La communication scientifique en Grèce
Publié par Panos Tsimpoukis, le 24 janvier 2020 2.2k
Selon l’Eurobaromètre de 2010, 45 % de la population grecque déclare qu’être informé autour de la science ce n’est pas de grande importance dans sa vie quotidienne, contre le moyen européen de 33%. En plus, 39% de la population considère qu’elle est mal informée autour les découvertes scientifiques[1]. A l’occasion de cette image de la science, on a tenté de dessiner le paysage de la communication scientifique en Grèce, et d'énumérer les différents acteurs qui contribuent à la vulgarisation scientifique.
Les Muséums
Le réseau des centres du contexte scientifique et technique se trouvait, au moins jusqu’à 2010 quand s’est réalisée la recherche sur la quelle on s’appuie, en plein développement. Dans cet article, est considéré comme « Muséum » le musée ou l’institution dont le contenu se réfère aux lois de la nature, à la nature elle-même, aux objets se trouvant en relation avec les sciences naturelles aussi même qu’aux principes, dispositifs et procédures liées à la technologie. Dans cette catégorie se greffent les jardins botaniques, les parcs zoologiques, les parcs technologiques, les aquariums et les espaces industriels ouvertes à la visite. Pendant la décennie 2000-2010, 51 centres de tel contexte sont inaugurés en Grèce, soit 43.2% du nombre total des Muséums. Entre 118 Muséums présents dans le pays, la plupart (77 sur 118) se spécialise à l’Histoire Naturelle et aux Sciences Naturelles, alors que les aquariums sont les moins représentés (3 sur 118)[2]. Dès les années 1990 on voit des Muséums qui tentent de s’éloigner de l’approche muséologique traditionnelle et adoptent une approche moderne qui veut que les Muséums se transforment en Centres Scientifiques et Techniques (CST), ce qui implique l’interaction des visiteurs avec les exposés, le croisement des sciences avec d’autres filières de l’activité humaine et l’inculcation aux visiteurs des principes de la pensée scientifique plutôt que l’admiration des prouesses scientifiques et techniques, cette dernière étant priorité de l’approche traditionnelle. Certains CST qui ont adopté cette approche moderne, tels que « Noesis – Centre des Sciences et Musée de la Technologie » à Thessalonique, « Planetarium » de la Fondation Eugenides et « Musée de l’Histoire Naturelle Goulandri » à Athènes, figurent parmi les CST les plus visités en Grèce. La fréquentation des tous CST du pays est estimée à peu près 2.000.000 visiteurs par an. Ce nombre est sans doute considérable, étant donné qu’il représente le 60% de la fréquentation moyenne annuelle de touts les musées historiques et archéologiques grecs, y compris le Musée d’Acropole, le Musée National d’Archéologie, le Musée d’Ancienne Olympie et le Musée de Delphes[3].
Les médias et le journalisme scientifique
Avant d’avancer cette partie d’analyse, il nous semble nécessaire de clarifier que le paysage médiatique grec a subi plein de mutations pendant ces dernières années (faillite des certaines médias, apparition d’autres, etc), ce qui fait qu’une partie des publications scientifiques évoquées ci-dessous qui relèvent aux études sur ce paysage ne servent, dans le contexte de cet article, que pour dresser le portrait et ébaucher les caractéristiques principaux de la relation entre les médias et la science. En plus, faute de données suffisantes concernant la télévision et la radio, cette partie se focalise sur les journaux. Jusqu’à 2001, la plupart des articles du contexte scientifique apparus aux journaux traitaient des sujets autour de la santé et la médecine[4]. Ces dernières années, la publication des articles référant au changement climatique est considérablement augmentée après 2004[5]. Cependant, les articles du contenu scientifique apparus aux journaux nationaux grecs, loin de développer et rendre compréhensible la procédure méthodologique que les scientifiques suivent afin de déchiffrer les secrets de