L'informatique sans ordinateur, l'une des 28 nuances de Sciences !
Publié par Myriam Andurand, le 12 octobre 2017 3.9k
Ce matin du 10 octobre 2017, des classes de collégiens se sont succédées sur le stand de l' "informatique débranchée", dans le village des 28 Nuances de Sciences. De petits jeux simples et ludiques, et surtout bien loin des ordinateurs, permettent d'aborder l'informatique et l'algorithmique sous un nouvel angle !
Rencontre avec l'un des médiateurs de ce stand, Grégory Mounier, enseignant chercheur au laboratoire informatique de Grenoble.
Quel est, finalement, le rapport entre ces petits jeux et l'informatique ?
G.M. : Les ordinateurs sont des machines stupides. La plus grande difficulté pour les humains est de se mettre à leur niveau. Un ordinateur, il va falloir lui expliquer tous les petits détails, parce qu'il ne sait faire que des choses stupides. On va donc assembler des millions de choses stupides, pour faire un petit truc intelligent. Ces jeux-là nous permettent de montrer aux enfants comment on découpe un problème très compliqué au départ en problèmes de plus en plus petits, et idiots . On résout notre tout petit problème, et après on assemble ces petites solutions pour revenir à la grosse solution, qui nous intéresse au départ. Chacun de ces ateliers là sont autour de ce thème-là, avec des présentations un peu différentes. On a un crêpier psychorigide qui veut trier ses crêpes dans le bon ordre de tailles, on a des joueurs de Baseball qui doivent se placer dans les bonnes maisons, et aussi des facteurs qui font des tournées dans des rues, en essayant de ne passer qu'une fois dans chaque rue.
D'où vient cette volonté d'enseigner l'informatique différemment ?
G.M : Ici, à Grenoble, le responsable de cet atelier est Jean-Marc Vincent, chercheur à Inria qui est en train de faire le même à Inria Grenoble - Rhône-Alpes, à Monbonnot, dans le cadre de la Fête de la Science. C'est lui qui est très impliqué dans cet atelier-là, qui l'a initié dans le bassin Grenoblois. Au delà de ce qu'on fait ici, il y a un mouvement international autour de la volonté d'enseigner l'informatique sans passer par un ordinateur, pour essayer de montrer aux enfants comme aux adultes qu'il y a toute une partie de l'algorithmique où ce sont des humains qui réfléchissent entre eux, pour savoir comment faire pour expliquer à un ordinateur ce qu'on veut obtenir. On essaie de montrer aux gens qu'il y a plusieurs parties dans l'informatique. Il y a une partie matérielle, certes, une partie algorithmique, une partie autour des langages aussi. Car les humains doivent parler à la machine, et doivent donc adopter un langage que l'humain arrive à dire, et que la machine arrive à comprendre. Il y a une autre partie autour du fait que la machine ne va faire que manipuler des électrons. C'est stupide, ça ne fait que la multiplication, sur la table des 0 et sur la table des 1. Dans un ordinateur on a juste des électrons, du binaire, et avec ça on fait des images, on fait du son, on fait voler des avions et rouler des voitures ! Dans les électrons, on a codé une représentation du monde, et toute une partie de l'informatique se fait autour de comment on fait ce codage, quelles sont les données qu'on va mettre dans un ordinateur et qui vont nous permettre de représenter le monde réel sous une forme qui a du sens pour un humain. Mais qui n'a aucun sens pour l'ordinateur, qui reste une machine stupide ! .
Quand j'étais petit, on avait le "Plan informatique pour tous" dans les années 80. On a dépensé des fortunes pour mettre des ordinateurs dans toutes les écoles, et surtout... on n'a pas formé les enseignants. Donc ça n'a pas servi à grand chose. Là ,ce qu'il s'est passé, c'est que quand on a eu à nouveau la même envie, par les politiques, de mettre des ordinateurs partout dans les écoles sans former les enseignants, et pas seulement en France. Certains ont eu envie de montrer ce qui peut être fait en informatique sans les ordinateurs, sans matériel informatique, et en plus avec un coût très faible. Nous nos ateliers il y a des clous, des vis, des petits jetons de couleur et des planches en bois ! Ça permet de montrer de manière simple et peu chère qu'il y a bien plus dans cette discipline, que juste des électrons qui avancent sur un circuit en silicium.
Présentation de quelques jeux d'informatique débranchée:
Le crêpier psychorigide : Des pièces de bois de taille différentes, colorées sur une face, sont mélangées. Le joueur, muni d'une spatule, doit retourner des groupes de pièces, et uniquement les retourner telles des crêpes, afin d'arriver à les trier de la plus petite, en bas, à la plus grande, en haut du tas, la face colorée vers le haut.
Le truc : Commencer par placer la plus grande, et placer les pièces de plus en plus petites au fur et à mesure !
Le facteur : Faites passer le facteur dans toutes les rues, en ne passant qu'une seule fois dans chacune d'entre elles ! Ceci, à l'aide d'un fil et de clous.
Les joueurs de Baseball : Deux billes se trouvent dans chacune des maisons, sauf dans une, la grise, qui n'en contient qu'une. Ceci laisse une place vide, pour pouvoir déplacer les billes, seulement d'une maison vers une des maisons directement voisines. Le but : Avoir les deux billes de la bonne couleur dans la bonne maison !
Rendez-vous à 28 Nuances de Sciences, à l'IMAG sur le campus de l'Université Grenoble Alpes, samedi 14 / 10 ouvert au grand public !