La voici, la voilà !
Publié par Mathieu Barthelemy, le 6 mars 2016 3.9k
On ne va pas maintenir le suspens plus longtemps. Hier soir, samedi, vers 20h et par ciel clair, une lueur verte est apparue au Nord. L'espoir naît. Ce coup-ci, on la tient.
En plein réglage de Premier Cru, je vois tout le monde mettre ses chaussures en catastrophe. Anne [Vialatte, dotorante en planétologie] me dit : "Mathieu, il faut sortir ça claque !". Je finis le réglage, je lance les acquisitions et je sors. Un bel arc très dynamique orienté Est-Ouest. Du vert bien sûr, mais aussi du rouge et à un moment très court, du violet en-dessous.
Je vérifie les acquisitions de Premier Cru : on voit bien l'intensité augmenter même si l'instrument ne vise pas directement l'arc. La joie est double : l'aurore est très belle, tout le monde est content, mais le meilleur est que nous avons enfin de belles données avec Premier Cru.
Capture d'écran de la "caméra plein ciel" de l'Observatoire de Skibotn (par Hervé Lamy)
La journée avait commencé calmement. On décide de faire un détour en Finlande à Kilpisjärvi. Il y a dans cette ville un bar improbable que l'on avait découvert l'année dernière. L'idée est de déjeuner là-bas. Une petite heure de route dans une vallée magnifique. On s’arrête au Col du Galggogobba (572 m) pour prendre quelques photos.
Col du Galggogobba
On repart, on passe la frontière et on arrive dans cette ville étrange, une route le long d'un lac. Le centre se résume à une station-service, un supermarché et ce fameux bar.
Le lac gelé près de Kilpisjärvi
On réalise que l'on paye en Euros contrairement à la Norvège. Nous sommes sans doute dans un des endroits les plus au Nord où la monnaie est l'Euro. Kilpisjärvi est à quelques encablures de la frontière triple entre la Norvège, la Suède et la Finlande.
Après le déjeuner, on part pour une balade sur le lac. On voit des motoneiges, joli balai de phares vus de loin, aspirateurs bruyants et malodorants de près. En face de nous, une colline suédoise à quelques kilomètres. On voit une île qui parait proche mais les distances sont en fait bien plus grandes qu'on ne pourrait le penser dans cet univers tout blanc. Après 30 min de marche, le temps se couvre brutalement, le vent se lève et il se met à neiger. On revient aux voitures et on rentre sur Skibotn.
Photo de l'équipe en Finlande ©Anne-Marie Louvet
Repos avant le rush de la soirée...
L'aurore remplit le ciel, bouge, ondule, se tort, change de couleur, apparaît dans un point du ciel, disparaît puis au bout de 2h se calme, s'éteint tel un spectacle qui se finit. Le ciel reste clair, l'espoir est encore permis pour le reste de la nuit. SPP et Premier Cru acquièrent des données en visant le même point du ciel. On regrette de n'avoir pas eu de temps sur le radar ce soir mais il faut bien partager les priorités. Ceux qui ont les données d'aujourd'hui sont plus chanceux.
Il y a 13 ans, fin 2003, je faisais une de mes premières campagnes de mesure à la fin de ma thèse. Et là nous avions eu de la chance. Une série d'explosions solaires, les fameux "Halloween Storm", plus fortes explosions solaires des 30 dernières années. Nous étions au radar et nous avions pu avoir des données pendant une semaine en continu. Cette année-là, c'est nous qui avions été chanceux.
La moisson 2016 s'annonce bonne. Avec les données de Premier Cru, de SPP et celles de l'instrument hollandais cela fait du travail pour l'année à venir à Grenoble. Si nous devions partir demain, nous pourrions dire "Mission accomplie !" mais il reste encore quelques nuits d'observation... si la météo est clémente !!!
@LadyLunisis on la voit pas depuis Grenoble mais on est quand même vachement content !!
— Théo (@Prorider74) 5 mars 2016
>> Crédits : aurore boréale, col et lac par Anne Vialatte