la nature, se focalisent sur l’impact des fruits de la science sur la vie des gens ou sur les aspects différents de la vie sociale, tels que l’économie et la politique[6]. Selon certaines critiques, le fait que les articles du tel genre ne touchent que la surface de la procédure scientifique, tout en négligeant d’insister sur la ratiocination qui les fait naître, alimente l’analphabétisme scientifique et le creusement du fossé entre la science et la société[7]. Par ailleurs, les journaux semblent éviter les sujets controversés tout en présentant la science d’une manière autoritaire[8]. Au niveau environnemental, un sujet controversé qui fut sous-représenté aux médias était celui de la Mine d’or de Skouries, une mine qui emploie des techniques d’extraction d’or susceptibles de polluer la nappe phréatique du territoire[9]. A cause des dimensions politiques et économiques de cet investissement, les impacts nocifs des activités de cette mine sur l’environnement furent sous-représentés sur les médias dominantes grecques[10]. Quant aux journaux nationaux grecs, cette remarque semble inadéquate avec une étude récente réalisée auprès des rédacteurs environnementaux, qui démontre que tous les rédacteurs interviewés convergent sur la confession que « les journalistes de l’environnement sont au bord de la lutte pour un environnement propre et devraient amener les lecteurs à assumer leurs propres responsabilités »[11]. De l’autre coté, il y a des témoignages des journalistes référant à cette période-là selon lesquels les rédacteurs environnementaux, à cause des directives provenant de la plus haute hiérarchie, n’ont pas pu reporter sur les impacts environnementaux imputés à l’activité des mines d’or et mis en avant par les manifestants contre cette activité[12]. En pair, ces indices sont-ils en accord avec le constat que le reportage sur des sujets environnementaux est fortement influencé par des facteurs sociopolitiques et devient de plus en plus touché par les intérêts politiques et industriels[13].
Ces dernières années un grand nombre des chaines de vulgarisation scientifique furent apparues à Youtube, à tel point qu’une conférence a récemment eu lieu en Grèce rassemblant les Youtubers les plus actifs qui traitent des sujets scientifiques[14].
Evénements de communication scientifique
Parue en Grèce en 1993, la communication scientifique ne commence à se développer que dès les années 2000[15]. De nos jours, il y a une multitude d'actions qui visent soit au décloisonnement de la science à la société à travers des festivals et des spectacles, ou à l’intégration de méthodes innovantes d’enseignement des sciences naturelles à l’enseignement national. Les acteurs que l’on a repéré contribuer à la communication scientifique sont repartis en deux niveaux : l’un comporte des associations dédiées à la communication scientifique et l’autre comporte des Instituts de culture, qui contribuent, chacun à un certain degré, à l’organisation des événements inscrits dans le cadre de la communication scientifique.
« Science Festival » est le plus grand festival des sciences en Grèce inauguré en 2014 à Athènes, puis lancé à Thessalonique, Patras, Larissa et en Cypre. A titre indicatif, en 2019, 20.000 personnes ont visité le « Athens Science Festival » (ASF), dont 6.000 étudiants des écoles y ont participé en groupe. Des scientifiques nationaux et internationaux sont invités, alors qu’il y eut plusieurs ateliers référant à la liaison de la science avec l’art et la société. En ce qui concerne l’impact du festival aux visiteurs, 67.6% d’entre eux déclarent que l’ASF réalisé en 2019 (ASF2019) les a stimulés à penser sur des sujets environnementaux, 71.4% déclarent que ASF2019 a contribué au changement de leur image à l’égard de la science et les prouesses technologiques, alors que 73.4% d’entre eux ont déclaré que, grâce à cet événement, ils souhaitent participer à davantage d’événements de communication scientifique[16].
