L'oeuvre Thinkrotron
Publié par Kissia Ravanel, le 19 septembre 2013 2.8k
Thinkrotron-Laurent Mulot par Abdelkader Damani, Commissaire de l’exposition Le Thinkrotron est, pour Laurent Mulot, un accélérateur de pensée et non plus de particules. Cette œuvre se décline en un triptyque : La Chambre d’Écho exposée au Muséum de Grenoble, Mnémosyne exposée sur le Plateau de l’Hôtel de Région à Lyon, et 844 m d’art, une performance artistique réalisée par les visiteurs. Les trois volets de cette œuvre questionnent « la mémoire, l’histoire, l’oubli ».
Laurent Mulot propose une œuvre inédite à partir d’une expérience de longue durée intitulée Middle of Nowhere. Cette expérience artistique s’apparente à une «œuvre générique » dans laquelle s’inscrit Thinkrotron. Middle of Nowhere commence avec les Centres d’Art Contemporain Fantômes que l’artiste crée en différents endroits du monde, un sur chaque continent : Océanie, Asie, Europe, Amérique, Afrique, Antarctique et peut-être bientôt, dans la Station Spatiale Internationale. C’est à l’intérieur de cette géographie « fantomatique » que Laurent Mulot se lance dans des œuvres liées à la recherche scientifique fondamentale. Ainsi en est-il de Augenblick, qu’il réalise à l’occasion de son passage sur le territoire du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), de Thinkrotron, qui naît lors d’une résidence à Grenoble au Centre de culture scientifique, technique et industrielle en partenariat avec le Synchrotron européen ou encore d’Aganta-Kairos, conçue à partir de l’expérience ANTARES (observatoire de neutrinos situé au fond de la mer Méditerranée, au large de l’île de Porquerolles).
Laurent Mulot est invité en résidence en 2012 sur le territoire du Synchrotron par le Centre de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) la Casemate, à Grenoble. Après de nombreuses rencontres avec des scientifiques et des habitants de Grenoble, l’artiste crée un Thinkrotron. En savoir plus sur la résidence
Le Thinkrotron est, pour Laurent Mulot, un accélérateur de pensée et non plus de particules. Cette œuvre se décline en un triptyque : La Chambre d’Écho exposée au Muséum de Grenoble, Mnémosyne exposée sur le Plateau de l’Hôtel de Région à Lyon, et 844 m d’art, une performance artistique réalisée par les visiteurs. Les trois volets de cette œuvre questionnent « la mémoire, l’histoire, l’oubli ».
Thinkrotron, La Chambre d'Echo
Pour l’artiste, le synchrotron est une machine à remonter le temps.
Le Synchrotron est un accélérateur de particules qui, lancées à grande vitesse dans un anneau de 844 mètres de circonférence émettent une lumière très pénétrante, dite lumière synchrotron. Elle est utilisée par les scientifiques dans de multiples expériences pour rendre visible l’infiniment petit afin de décrypter la matière et reconstituer l'histoire de sa composition. C'est une machine à remonter le temps.
La chambre d'echo : Trois rêves échangent leurs récits respectifs
Après plusieurs visites des réserves du Muséum, le regard de l’artiste s’arrête sur la collection des objets" humides", animaux conservés dans l’alcool et caractérisés par leur progressive « perte de mémoire ». Parallèlement , Laurent Mulot découvre leneurocomputeur « MIND 1024 » machine à interaction neuronale démodulée doté de 1024 neurones artificiels et utilisée entre 1992 et 1997 pour simuler le fonctionnement du cerveau. La réponse de l'artiste est une installation ou trois rêves échangent leurs récits respectifs : les « Humides », le « Mind 1024 » et la parole, parfois hésitante, d’habitants et de scientifiques sur ce que la mémoire veut bien dire...
Thinkrotron, 844 m d’art
844 m d’art, clin d’œil au 844 m de circonférence de l’anneau du Synchrotron, est une performance à faire soi-même. C’est lors d’une discussion que nous avions, Laurent Mulot et moi même, sur la mémoire et son rapport au musée d’art que nous est venue la question suivante : que reste-t-il d’une visite d’exposition ? Ainsi est née l’idée que la marche, acte principal dans les visitent d’expositions, devienne l’outil de pensée et de fabrique de l’histoire de l’art. Si « les orteils se dressent pour écouter » chez Nietzsche, ici elle se dressent pour regarder. Chaque visiteur est invité à parcourir, dans un musée d’art, la distance exacte de 844 m. A la fin de son parcours le (la) visiteur envoie dans l’espace de l’Orangerie du Muséum le souvenir qu’il garde de son expérience : la photo de la première et de la dernière œuvre visitée, avec ou sans commentaire.
Thinkrotron, Mnémosyne
Mnémosyne, exposée à l’Hôtel de Ragion à Lyon , est une installation vidéo. L’artiste décide avec cette œuvre, d’infiltrer la mémoire informatique du Synchrotron à Grenoble en y installant un invité surprise : la poésie. Le travail commence par un dialogue avec Jacques Réda qui accepte que ses poèmes se « perdent »au milieu des données scientifiques et propose que soient cités d'autres auteurs à travers l'histoire. La sélection de cette anthologie est confiée à Jean-François Duclos qui extrait des fragments de poèmes pour former des séries de 844 pieds, clin d’œil aux 844 m de circonférence du Synchrotron.