La Russie franchit-elle un nouveau cap dans sa dérive totalitaire ?

Publié par Yannick Chatelain, le 14 septembre 2023   800

Par CHATELAIN YANNICK Professeur Associé chez GRENOBLE ECOLE DE MANAGEMENT  GEMinsights Content Manager, Chercheur Associé à la chaire DOS.

Alors que le monde observe la guerre en Ukraine, la Russie verrouille son Internet. Comment le Kremlin transforme-t-il la toile en outil de contrôle de l’information ? Le Runet est un projet russe s’inscrivant dans ce qui est nommé le Splinternet, à savoir la fragmentation de l’Internet, certains États optant pour un Internet national aux allures d’« Intranet ». À l’instar de la Chine, de pays comme l’Iran, depuis 2022, la Russie de Vladimir Poutine a encore accéléré ses travaux vers un Internet cloisonné et censuré. Le Kremlin considérant que la guerre en Ukraine menace le pouvoir, son pouvoir, il vise un contrôle absolu de l’information sur le sujet, et il n’est pas question pour lui d’être contesté dans son action.

Si la censure est à son apogée en Russie, et que certains en doutent, c’est un fait qui a été éclairé à la suite du piratage de l’agence de supervision de l’Internet russe, Roskomnadzor, en novembre 2022.

À cette date, le groupe biélorusse de hackers « Cyber-partisans » avait alors déclaré avoir piraté une filiale de Roskomnadzor – le Centre principal des fréquences radio (GRC), puis avoir passé plusieurs mois à l’intérieur du système et en avoir extrait deux téraoctets d’informations. Les données avaient alors été transmises aux journalistes du quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, et à certains médias russes.

Süddeutsche Zeitung – ainsi que des médias russes en exil – publiait le 8 février 2023 un article intitulé « La fuite de données au cœur de la censure russe » montrant l’ampleur de la censure. Les deux millions de documents internes dérobés à l’autorité de surveillance des médias Roskomnadzor donnent « un aperçu unique d’un appareil de censure numérique moderne, y compris ses forces et ses faiblesses », et révèle comment la « structure surveille des pans entiers du réseau et développe des outils ciblant les « offenses » à Vladimir Poutine. Notons que déjà en 2021 Moscou disposait d’une « technologie permettant de surveiller les réseaux sociaux et de repérer les comportements « destructeurs » au sein de la jeunesse. »

La guerre : un accélérateur sécuritaire…

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