Ce festival est coorganisé par SciCo[17], une association dédiée à la communication scientifique. Parmi plusieurs projets organisés par cette équipe on distingue « Stem Powering Youth », un projet qui se déroule notamment aux régions limitrophes de Grèce et qui vise à intégrer des méthodes d’éducation de STEM (Science, Technology, Engineering and Mathematics) aux écoles et à amener les étudiants à la fois à pencher sur les problèmes de leur propre région et à proposer des solutions en développant des outils technologiques. Ce projet est réalisé dans le cadre « Open Schools for Open Societies » (OSOS), un projet européen qui vise à développer des modèles de collaboration entre les écoles, visant entre autres à l’échange des pratiques et d’outils d’enseignement des sciences susceptibles de forger un écosystème éducatif innovant[18]. ScienceView[19], une association orientée plutôt vers l’articulation de la communication scientifique avec l’éducation, collabore à l’occasion de ce projet européen avec la Cité de l’espace à Toulouse. En l’occurrence, alors que la Cité de l’espace travaille sur les modèles développés au cadre d’OSOS, ScienceView édifie des méthodes permettant l’évaluation des écoles quant au degré de l’intégration de ces modèles au sein des établissements scolaires. « Learning Science Through Theatre » est un autre projet mené par ScienceView et consiste à la dramatisation des concepts des sciences naturelles par des étudiants provenant de l’école primaire et secondaire, dans le but d’y promouvoir l’interaction entre tous les types des systèmes cognitifs[20]. De 2014 à 2018, 3000 élèves et 250 écoles y ont participé, la grand majorité des élèves déclarant qu’à l’occasion de cette activité ont forgé une image favorable à l’égard des sciences et des scientifiques et ont réalisé qu’ils veulent approfondir sur les sciences naturelles (statistiques non publiées).
A part des associations dédiées à la communication scientifique, un rôle primordial sur l’organisation des événements à caractère scientifique jouent certains instituts de culture, tels que British Council, Institut Français de Grèce et Ellinogermaniki Agogi (Institut d’éducation Grec-Allemagne). British Council organise en Grèce le concours anglais de communication scientifique « FameLab », la « Nuit européenne des chercheurs » et est coorganisateur de « Athens Science Festival ». FameLab en particulier met en évidence des personnes vivement intéressées par la communication scientifique, qui par la suite deviennent la « matière première » pour l’émergence de nouveaux événements et/ou d'associations, comme c’était le cas des fondateurs de SciCo ou des fondateurs de Science Reactors, un groupe de comédie stand-up orientée vers les sciences.
De sa part, l’Institut Français de Grèce organise des conférences surtout dans le cadre de « Nuits des idées » et du Cycle « Collège de France ». D’ailleurs, il contribue à Athens Science Festival et à la « Nuit européenne des chercheurs ». Enfin, l’Institut d’éducation Grec-Allemagne participe aux programmes visant à intégrer des méthodes innovantes d’éducation de STEM aux écoles et coorganise des événements tels que « Stem Powering Youth » et « Learning Science Through Theatre ».
Pour conclure, le Festival International des Films Scientifiques se déroule tous les ans en Grèce et est organisé par l’association Caid[21].
Formation en communication scientifique
Au sein du système éducatif grec il n’existe pas de formation spécialisée à la communication scientifique. Au niveau du Bac +5, un cursus interdisciplinaire en « Science and Technology Studies » (STS) est proposé par l’Université Nationale et Capodistrienne d’Athènes, dont le but est d’ « entraîner des étudiants à analyser et interpréter des sujets appuyant aux sciences et société, basés sur les concepts et la recherche en sciences humaines et sociales »[22]. Certains diplômés de cette filière travaillent en tant que rédacteurs autour des sujets du contexte scientifique aux journaux nationaux ou en tant que cadres dans certains Centres Scientifiques et Techniques. Bien qu’il semble que la filière de la recherche en STS ne soit pas encore bien développée en Grèce, il existe déjà des projets qui ont apporté un éclairage sur des sujets d’actualité qui s’articulent autour de la science et la société[23]. En ce qui concerne le journalisme scientifique, il n’existe aucune formation orientée vers cette spécialité au sein du cursus des départements universitaires du journalisme. Cependant, les Départements du Journalisme de l’Université Nationale et Capodistrienne d’Athènes et de l’Université Aristote de Thessalonique organisent en concert tous les années l’ « École d’été en Journalisme Environnemental » en Crète, où des professeurs universitaires provenant de différents filières et des journalistes scientifiques proposent plus d’une semaine des séances et des ateliers thématiques[24].
Citations
[1] “Eurobarometer, Science and Technology,” 2010.
[2] Κώστας Δημόπουλος and Ιωάννης Καφετζής, “Τα Μουσεία των Φυσικών Επιστημών και της Τεχνολογίας στην Ελλάδα: Προς τη συγκρότηση ενός δικτύου μη τυπικής εκπαίδευσης,” Θέματα Επιστημών και Τεχνολογίας στην Εκπαίδευση 7(1-2) (2014): 25–40.
