"La photo me permet d’améliorer mes connaissances naturalistes"
Publié par Christophe Huant, le 8 septembre 2016 3.7k
Christophe Huant travaille aux Espaces verts de la Ville de Grenoble et consacre ses loisirs à la photographie d’insectes, ses « bestioles » comme il les appelle. Il nous propose ici un retour sur sa pratique, ainsi qu’une sélection de ses photos.
J’ai toujours été passionné par la nature, la Terre, le cosmos. En tant que photographe, j’ai une préférence pour les papillons (des espèces de jour, plus simples à identifier), mais tous les insectes et plus généralement tout le monde animal me passionnent.
Cette photo est celle d'un papillon de jour plus connu sous le nom de La Belle Dame (Vanessa cardui). Le photographier en début d'année annonce le retour du printemps car c'est un papillon qui migre dans les pays chaud pour l'hiver
Les coins photo de Christophe
Pour les prises de vues, j’ai mes endroits favoris : souvent des champs ou des zones que je sais être un peu protégées de manière à être certain de toujours trouver une araignée, une mante religieuse, un cloporte, un criquet ou bien un papillon. Pendant ma pause de midi, je parcours aussi l’agglomération de manière à monter que la biodiversité pénètre dans notre quotidien de citadins.
Ici, il s'agit d'une mante religieuse (Mantis religiosa), à sa taille adulte. Les mantes religieuses peuvent être vertes mais aussi grises ou orangées. On en trouve surtout en fin d'été, assez souvent en cherchant dans les prairies sauvages autour de Grenoble.
Les associations naturalistes et les projets comme Faune Isère me donnent du cœur à l’ouvrage : savoir que je ne suis pas seul, que d’autres personnes, très simples comme moi ou des scientifiques sont là pour nous soutenir, des gens très abordables, sensibles comme je le suis. La photo me permet d’améliorer mes connaissances naturalistes. C’est une réelle satisfaction personnelle.
Voici un lézard vert occidental (Lacerta bilineata). J'en trouve énormément le long de la piste cyclable qui mène au barrage de Saint-Egrève. Ils sont très farouches... mais parfois, j'en trouve un moins peureux que les autres. L'approche doit être lente pour ne pas l'effrayer.
Du côté de la technique
Je travaille sans pied photo, ou parfois avec un monopode car cela améliore ma réactivité. Les « bestioles » bougent rapidement en général et il faut pouvoir être réactif ! Je travaille exclusivement avec des appareils photo de la marque Sony, par exemple l’Alpha 7 II, avec lequel j’utilise l’objectif Zeiss 24-70 mm F4. Lorsque je peux me rapprocher, je travaille avec un boitier léger et un objectif très court (appareil Alpha 6000 et objectif 30mm macro F3.5) : c’est plus simple et cela améliore la qualité d’image.
C'est la Cucullie du bouillon blanc (Cucullia verbasci). J'ai découvert la chenille de ce papillon de nuit au cimetière Saint Roch. Depuis que nous sommes au "Zéro Phyto" (zéro pesticides), nous trouvons des papillons. On dirait que cette chenille porte un masque de clown !
Mais souvent, et pour ne pas risquer d’effrayer les insectes, j’utilise un reflex avec un téléobjectif (appareil Alpha 77 II et objectif 70- 400 mm F4/5.6) : la difficulté est plus grande et la satisfaction de faire une photo nette grandit. Pour le paysage j’utilise un hybride plein format (24/36) avec un zoom large afin de pouvoir prendre une plus grande partie d’un paysage.
La photo pour connaître son environnement
Evidemment, c’est un grand événement lorsqu’on rencontre une variété ou une espèce emblématique mais toutes les espèces ont leur importance, même les plus « ordinaires ». Sans parasites, il n’y aurait pas de nourriture pour les auxiliaires. Sans bois mort, il n’y aurait pas de refuges pour l’hiver. Sans herbes indésirables, comme les orties, ou sans arbustes comme les prunelliers, il n’y aurait pas de nourriture pour une partie de la faune.
Celle-ci, c'est une de mes préférées ! La petite violette (Boloria dia) est un papillon de petite taille, très coloré sur le revers des ailes. Lorsque le soleil se fait moins chaud, elle se fige au bout d'une graminée et n'en bouge plus. C'est alors le moment de contempler cette petite merveille. Sur la toute première photo de l'article, on peut voir le côté orange et noir par transparence.
Notre pire ennemi, c’est nous-mêmes : moins nous cultivons, moins nous souillons et plus nous avons de biodiversité. Il est maintenant important d’apprendre à connaitre le monde qui nous entoure !
>> Pour aller plus loin : lire l’article « L’œil de Christophe Huant » dans GreMag et consulter la page Facebook du photographe