L'intelligence des abeilles : apprentissage et cognition dans un cerveau miniature (Aurore Weber)
Publié par Mathilde Chasseriaud, le 26 août 2016 7k
Voici la retranscription d'une interview d'Aurore Weber, participant à la Semaine du Cerveau à Toulouse (2016) sur le thème des abeilles : apprentissage et cognition dans un cerveau miniature.
Propos recueillis par Ysia Clausses et Mathilde Chasseriaud
Montage : Mathilde Chasseriaud
"Qu'allez-vous dire sur les abeilles ?"
Aurore Avargues : « Il faut montrer que les abeilles ont un cerveau, qu’elles apprennent des choses, montrer dans quelle situation elles apprennent ; lorsqu’elles vont chercher de la nourriture, qu’elles apprennent à reconnaître les fleurs, à se repérer dans l’espace car elles doivent aller loin de leur ruche et revenir. Elles doivent donc apprendre à reconnaître leur environnement pour ne pas se perdre. Une autre partie assez importante est de montrer comment on étudie les abeilles, comment cela se passe en laboratoire, quels types d’expériences on réalise, quels sont les contrôles nécéssaires et quelles capacités a-t-on pu mettre en évidence ?
En laboratoire, on a pu montrer qu’elles savaient compter, qu'elles savaient établir des relations...qu'elles disposent donc de capacités que l'on pensaient réduites aux Vertébrés !
On peut parler également du rôle des pesticides car on en entend beaucoup parler en ce moment. Certains se retrouvent dans les nectars ou sont ingérés par les abeilles, en doses faibles, d’où les tests réalisés par les laboratoires démontrant que cela ne tue pas les abeilles. Cela ne les tue pas mais perturbe leurs capacités d’apprentissage donc elles ne sont pas mortes mais elles ne parviennent plus à se repérer ».
Elles sont capables de faire des choses assez complexes comme compter par exemple. Dans notre cortex préfrontal se trouvent énormément de connexions que l’on ne retrouve pas chez l’abeille. Quand on fait des stimulations de neurones par informatique pour essayer de voir combien de neurones il faudrait pour faire ce genre de choses, on ne parvient pas à faire rentrer cela dans un cerveau d’abeille ; elles ont donc trouvé une méthode plus efficace que notre cerveau pour réaliser ces actions et apprentissages.
"Pourquoi sauver les abeilles ? "
A.A : Pour la pollinisation. Il faut aider non pas seulement les abeilles domestiques mais tous les pollinisateurs en général (quand on aide l’abeille, on aide les autres). Enormément de plantes dépendent des insectes pollinisateurs et arrêteraient de se reproduire sans eux ».
On peut citer par exemple la vanille à la Réunion, ou même en Chine : à cause des problèmes de pollution importants, il n’y a plus assez de pollinisateurs donc les gens montent dans les arbres et vont feuille par feuille polliniser manuellement.
Tous les fruits et légumes que l’on mange ont besoin de la pollinisation. Il y aussi l’aspect « empathique » ; de vouloir garder une nature, une faune saine. L’abeille est un bon indicateur de l’état de la nature, de l’environnement. Les abeilles sont de plus vraiment attachantes surtout quand on les étudie. On a encore beaucoup de choses à intégrer car jusque-là, on a parlé que de leur intelligence en termes de vision mais il y a aussi leur communication, leur aspect social très élaboré et intéressant. Il y a beaucoup à dire et à tirer des abeilles. Il serait donc vraiment dommage de perdre ces animaux quasiment irremplaçables car peu d’animaux ont ce même genre de système ».
Cela permettra de transmettre aux générations futures la richesse de la Nature, qui ne peut pas se chiffrer en termes de coût ».