Dans la circularité de la vie, des malheurs peuvent être convertis en bonheurs. Le Lab Junior Yannick Sonnefraud , ou Lab-JYS, fait partie de ces événements qui, partant d’un malheur, se sont ensuite avérés être de fabuleuses initiatives, ici dans l’apprentissage des sciences. Cette année, cela fait 5 ans que le Lab-JYS transmet la science au sein du collège Aubrac en plein cœur du quartier de la Villeneuve entre Grenoble et Échirolles.

C’est en 2014 que le Lab-JYS prend naissance. Yannick Sonnefraud, qui étudie les propriétés optiques de la matière à l'échelle nanométrique, est chercheur CNRS. Suite à son décès cette année là, ses amis et sa famille veulent créer en sa mémoire une action d’éducation et d’éveil des enfants à la science. Ils se rapprochent alors du centre pilote La main à la pâte du collège Lucie Aubrac et de l’Institut Néel, dans laquelle Yannick effectuait ses recherches.

La beauté de ce projet réside dans le fait qu’il est mené au milieu des habitants de la Villeneuve, quartier plutôt difficile et plus connu par les difficultés qu’il endure que par ce type d’initiatives. Les objectifs du Lab-JYS sont les suivants :

• donner, par des activités éducatives, le goût des sciences à des enfants de préférence de quartiers défavorisés,
• susciter chez les élèves un plaisir d'apprendre et de pratiquer les sciences, inciter les  jeunes et notamment les filles à se tourner vers les carrières scientifiques,
• préparer le futur citoyen à comprendre le monde qui l'entoure et à appréhender les défis  sociétaux et environnementaux,
• mais aussi prolonger ainsi l'implication scientifique et pédagogique de Yannick  Sonnefraud, jeune chercheur disparu trop tôt.

Depuis sa première édition en 2015, le Lab-JYS s’est monté en association en 2017, puis a intégré le centre pilote La main à la pâte du collège Lucie Aubrac en 2019. Depuis 2020, il propose des activités mathématiques et va être répertorié dans le réseaux national des « clubs de mathématiques ».

Proposés dans le cadre de l’École Ouverte, les ateliers scientifiques du Lab-JYS sont destinés aux élèves du cycle 3 (CM-6ème). Gratuits et ouverts sur inscription, ils sont déclinés sur 5 ou 6 mercredis après-midi au cours de l’année scolaire. Ces ateliers sont animés par des chercheurs de l’Institut Néel ou provenant d'autres centres de recherches, par de jeunes ingénieurs et doctorants en étroite collaboration avec des professeurs des écoles et de collège. De nombreuses thématiques scientifiques sont abordées dans les ateliers (voir image au dessus).

A l’occasion de la journée d’anniversaire du 2 juin dernier, un livre d’or a été créé compilant des photos et témoignages de chercheurs, d'enseignants et d'élèves. Nous vous proposons de finir cet article sur la lecture du beau témoignage de Julien Delayahe, chercheur à l’Institut Néel :

« J’ai fait partie de l’aventure dès le début ou presque. Je ne connaissais pas Yannick, mais j’ai été comme tous les membres de mon laboratoire, très touché par son décès. Quand j’ai appris que ses parents, Françoise et Raymond, souhaitaient porter en sa mémoire un projet d’éducation et d’éveil des jeunes à la science, je ne pouvais que répondre positivement. « Donner par des activités éducatives le goût des sciences à des enfants, de préférence des quartiers défavorisés », « susciter chez les élèves un plaisir d’apprendre et de pratiquer les sciences », je me retrouvais entièrement dans les objectifs du Lab Junior.  J’ai ainsi, avec d’autres chercheurs du laboratoire et des amis de Yannick, constitué la première équipe d’animateurs pour le millésime 2015. C’était le début d’une belle aventure, portée par la gentillesse, la générosité et l’énergie de Françoise et Raymond. Et pour cette 6^ème saison qui s’annonce, je suis fier d’être toujours dans l’équipe et d’appartenir à la « famille » Lab Junior.

J’ai animé la première année un atelier sur les couleurs et la lumière, mon hobby. Puis j’ai proposé par la suite un atelier décentralisé à l’Institut Néel sur le thème du froid. Je savais qu’avec de l’azote liquide, on pourrait émerveiller les enfants, tout en abordant des notions scientifiques importantes, comme la chaleur, la température ou les changements d’états. Pour que l’atelier soit réussi, il fallait ajouter aux expériences de démonstration la fabrication d’un objet. Je choisissais un thermomètre à eau, et c’était parti ! Et chaque année depuis 2016 (sauf l’an dernier pour cause de COVID), une dizaine d’enfants viennent au laboratoire en tramway pour y passer l’après-midi. C’est une petite expédition pour eux et les accompagnateurs, mais c’est l’occasion de découvrir un laboratoire de recherche « en vrai ». Pour le laboratoire, c’est un des rares moments où nous accueillons du très jeune public, ce qui est particulièrement rafraîchissant.

Ce que je retiens de ces temps d’animation ? La joie des enfants, leur curiosité insatiable et leur enthousiasme devant les expériences proposées (et pas uniquement devant les gros gâteaux que l’Institut commande généralement pour eux). Et même si l’atelier ne dure que quelques heures, ils retiennent plus de choses qu’on ne le pense : un enfant qui était venu deux années de suite se souvenait de tout la deuxième fois, il aurait presque pu présenter l’atelier à ma place. C’est ça le Lab junior : des moments de partage, de belles rencontres et des petites graines semées dans les yeux des enfants, des graines qui les aideront certainement à grandir et à regarder le monde autrement.

Alors longue vie au Lab Junior ! Et merci à Françoise et Raymond.

Julien Delahaye »

Si vous êtes intéressés pour rejoindre l’équipe, ou pour toute autre information concernant le Lab-JYS, vous pouvez joindre Sophie Thuillier, coordinatrice du centre pilote La Main à la Pâte du collège Aubrac de La Villeneuve et organisatrice des activités du Lab-JYS depuis 2017 : sophie.thuillier1@ac-grenoble.fr

Autres sources :

- Echosciences du Lab-JYS : https://www.echosciences-grenoble.fr/membres/lab-junior-yannick

- Le Lab-JYS sur la MPLS-AD : https://www.maisons-pour-la-science.org/node/1472549

- Centre pilote Lucie Aubrac : https://www.maisons-pour-la-science.org/node/14191

Article rédigé par Lionel Favier, stagiaire à la Maison pour la science en Alpes-Dauphiné