La blockchain, la confiance décentralisée… @Radio RKS
Publié par Francois Legrand, le 1 mai 2021 3.1k
La chronique de Rafale Varela, le 3 mars 2021 au Miroir des sciences, sur Radio RKS "l'esprit grenoblois".
Je voudrais vous raconter une petite histoire (vraie), une expérience, qui commence avec un ami en détresse. Cet ami, entrepreneur, dans un pays lointain, m’a demandé de l’aide pour stabiliser sa trésorerie pendant ces temps de crise.
J’ai répondu présent et accepté de lui rendre service…Et voilà moi donc, il y a à peu près deux semaines, en train d’acheter pour la première fois…une cryptomonnaie !
Une cryptomonnaie, pour ceux qui ne connaissent pas le terme, est une devise électronique émise par des ordinateurs, sans nécessite de banque centrale, autorité financière ou qui que ce soit. Les cryptomonnaies sont exploitables sur un réseau informatique décentralisé : la BLOCKCHAIN . Il est très important souligner cette notion de décentralisation car grâce à ça, et au cryptage, ce réseau et réputé inviolable !
Les monnaies virtuelles ont la réputation d’être très volatiles, sans lien avec le monde « réel »
Pour cette première expérience, j’ai choisi une cryptomonnaie dite stable, ancrée sur le dollar américain. Je n’étais pas de tout serein ! Je vérifiais minutieusement chaque étape avec beaucoup méfiance…la boule au ventre !
En quelques clics, j’ai pu créer mon portefeuille numérique. J’ai pu aussi transférer des actifs instantanément et presque sans frais. Plus de commission à payer à droite et à gauche, pas de frais de dossiers ni de frais de change…simple, rapide et efficace ! (et légal ?!)
J’en ai profité au passage pour me procurer un autre actif virtuel, celui-ci plus instable et volatile. A peine 10 jours après, je suis déjà plus riche de quelques 15 euros ! Voilà un crypto trader réussi !
On voit de plus en plus d’entreprises qui acceptent des paiements en cryptomonnaie, ces oscillations sont plutôt néfastes pour leur adoption…
En effet. L’exemple le plus récent : Tesla a échangé une partie de sa trésorerie en bitcoins et a fait flamber le cours de cette monnaie, prise d’assaut par des investisseurs…La spéculation financière est un usage détourné des cryptomonnaies, dont le but est d’éliminer tout intermédiaire et d’assurer des transactions complètement indépendantes et sécurisées.
Il est important de noter néanmoins que la blockchain, la technologie derrière toutes ces cryptomonnaies, a beaucoup plus d’applications…une infinité ! Elle perce dans plusieurs secteurs d’activité notamment ceux pour lesquels la traçabilité est importante. Par exemple, la blockchain est capable de détecter des falsifications…les cas d’usage liés à la logistique et à la chaine d’approvisionnement se multiplient. Il y a même des entreprises qui proposent de tracer l’origine de l’énergie que l’on consomme pour s’assurer qu’il s’agit bien de sources renouvelables. Les labels d’appellation d’origine contrôlée pourraient aussi se transformer en empreinte numérique, afin de prévenir la contrefaçon. Ces solutions ont déjà été testées sur du cuir et des médicaments. (Source : IBM)
On peut imaginer des applications dans le secteur public et pour lutter contre la fraude fiscale…des possibilités innombrables !
Au-delà des questions juridiques (parfois géopolitiques) posées par l’utilisation des ordinateurs à la place des banques, des comptables, des notaires et même des politiciens, la blockchain va bouleverser la société. Voyons bien : on parle d’un réseau qui transmet de la confiance !
La blockchain pourrait, en effet, être le pilier d’une grande transformation sociétale. La concrétisation d’une tendance qu’on a vu apparaitre dans les années 90 mais qui a été accélérée par la crise Covid : le commerce basé sur des valeurs ! Des échanges faits sur la base des causes et des idées que l’on tient à cœur. On veut s’assurer par exemple qu’on ne finance pas la déforestation de l’Amazonie avec notre bague en or, ou qu’on ne profite pas du travail forcé des Uighurs en Chine avec nos téléphones portables et qu’on ne finance pas des élites corrompues en faisant le plein d’essence de notre voiture…bref
Cette consommation engagée semble être le successeur de la mondialisation et de son modèle de libre-échange. Or la blockchain est une technologie (peut-être la seule) capable de nous donner la traçabilité des échanges commerciaux nécessaire pour cela. On aura besoin de plus d’ordinateurs et d’ordinateurs plus puissants…voilà une autre idée d’investissement spéculatif ! Et d’éducation…pour que cette technologie ne profite pas seulement à un tout petit groupe qui saura s’en servir.