Le master CCST sur la trace des fulgurites
Publié par Camille Geourjon, le 25 septembre 2023 580
Le 11 septembre 2023, aux alentours de 9h, les étudiant.e.s du M2 CCST sont arrivé.e.s à Chamrousse, encadré.e.s par Laura Schlenker. Détrompez vous, nous ne retournions pas en vacances, mais étions bien présents dans le cadre des cours, et plus précisément un module intitulé « Scénariser l’information scientifique ».
Le but de ce séjour ? Imaginer un dispositif de médiation et le prototyper pour le jeudi suivant, soit en 4 jours. Notre équipe, composée de Noé, Camille, Flavie, et Margaux, plus simplement appelée les Jolly Rogers, a pu travailler sur la création d’une bande dessinée. Avant de vous en dire plus sur ce projet, revenons un peu sur notre commande et notre processus créatif.
En effet, nous ne sommes pas venus à Chamrousse uniquement pour la vue. Il se trouve qu'au-delà de sa nature de station de ski de moyenne montagne, c’est aussi un haut lieu de géologie. Depuis peu, des chercheurs de l’ISTerre, le deuxième plus important laboratoire des sciences de la terre de France, retravaillent sur cette géologie particulière afin de mieux comprendre l’histoire de de la station.
Ainsi, Carole Cordier, Fabrice Brunet et Benjamin Malvoisin ont pu nous expliquer que Chamrousse est un ancien plancher océanique. Cela signifie qu’il y a quelques centaines de millions d’années, la chaîne de montagnes sur laquelle se trouve Chamrousse a été créée lorsqu'un ancien océan s’est refermé. En plus de cela, sur place, la croûte océanique s’est retrouvée au-dessus de la croûte continentale, formant ce qu’on appelle une ophiolite. La vraie particularité du lieu réside dans le fait que l’ophiolite de la station est retournée, comme une crêpe en cours de cuisson. Le sol sur lequel nous marchons n’est pas la croûte océanique, mais le manteau terrestre, une couche profonde habituellement difficile d’accès pour les chercheurs.
Parallèlement à ces études géologiques, la ville souhaite renforcer son attractivité touristique estivale en mettant en valeur ses sentiers de randonnées. Nous avions donc une double commande, mettre en valeur le travail des chercheurs sur la géologie de Chamrousse, et créer un dispositif pour les familles qui y viennent.
Notre première journée fut consacrée à discuter avec Audrey, employée de la maison de l’environnement pour connaître leurs objectifs, ainsi qu’avec les chercheurs de l’ISTerre pour bien comprendre les notions-clés de la géologie de Chamrousse et leurs objets d’études. Dans un deuxième temps, nous sommes montés en leur compagnie à la croix de Chamrousse pour observer ce dont on avait discuté le matin même.
Après une bonne nuit de sommeil bien méritée, nous avons commencé dès le lendemain un travail autour de la création des dispositifs. Au-delà de ça, cette semaine était aussi l’occasion de nous permettre d’exercer notre pensée créative, d’identifier nos freins à la création et consolider nos connaissances en gestion de projet, réalisation de médias et prise de parole en public.
Notre première étape ? La problématisation. Avec toutes les informations reçues la veille nous avons tous ensemble réfléchi à problématiser la commande afin de mettre en place des projets cohérents entre les groupes de la promotion. Nous avons fait le choix de créer des dispositifs répondant à la problématique suivante : « Comment initier le public familial novice à la curiosité géologique de Chamrousse à travers le travail de recherche des géologues de l’ISTerre ? ».
Par la suite, nous avons commencé le travail d’idéation. Nous avons émis toutes les idées de dispositifs qui nous passaient par la tête, avant de voter pour 4 idées que nous préférions. Les 4 idées sélectionnées ont ensuite été réparties entre les 4 groupes de la classe. Le nôtre, les Jolly Rogers, s’est occupé d’un projet de BD/Fanzine.