[3] Δημόπουλος and Καφετζής.
[4] Manolis Zoulias, “A Quantative and Qualitative Analysis of Science Communication in the Greek Mass Media,” Unpublished, 2006.
[5] Georgios Gkiouzepas and Iosif Botetzagias, “Climate Change Coverage in Greek Newspapers: 2001–2008,” Environmental Communication 11, no. 4 (July 4, 2017): 490–514, https://doi.org/10.1080/17524032.2015.1047888.
[6] Kostas Dimopoulos and Vasilis Koulaidis, “The Socio-Epistemic Constitution of Science and Technology in the Greek Press: An Analysis of Its Presentation,” Public Understanding of Science 11, no. 3 (July 2002): 225–41, https://doi.org/10.1088/0963-6625/11/3/302.
[7] Σπύρος Μανουσέλης, “Ο Νέος Αντιεπιστημονικός Σκοταδισμός,” February 23, 2019, ΕΦΣΥΝ edition, https://www.efsyn.gr/epistimi/mihanes-toy-noy/184675_o-neos-antiepistimonikos-skotadismos.
[8] Zoulias, “A Quantative and Qualitative Analysis of Science Communication in the Greek Mass Media.”
[9] Nikolaos Stamatis et al., “Sediment Pollution by Heavy Metals in the Strymonikos and Ierissos Gulfs, North Aegean Sea, Greece,” Environmental Monitoring and Assessment, 2002, 17.
[10] Χρήστος Σύλλας and Ντίνα Δασκαλοπούλου, “Σκουριές: «Kινηματική κάλυψη» εναντίον «δημοσιογραφίας με σύνορα»,” 2013, https://antigoldgr.org/blog/2013/06/17/skouries-kiimi0/.
[11] Christos Giannoulis, Iosif Botetzagias, and Constantina Skanavis, “Newspaper Reporters’ Priorities and Beliefs About Environmental Journalism: An Application of Q-Methodology,” Science Communication 32, no. 4 (December 2010): 425–66, https://doi.org/10.1177/1075547010364927.
[12] Σύλλας and Δασκαλοπούλου, “Σκουριές: «Κινηματική κάλυψη» εναντίον «δημοσιογραφίας με σύνορα».”
[13] Alison Anderson, “Media, Politics and Climate Change: Towards a New Research Agenda,” Sociology Compass 3, no. 2 (March 2009): 166–82, https://doi.org/10.1111/j.1751-9020.2008.00188.x.
[14] “To «1ο SciTalks Convention» Είναι Γεγονός!,” 2019, https://www.eef.edu.gr/el/nea/to-1o-scitalks-convention-einai-gegonos/.
[15] Elpiniki Pappa and Dimitrios Koliopoulos, “Science Festivals: A Science Communication Approach That Needs Further Evaluation” (Science and You International Conference on Science Communication, Beijing, 2018), 5.
[16] “Athens Science Festival 2019 General Report,” 2019.
[17] “SciCo,” n.d., https://scico.gr/en/.
[18] CORDIS | European Commission, “Open Schools for Open Societies,” n.d., https://cordis.europa.eu/project/rcn/210250/factsheet/en.
[19] “ScienceView,” n.d., https://www.scienceview.gr/.
[20] Zacharoula Smyrnaiou, “What Does Scientific Theatre Do? Toward an Inquiry- Based and Semiotic Theory through a Cultural Approach,” International Journal of Education and Learning Systems 2 (2017): 12.
[21] “Caid | Societas Scientia et Ars,” n.d., https://www.caid.center/.
[22] “Interdepartmental Program of Graduate Studies in ‘Science, Technology, Society - Science and Technology Studies,’” n.d., http://sts.phs.uoa.gr/about/english.html.
[23] Constantinos Morfakis and Katerina Vlantoni, “STS-Informed Approaches to Biobanking, Medical Technologies and Biotechnology: A Workshop Review,” East Review, 2019.
[24] “Summer School on Environmental Journalism,” n.d., http://summerschoolchania.jour.auth.gr/.
Photo: Animation lors de Athens Science Festival