porter des valeurs.
Les œuvres proposées sont souvent très originales et décalées, ce qui suscite questionnement, étonnement et curiosité de la part du public. Mais elles portent aussi en elles un regard sur notre manière de vivre. En ce sens, l’association arts-sciences permet de mettre en lumière les grands enjeux de notre société moderne. Léa porte haut ces thématiques au sein de l’Hexagone et considère que la mise en réseau de l’artiste avec le scientifique leur permet « d’entrevoir ensemble de nouveaux imaginaires » et de ne pas « pour une meilleure compréhension de notre monde » . De plus l’Hexagone rejoint le collectif « Les VerdoYantes », fruit d’une collaboration avec le Centre Chorégraphique National de Grenoble (CCN), qui regroupe des acteurs locaux du spectacle vivant et dont le but est de minimiser l’impact environnemental du secteur, …« se mettre en réseau pour voir que l’on n’est pas seul à agir ». Ce collectif agit notamment sur les domaines du transport en proposant des solutions de covoiturage, de l’alimentation au travers des repas végétariens servis à la Biennale et bien d’autres encore.
D’autres sujets sont encore sensibles comme l’usage du numérique dans les spectacles vivants alors que l’on connaît bien l’aspect très énergétivore du recours à ces technologies.