Le “nichoir à histoires” : un projet collaboratif pour susciter le goût de la lecture et du conte

Publié par Laurent Ducerf, le 24 mars 2016   3.8k

Raconter une histoire, c'est faire un cadeau :

celui qui offre son interprétation personnelle d'un texte y prend autant de plaisir que celui qui reçoit les mots, les intonations et les images qu'elles provoquent... Enfants, nous sommes friands de ces récits, synonymes de moments privilégiés avec nos proches. Adultes, nous sommes touchés par la lecture d'une courte nouvelle, ou intrigués par la lecture d'un extrait de roman.

Présenté le 6 avril 2016 au forum des projets EchoSciences, le “nichoir à histoires” prolonge l'art du conte via un dispositif conçu pour être installé en bibliothèque. Au-delà de son équipement multimédia, l'originalité du projet tient dans la recherche d'une collaboration la plus large possible pour imaginer les usages de ce dispositif et expérimenter avec les usagers.

Les acteurs possibles de ce projet sont donc innombrables :

  • associations locales de conteurs, autres associations culturelles...
  • personnels des bibliothèques, éditeurs...
  • usagers des bibliothèques, non-usagers...
  • adultes, enfants...
  • grands lecteurs, petits lecteurs...
  • amateurs de fiction, de documentaires, de films...

... sans compter ceux qui souhaiteraient se mêler des questions techniques (menuiserie, informatique, etc.).

Vous avez dit “nichoir” ?

Avant tout, le nichoir est un petit endroit douillet où l'on vient écouter une histoire, une cabine semi-ouverte dans laquelle on s'assied confortablement, à l'abri du bruit ambiant.

Un écran tactile guide l'utilisateur, permet de naviguer de façon intuitive dans l'histoire, affiche les illustrations, propose d'éventuel prolongements à l'univers du conte...

De petites enceintes, situées à proximité des oreilles de l'usager, diffusent le récit à volume modéré.

Ainsi, le nichoir est un dispositif simple, léger, peu coûteux à fabriquer et à maintenir, facile à installer et à déplacer.

Un exemplaire du livre pour clé

Comme dans l'installation Livre In Room de Joris Mathieu, c'est l'identification d'un livre qui permet de déclencher l'écoute du conte. La machine ne se substitue pas à l'exemplaire papier, elle l'augmente d'une interprétation.

De ce fait, l'usager peut choisir et feuilleter le livre avant l'écoute, puis prolonger le voyage chez lui s'il l'emprunte : la (re)lecture bénéficie alors de l'ambiance distillée dans le nichoir, du timbre des voix...

Auditeur, conteur ou critique

D'usage simple, le nichoir à histoires s'adresse aux enfants comme aux adultes. En revanche, les usages diffèrent selon l'âge.

Les enfants les plus jeunes auront à cœur d'écouter le conte en intégralité, les illustrations étant reproduites sur l'écran, synchronisées avec l'écoute. Pour eux, le dispositif promet de beaux moments de plaisir qu'ils pourront se repasser à l'envie.

Pour les plus grands, la lecture intégrale d'une œuvre ne semble pas adaptée. L'idée est plutôt de proposer un extrait marquant d'un livre et donner envie à l'usager d'emprunter et poursuivre la lecture chez lui.

S'il le souhaite, l'usager peut aussi contribuer au projet en prêtant sa voix, soit pour lire un album jeunesse dans son intégralité, soit pour choisir et lire l'extrait d'un roman.

Enfin, l'usager peut enregistrer une critique au sujet d'un roman, d'un documentaire ou d'un film.


Associer les associations

Les événements organisés autour du conte, notamment par les bibliothèques, rencontrent un succès important : les conteurs, parfois eux-mêmes auteurs, transportent le public avec talent.

Au-delà de ces interventions ponctuelles, le projet nichoir à histoires constitue une opportunité de valoriser le travail effectué par ces conteurs sur la durée et de faire connaître leurs associations locales. Leur collaboration permettrait d'alimenter les nichoirs d'un contenu de grande valeur, tant par le choix des textes, par l'interprétation, que par la qualité technique des enregistrements qui pourraient être réalisés.

La participation d'autres associations culturelles pourrait également amener des contenus riches et diversifiés. On pense notamment aux associations de théâtre avec qui il serait possible de travailler sur la vidéo en complément du texte. Mais le croisement avec toutes sortes de structures pourraient apporter des idées et des réalisations surprenantes : associations jeunesse, écoles de musique et de chant, collectifs d'arts visuels, etc.

Associer les éditeurs jeunesse

Lire publiquement l'extrait d'une œuvre est une liberté instaurée par le droit français. En revanche, en lire l'intégralité ou reproduire les illustrations (même sur écran) suppose d'obtenir une autorisation des ayants droit. Il est donc primordial d'associer quelques éditeurs de littérature jeunesse à ce projet afin de pouvoir verser du contenu accessible pour les plus jeunes.

Notons que la consultation du contenu multimédia n'est pas indépendante de l'exemplaire physique du livre, il s'agit avant tout d'une mise en valeur de l'œuvre.

On a quelques idées, on a une maquette...
mais tout reste à faire !

Ce projet est largement collaboratif, la première étape consiste à faire connaître la démarche et organiser les échanges entre les personnes intéressées. À ce titre, la présentation au forum des projets EchoSciences sera décisive. Si vous ne pouvez pas vous y rendre, ou si nous n'avons pas l'occasion de nous rencontrer, n'hésitez pas à me contacter via EchoSciences ou Twitter.

À bientôt !

Laurent Ducerf



Crédits photographiques : Aline Dassel (lecture avec grand-mère).