La Namibie, ça brille - Contextualisation du sprint design avec le Master 2 CCST

Publié par Hector Pillot, le 23 septembre 2024   310

Cette année, dans le cadre du cours Scénariser l’information scientifique avec Laura Schlenker, les étudiant·es en master 2 de Communication et Culture Scientifique et Technique ont été commandités par la galerie Eurêka et le laboratoire EDYTEM, pour prototyper un dispositif. Le thème : l’extraction des pierres semies-précieuses en Namibie. En 3 jours et demi, nous avons imaginé des formats, des dispositifs et des façons de répondre à la commande.

La Namibie, ça brille


Lundi - Chambéry :  documentation et recueil des informations

  • Notre arrivé - Présentation de la galerie Eurêka

Notre mission commence par une visite des lieux, dès notre arrivée, faite par Jean-Yves Maugendre, directeur de la Galerie Eurêka, Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CCSTI) de Chambéry, qui nous a accueillis en personne. Ce centre, qui cible principalement un public familial les mercredis et week-ends, se compose d’une exposition permanente, d’un espace modulable à l’accueil, de deux salles de 150 m² au sous-sol, ainsi que d'une pièce de 250 m² actuellement en cours de rénovation. Dans le cadre de notre travail, aucune contrainte budgétaire n'était imposée, ce qui nous a permis de laisser libre cours à notre créativité parmi les 3 dernières pièces.

Le centre accueille chaque année entre 50 000 et 60 000 visiteurs, dont 10 000 scolaires, majoritairement des élèves de cycle 3 (CM1, CM2, 6ème). Le centre, à travers notre mission, chercher à viser principalement les adultes, notamment les retraités et les actifs, qui visitent souvent les midis, les week-ends, ou les mercredis après-midi en accompagnant leurs enfants ou petits-enfants. Cela s'intègre parfaitement à la philosophie de la galerie, où l’interactivité est encouragée : "il est interdit de ne pas toucher !" Ainsi, l'approche devra être ludique et manipulatoire, adaptée à un public à partir de 8 ans.

Jean-Yves a également souligné l’efficacité des événements pour attirer ce public, et l'objectif de l'exposition serait de susciter suffisamment d’intérêt et de curiosité pour que les visiteurs prolongent leur expérience au-delà de leur visite. Pour cela, il est recommandé de créer des liens avec leur bibliothèque, en intégrant de nombreuses références dans l'exposition, et de collaborer avec d'autres structures culturelles locales, telles que des institutions artistiques.

  • Le labo, les acteurs, les recherches

Mélanie Duval (USMB - CNRS), Marie Forget (USMB), Justin Missaghieh-Poncet (USMB), Hugo Quemin (USMB), Antoine Latarge (USMB)

La problématique : Comprendre le projet de recherche autour des mines artisanales en Namibie. Cartographier les acteurs Cadrer la commande Mener des entretiens avec des usagers

Une fois les contraintes liées au lieu et aux publics présentés, il était temps de découvrir plus en détail le sujet du dispositif à prototyper. Nous avons ainsi pu découvrir dans les moindres détails les sujets de recherche des scientifiques du laboratoire EDYTEM partenaires du projet.

Le Laboratoire EDYTEM est une unité mixte de recherche de l’Université Savoie Mont Blanc et du CNRS créé en 2003. Pluri-inter-trans-disciplinaire, il étudie des sujets allant des géosciences jusqu’aux sciences humaines et sociales. Il s'inscrit dans une vision interdisciplinaire des problématiques environnementales et sociétales propres aux Environnements, Dynamiques et Territoires de Montagne.

À travers ses interrogations des relations entre les sociétés et les milieux, le laboratoire a commencé à s'intéresser depuis 2022 aux enjeux de préservation et de valorisation des sites d’art rupestre de Namibie notamment avec le Projet COSMO-ART. Ce projet vise à étudier les divers usages des sites d'art rupestre, ainsi que les valeurs patrimoniales qui leur sont attribuées, tout en questionnant des points d’intérêt interculturel partagés. Puis avec le Projet RAHMSA, qui s'intéresse depuis 2023 aux enjeux de protection et de valorisation des sites d’art rupestre en Afrique australe.

Namibia (orthographic projection) Domaine publique Marcos Elias de Oliveira Júnior

La Namibie se place dans un contexte culturel bien atypique, c’est une ancienne colonie allemande, où de riches éleveurs se partagent d’immenses propriétés dans lesquels ils font paître leur bétail.

