L'intelligence artificielle et la médecine - par Laura Gonzalez Tapia

Publié par Mathilde Chasseriaud, le 20 mars 2018   8.1k

- Chronique rédigée et présentée par Laura Gonzalez Tapia pour le MagDSciences -

>> Chronique ré-éditée pour Echosciences par Mathilde Chasseriaud <<


Quand la fiction sert la réalité

On se souvient tous du célèbre film de science-fiction : A.I. Intelligence Artificielle de Steven Spielberg où le personnage principal a tout d'un petit garçon humain, mais qui est en réalité un androïde capable de développer des sentiments et des souvenirs.


Pour la médecine, l'intelligence artificielle ne relève plus de la science fiction. Voici Watson, "diagnosticien" à votre service.  Sauf que Watson n'est pas humain : c'est un programme développé par une société multinationale américaine, IBM, et qui fonctionne comme un réseau de neurones connectés entre eux.

Comment fonctionne Watson ? Une quantité colossale d'informations et de données lui seront fournies, et à partir de tout cela, Watson va essayer de créer tout seul de nouvelles connexions, de nouvelles informations, tel un être humain lorsqu'il apprend de nouvelles choses.


Des IA pour aider les médecins

Les États-Unis ne sont pas les seuls à exploiter l'intelligence artificielle au service de la médecine. Revenons en France, et plus précisément, à l'Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique de Lorraine (INRIA), où le chercheur  Amedeo Napoli a mis au point un programme d'aide à la prise de décision pour les oncologues.

D'après le chercheur, «un oncologue peut appréhender une dizaine de parcours de patients. La machine, elle, intègre des années de prise en charge». 

L'an dernier,  Google a lancé un système d'intelligence artificielle appelé Show and Tell. Le but était de classifier 130 000 images médicales. Résultat : le système a pu détecter 90% de taches bénignes sur la peau contre 76% trouvés par les dermatologues interrogés. 

« A Stanford, une équipe a montré que l’intelligence artificielle faisait mieux en matière de dépistage de la rétinopathie diabétique que des ophtalmologistes », raconte José-Alain Sahel, professeur d’ophtalmologie et directeur de l’Institut de la vision à Paris.


Les IA : une révolution dans le domaine du diagnostic médical

Les chercheurs et les professionnels de la santé voient l'intelligence artificielle comme un outil qui  leur permettra une meilleure prise en charge en matière de diagnostic.

Les chercheurs imaginent déjà les avantages en termes de recherche, comme l'explique le professeur d'ophtalmologie, José-Alain Sahel :

Nous allons voir apparaître des corrélations inattendues, par exemple qu’une molécule développée dans un autre domaine pourrait avoir des effets bénéfiques sur la dégénérescence maculaire liée à l’âge . 

Imaginez un logiciel qui puisse emmagasiner des données liées aux gènes, aux symptômes, aux diagnostic, à l'environnement et qu'il soit ensuite capable de lier toutes ces données entre elles pour que les praticiens aient juste à analyser ces résultats. 

 

Les IA  : quid de l'éthique et des responsabilités ?

Des questions intéressantes auxquelles les praticiens en charge du développement de ces technologies répondent de manière uniforme : la responsabilité revient au médecin. L'intelligence artificielle sera pour les soignants un outil d'aide uniquement : la décision finale sera prise par le médecin. Ainsi, en cas d'erreur de diagnostic, le praticien sera le seul responsable.

Pour Amedeo Napoli, l'intelligence artificielle deviendra un « assistant intelligent » pour les médecin, rien de plus. Pour José-Alain Sahel, « l’intelligence artificielle n’enlèvera pas cette dimension, mais elle réduira la part de défaillance humaine ».

Ces questions ne datent pas d'aujourd'hui. En 1973, le philosophe Georges Canguilhem se posait des questions similaires : « Un diagnostic et un traitement par l’ordinateur répondront-ils à la totalité des besoins  du patient ? N’a t-il pas aussi besoin de la présence, à son côté, d’un vivant, message de vie ? ».

Les professionnels de santé se doivent donc d'être vigilants et de garder une longueur d'avance, afin d'anticiper un mauvais usage de la technologie au service de la médecine.



Sources

>>  https://lejournal.cnrs.fr/articles/des-logiciels-experts-en-diagnostic-medical

>> Visuel principal : https://www.developpez.com/act...