Le CEA-Léti va surveiller l’aigle de Bonelli

Publié par Marc Jary, le 21 mai 2012   4.1k

Dans le cadre de Pepite, sa Plate-formE Pour l’Innovation Technologique pour les Entreprises,  le CEA Léti a développé une balise originale pour suivre le comportement de ce rapace méditerranéen particulièrement menacé. 

Il est considéré "en danger" dans la Communauté Européenne. La population d’aigles de Bonelli ne dépasserait  pas les 800 couples. Les causes de régression ne sont pas bien connues, mais elles sont  habituellement imputées à la persécution directe, la diminution des populations de proies, l'ouverture des chemins forestiers dans les sites de nidification, les dérangements pendant cette période et l'électrocution sur les lignes électriques [ndlr : voir le site consacré au rapace par le Ministère de l'Ecologie]

Le système mis au point par le CEA Léti permettra aux naturalistes d’étudier le déplacement du rapace et ses domaines vitaux. « Ultra-légère, cette balise de moins de 60 grammes permet la mesure et la transmission au sol des paramètres de position, cap et altitude toutes les dix minutes, explique Norbert Daniele, chef du projet au Département systèmes et intégration de solutions (DSIS) du Léti. Cette balise ultra basse consommation a ainsi une autonomie supérieure à un an grâce à l’apport d’énergie photovoltaïque et à sa gestion intelligente à bord de la balise ».

La balise du Léti, fixée sur le dos du rapace, permet de suivre ses déplacements

Plus petit que l’aigle royal, l’aigle de Bonelli mesure de 60 à 70 cm, a une envergure de 150 à 170 cm et pèse entre 1 500 et 2 000 grammes. La balise sanglée comme un sac à dos, ne perturbe pas l’animal.

« Ce système, qui comprend également une station sol pour la collecte des données a été testé en septembre 2011 sur un vautour de l’Himalaya qui appartient aux Rochers des Aigles dans le Lot, poursuit Norbert Daniele. Créée en 1997, cette structure accueille plus  de 400 oiseaux et propose au public la découverte des rapaces du monde entier dans le site de Rocamadour. « Les résultats obtenus permettent de suivre précisément le parcours de l’oiseau, les signaux issus des capteurs permettent de nouvelles études sur le comportement du rapace en vol et mieux appréhender son domaine vital afin de mieux le protéger », complète Norbert Daniele.

L’aigle de Bonelli se rencontre autour de la Méditerranée, au Proche et Moyen-Orient jusqu'en Asie. La France représente sa limite nord de répartition mondiale où il suit la limite de répartition de l’olivier. On le trouve dans trois régions françaises : Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur où il occupe les habitats de garrigues, les escarpements rocheux mais aussi les vallées et plaines cultivées (vignes, etc.).

L'aigle de Bonelli, ou Aquila fasciata

Ailleurs dans le monde, il niche dans les régions montagneuses rocheuses à faible altitude et peut par contre se rencontrer en plaine ou dans des zones marécageuses en hiver. A l'automne prochain, les naturalistes souhaitent capturer dans le sud-ouest de la France un aigle de Bonelli et l'équiper pour un test en vraie grandeur d’au moins un an. Cette étude est une initiative du Conservatoire des espèces naturelles du Languedoc-Roussillon, soutenue par la fondation Petzl. Le Léti, en collaboration avec un fabricant de matériel électronique va réaliser une nouvelle version étanche et robuste de la balise.

Cette balise est un bon exemple des compétences du Léti : systèmes embarqués, capteurs, microsystèmes, traitements du signal, communications sans fil, gestion de l’énergie… D’autres espèces non migratoires pourraient également bénéficier de ces travaux comme par exemple le Gypaète Barbu des Alpes. 

>> Illustrations : andy_li (Flickr, licence CC), CEA Grenoble, Soebe (Wikimédia commons)

>> Source : Article initialement publié dans le Journal interne du CEA Grenoble n°157 (mars 2012)