En plus de son patrimoine culturel, la Namibie possède aussi un autre attrait bien particulier. Depuis les années 2000, plusieurs acteurs tentent de développer un projet de Géoparc, qui s’étend sur un large territoire de plus de 40 000 km², entre 2 régions et à proximité de parcs nationaux et d'autres formes de protection.

Le Geoparc est un label attribué par l'UNESCO, pour protéger et valorisée le patrimoine géologique d'une region. Celui-ci permettrait donc de protéger ce patrimoine minéral, ainsi que l'art rupestre.

Carte montrant les parcs et autres sites de conservation de Namibie (Mai 2019) , elles sont listées par ordre chronologique et alphabétique. Credit : NCSO https://nacso.org.na/resources/map 

Mais la Namibie est aussi un lieu où de nombreux acteurs se confrontent. Depuis de nombreuses années, la Namibie est réputée pour la qualité et la quantité de minéraux issus de ses exploitations. Ces dernières sont généralement organisées de manière illégale par des mineurs vivant dans la pauvreté, en recherche de fortune. Les plus grosses régions minières situées dans le Massif Erongo, Brangberg, le Camp Xoboxobos ou encore la Montagne Bogoboseb se trouvent au sein du projet de géoparc. Ces activités minières sont décriées par une partie des Namibiens, arguant qu'elles endommagent les ressources paysagères et culturelles. Le projet de géoparc les présente cependant comme une activité traditionnelle à préserver et à mettre en tourisme. 

Adapté de Google Map

Autre acteur important, depuis plusieurs années, la Namibie est un très gros exportateur d’Uranium. En 2022, elle est le 3e importateur d'Uranium du monde, avec environ 11 % de l’approvisionnement mondial. De nombreuses concessions minières officielles se partagent les plus gros gisements, ces exploitations se trouvent elles aussi en périphérie du Géoparc : 

  • Rössing exploité par CNUC (Chinois)  
  • Langer Heinrich exploité par Paladin (Australien)   
  • Husab exploité par Swakop (Chinois)   
  • Trekkopje exploité par Orano (Français)

Dernier conflit en date, depuis une dizaine d'années, le principal revenu du pays qui était alors le commerce de pierres semi-précieuses, a commencé à être concurrencé par le marché du tourisme. Celui-ci étant plus profitable pour les propriétaires terriens, ces derniers se sont mis à développer des hôtels au prix inabordable pour les Namibiens, tout en expulsant les mineurs qui ne faisaient pas bonne publicité auprès des touristes.

Tous ces enjeux autour du Parc sont étudiés à travers le projet Géoextour depuis 2023.

  • Fin de journée

Après cette contextualisation du sujet, il était temps de nous pencher sur la manière dont nous allions aborder ces problématiques.

Nous avons dans un premier temps réfléchi à la création de Persona. C'est un personnage représentant un groupe cible, un ensemble de personnes qui partagent toute la même problématique par rapport à l'offre.

Nous vous présentons Ruby PITOU !
Mère de famille, célibataire de 43 ans.

Elle est maîtresse de CM1/CM2 et souhaite prospecter notre (future) exposition pour faire une visite avec sa classe, et en profiter pour occuper ses 2 enfants.

Elle est peu sportive, écolo et a un penchant pour le spiritisme et la lithothérapie !

Crédit : Image Creator de Bing¹


Arrivé à l'hôtel, nous avons réfléchi en groupe à l'angle sur lequel nous souhaitions aborder ce projet. Cette phase de problématisation n'a pas été simple dû à la fatigue accumulée sur la journée.

Afin de nous changer des idées, nous avons rapidement fait des groupes pour visiter la ville et profiter du repas avant de nous replonger dans la mise en idée de nos projets le lendemain matin !

Le reste de notre processus créatif et de notre aventure est détaillé dans cet article : 
👉 ICI 👈


¹ Prompt utilisé sur Bing Image Creator : "Portrait réaliste de Ruby PITOU est une célibataire de 43 ans, mère de deux enfants. Elle est maîtresse de CM1/CM2. Elle est peu sportive, écolo et penche dans le spiritisme et la lithothérapie !

Article rédigé par : Alicia Dalongeville, Angélique Noël, Chloé Ettouati et Hector PILLOT