Une fois notre sujet connu, nous avons commencé à réfléchir à comment réaliser une BD pour répondre à la demande de nos commanditaires.
Notre première idée était d’inclure la mascotte de Chamrousse, Téo le renardeau, afin d’avoir un projet qui s'inclut dans l’esprit des précédents projets mis en place par la commune. Nous avions notre héros, il fallait maintenant se poser la question de quelle forme allait prendre cette BD, et les idées fusent : suivre Téo lors d’une randonnée, faire une BD dont vous êtes le héros, avoir pour sujet principal les fulgurites, les roches frappées par la foudre, la présence d’autres personnages animaux qui seraient des scientifiques,...
Après de nombreuses discussions et une prise en compte des 48h restantes pour mener à bien ce projet, nous avons choisi de faire de la fulgurite notre fil rouge. Téo allait donc partir à la recherche de la fulgurite. Durant son périple il sera amené à rencontrer différents animaux scientifiques, Samson le hérisson, un physicien, Charlotte la marmotte, une géologue, Didier le casse-noix moucheté, un astrophysicien, et éventuellement d’autres personnages. Le chemin emprunté par Téo pour chercher la fulgurite serait une randonnée faisable par notre public-cible à Chamrousse. D’ailleurs, une carte détachable serait intégrée à la bande dessinée pour montrer le parcours de randonnée et les endroits où Téo rencontre les autres animaux.
En fin d’après-midi, nous avons pu pitcher une première fois nos projets devant Audrey (MDE), Pascal Agamennone, le directeur des services de Chamrousse, Christopher Hardy, directeur de l’office de tourisme ainsi que Fabrice Brunet, chercheur à l’ISTerre. Ils ont pu nous faire un premier retour et nous confirmer l’éventuelle réalisation de ces projets. C’est d’ailleurs suite à ces retours que Fabrice Brunet nous a suggéré de rajouter une biologiste pour parler des liens entre fulgurites et recherche sur les origines de la vie.
Le mercredi, alors de retour à Grenoble, nous avons pu commencer le prototypage de nos projets. Nous avons listé ce que nous devions faire, et nous sommes réparti les tâches. Noé et Camille se sont occupés de réaliser un dossier avec des informations sur les phénomènes scientifiques que nous souhaitions aborder dans la BD. Flavie a commencé à dessiner les personnages et Margaux a écrit le synopsis de notre histoire. A partir du synopsis, Noé à commencé à écrire une bonne partie du scénario, que Flavie allait utiliser pour prototyper la première planche de la BD. Camille, de son côté, s’est penché sur la budgétisation réelle que pourrait avoir le projet.
Voilà déjà venu le jour de la présentation orale devant les commanditaires, le jeudi. Nous avons commencé par faire un point sur le prototype. Flavie a réussi à nous proposer une magnifique galerie de personnages, ainsi que les premières cases de la BD et des cases illustrant ce qui pourrait se passer dans le reste de notre scénario.
Peu après, nous avons commencé à réfléchir à la scénarisation de notre oral. Avec toute la classe, nous avons choisi un ordre de passage pour que chaque projet soit relié au suivant. Nous étions les premiers à passer. Nous avons choisi de présenter nos personnages et le synopsis ainsi que de jouer la première scène du scénario avec Téo et Samson façon pièce de théâtre.
Bien que la classe ait été divisée en 4 groupes travaillant chacun sur un dispositif différent, le but de ce projet et du design thinking étaient de mettre la créativité de chacun.e, la collaboration au sein et entre les équipes au service de l’innovation. Suite aux oraux des 4 groupes, les retours des commanditaires ont été assez élogieux. En effet, après une semaine de hackathon, nous avions 4 très beaux projets, très bien aboutis, et qui semblent plaire aussi à la ville de Chamrousse et au reste des commanditaires.
Alors si vous entendez parler d’un renardeau nommé Téo qui part sur la trace des fulgurites, nous y sommes sans doute pour quelque chose !