Le cerveau s'épuise - L'Echo des médias sur RCF
Publié par Echosciences Grenoble, le 20 mars 2024 460
Depuis septembre 2019, RCF Isère offre du temps d'antenne à Echosciences Grenoble, tous les jeudis à 12h05, dans "l'Echo des médias" des "Midis RCF" présenté par Nicolas Boutry. L'occasion de vous parler des derniers contenus intéressants partagés par les membres d'Echosciences. Retrouvez toutes les chroniques dans ce dossier ou sur le site de RCF-Isère !
La chronique du 14 marsr 2024 par Chloé Ettouati, en son et en texte ci-dessous :
Sur RCF Isère, c’est l’heure de l'Écho des médias. Aujourd’hui, nous accueillons Chloé Ettouati, stagiaire chargée de projets à Territoire de sciences. Bonjour Chloé !
Bonjour Nicolas !
Vous allez nous parler de notre cerveau.
Tout à fait et pour illustrer ça, j’ai une petite question pour vous Nicolas : est-ce que vous avez déjà fait un ultra-trail ?
La course qui consiste à courir au moins 80 km comme l'Ultra-Trail du mont-Blanc à 171 km ? NONNNNNNN ;)
Ok alors je vais vous raconter une histoire, l’histoire d’un coureur de l’ultra trail !
Alors qu’il attaque la course de nuit, ce coureur distingue à une vingtaine de mètres devant lui, un autre traileur. Il accélère pour le rattraper mais l’autre accélère aussi. L’intervalle entre eux se maintient alors il renonce et ralentit. Mais voilà que l’autre cède aussi sur son allure. Le petit jeu continue quelque temps, puis notre coureur décide de faire une pause pipi. Stupeur : le coureur qui le devance s’est aussi arrêté, pour la même raison ! Vite, remballer le matériel et en profiter pour enfin le rattraper ! Mais l’autre déguerpit à l’instant même. C’est alors que notre traileur réalise qu’il s’agit d’une hallucination : le coureur qui est devant lui et qui reproduit exactement son comportement, n’est autre que lui-même !
Ce qui vient de se passer, c’est ce que l’on appelle l’agentivité : se sentir (ou pas) agent de son action.
C’est notre cerveau qui fait ça ?
Et bien dans le quotidien, nous et notre cerveau sommes happés par plusieurs tâches que nous sommes capables de réaliser en simultané car certaines sont automatisées : on peut cuisiner son plat favori et assurer une conversation soutenue car on connaît la recette par cœur.
Notre cerveau est l’organe le plus glouton de l’organisme, et ce n’est pas pour rien. En effet, il n’est jamais au repos. Un cerveau qui s’absente, c’est encore un cerveau au travail.
Et pour notre coureur d’ultra trail ?
Et bien pendant la course, généralement le cerveau n’a pas d’autres tâches à réaliser. Bien qu’il ordonne de contourner la branche sur le chemin, courir en tant que telle, c’est automatique. Le cerveau n’a rien à faire, mais n’avoir rien à faire, pour lui, ne signifie pas ne rien faire ! alors il s'ennuie...
Mais l’Humain lui, l’ennui, il l’a fui comme la peste parce qu’on se retrouve face soi-même et son petit contenu mental avec sa mesquinerie habituelle. Pas forcément le plus agréable vous en concevez.
Ok le cerveau de notre coureur, il s'ennuie. Mais les hallucinations dans tout ça ?
Si l’effort dure trop longtemps, que l’épuisement vient mettre son petit grain de sel, les choses se compliquent. Le réseau du mode par défaut ne tourne plus rond et les hallucinations surgissent.
Pourquoi ? Parce que la zone cérébrale la plus sujette à dérailler lorsque les conditions deviennent difficiles, est celle qui assure la cohérence et la critique de l’ensemble. Ce contrôle continu nous assure de la logique de ce qu’on est en train de vivre. Ça impacte donc nos perceptions mais aussi l’intégration de nos productions : je ne suis plus la personne à l’origine de cette respiration, cette voix, ou ce geste.
Poussé dans ses limites ultimes, le cerveau n’est plus au courant de ce dont il est à l’origine !
Assez impressionnant ! Est-ce que ce retranchement du cerveau lorsque ses limites sont dépassées s’applique dans d’autres contextes ?
Très bonne question Nicolas, et bien je vous invite à venir le découvrir par vous même ce soir à 18h30, à la conférence donnée par l’auteur de l’article Echoscience lui-même, Laurent Vercueil, neurologue au CHU Grenoble, et chercheur au LPNC.
A l’occasion de la semaine du cerveau, et accompagné de trois autres conférenciers, ils répondront à toutes vos questions.
« Le cerveau poussé dans ses retranchements » c’est ce soir à 18h30 au CHU Grenoble Alpes - Pavillon Vercors.
C'est noté ! Merci pour toutes ces informations, vous pouvez retrouver l'article sur Echosciences-Grenoble.fr.